Le Conseil d'orientation des retraites (COR) vient de dévoiler un document explosif, dévoilé par Le Monde, qui pourrait alimenter les débats du budget 2026. En analysant les droits familiaux et conjugaux, ces dispositifs qui modulent la retraite selon la situation maritale et la parentalité, l'institution dessine plusieurs pistes de réforme. Et derrière chaque scénario se profile des gagnants et des perdants.
Le gouvernement avait demandé en 2023 une remise à plat de ces dispositifs fragmentés, jugés inéquitables et décalés par rapport aux évolutions sociales. Le rapport du COR confirme ce diagnostic : entre pensions de réversion aux règles variables selon les régimes, trimestres de maternité distribués de manière très inégale ou majorations réservées à certaines catégories, l'ensemble forme une véritable « horlogerie » de près de 64 milliards d'euros.
Pension de réversion : ces conditions très strictes pour toucher la retraite de l'assuré décédé
Réduire progressivement la réversion pour la réserver aux conjoints survivants les moins aisés
Sur les pensions de réversion, plusieurs options sont explorées. Supprimer la condition de ressources dans les régimes où elle existe bénéficierait à de nombreux conjoints survivants et élargirait fortement le nombre d'ayants droit. Mais la facture grimperait d'environ 30% d'ici 2056.
À l'inverse, restreindre la réversion aux personnes sous un seuil de revenus, autour de 2 000 euros mensuels, ferait nettement baisser les dépenses, mais frapperait de plein fouet les ménages aisés, en particulier dans les régimes de la fonction publique ou dans le complémentaire Agirc-Arrco.
Un autre scénario, plus subtil, maintiendrait le niveau de vie du conjoint survivant grâce à une nouvelle formule intégrant sa propre pension. Résultat : la majorité des bénéficiaires y gagneraient, mais près de la moitié des assurés les mieux dotés seraient exclus du dispositif. Une manière de recentrer la réversion sur un rôle de protection minimale.
Le versant familial n'est pas moins sensible. Harmoniser les trimestres attribués pour maternité et éducation d'enfants créerait un renversement inattendu : les mères fonctionnaires deviendraient gagnantes, tandis que celles du régime général perdraient une part de leurs avantages actuels.
Pire, près de 70% des mères les plus modestes seraient pénalisées. Autre idée testée : une majoration unique de 10% pour tous les parents de trois enfants ou plus, mesure qui profiterait surtout aux indépendants et aux professions libérales.
Enfin, le COR esquisse une transformation beaucoup plus large : réduire progressivement la réversion pour la réserver aux conjoints survivants les moins aisés, tout en renforçant les droits familiaux pour compenser les carrières interrompues par la parentalité. Dans cette configuration, les mères avec un ou deux enfants seraient largement gagnantes. Les hommes, eux, verraient peu d'évolution, leur carrière étant en moyenne moins affectée par la naissance d'un enfant.
Ces pistes ne constituent pas encore un projet de réforme. Mais elles tombent dans un moment politique clé : celui de la préparation du budget 2026, où l'exécutif cherche des marges financières sans déclencher de nouvelle crise sociale. Entre équité, simplification et économies, le débat s'annonce explosif : toucher à la réversion, à la maternité ou aux majorations, c'est toucher au cœur du système de retraite... et à l'équilibre entre les générations.
























