Les réunions hebdomadaires des négociateurs, qui avaient commencé le 27 février, vont reprendre jeudi, avant deux autres réunions les 11 et 12 juin, et une session finale le 17 juin.
Lors de la réunion du 5 juin, l'animateur de la concertation, Jean-Jacques Marette, doit brosser un tableau, thématique par thématique, des positions de chacun des cinq participants, qu'il a reçus seul à seul la semaine dernière. Un compte-rendu oral, qui doit permettre aux participants d'entrevoir s'il existe un chemin ou non pour modifier la très impopulaire réforme de 2023.
Pour l'instant, les patrons du Medef n'ont exprimé aucune ouverture quant aux demandes des syndicats de salariés, qui veulent notamment obtenir des possibilités de partir plus tôt pour les femmes qui ont eu des enfants, ou pour les personnes ayant travaillé dans des conditions pénibles ou usantes.
« Il y aura un accord si le Medef nous fait des propositions et rentre dans la négociation », a indiqué à l'AFP Christelle Thieffinne, la négociatrice de la CFE-CGC. Or pour l'instant, « on sent bien que le Medef ne veut rien » regrette-t-elle.
« Faute du patronat »
« On est capable de trouver des points qui permettent d'avancer, mais il manque toujours un acteur, ce sont les entreprises qui ne veulent pas participer financièrement », estime de son côté Pascale Coton, la négociatrice de la CFTC.
« C'est très peu probable qu'il y ait un accord, et s'il n'y en a pas, ce sera de la faute du patronat », a déclaré la semaine dernière le président de la CFE-CGC, François Hommeril.
« Aujourd'hui, il faut que le patronat fasse un pas », a fait valoir mardi sur France 2 Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT. « De l'intérieur (des discussions) ils nous disent qu'ils veulent aboutir, donc on a 15 jours pour y arriver », a-t-elle ajouté, évoquant une « très, très forte attente sociale ».
Pendant les discussions, les syndicats ont affiché leur volonté de négocier, en acceptant par exemple le principe de parvenir à un équilibre du système des retraites en 2030, alors qu'un déficit de 6,5 milliards d'euros est prévu pour l'instant.
Ils ont laissé entendre qu'ils n'excluaient pas a priori des mesures de contribution les retraités les plus aisés, ou bien l'introduction, soigneusement contrôlée, d'une dose de capitalisation.
Discusssions « enterrées »
Mais côté patronal, le Medef s'est surtout employé à barrer le chemin à toute augmentation des cotisations sociales patronales ou salariales.
L'autre organisation patronale présente dans la discussion, les petites et moyennes entreprises de la CPME, s'est montrée un peu plus accommodante avec les syndicats, en montrant des signes d'ouverture à une discussion sur la pénibilité et l'usure.
Le Premier ministre François Bayrou, à la recherche en janvier d'un accord de non-censure avec le PS, avait suscité beaucoup d'espoir auprès des syndicats en proposant un « conclave » sur les retraites.
L'occasion semblait leur être donnée, pour la première fois en plus de deux ans, de renégocier la décriée réforme des retraites qui a porté l'âge de départ de 62 à 64 ans en 2023.
Mais après avoir mis en route le « conclave » avec un mot d'ordre de discussions « sans totem ni tabou », le Premier ministre avait successivement imposé l'objectif d'un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans, provoquant la colère de FO et de la CGT.
Dénonçant une « mascarade » (FO) ou des discussions « enterrées » d'avance par le gouvernement et le patronat (CGT), les deux syndicats ont claqué la porte au début des discussions, tout comme l'U2P.
Cette union d'artisans, à l'inverse des syndicats, estime qu'il ne faut surtout pas revenir sur la réforme de 2023, mais qu'il faudrait repousser encore plus loin l'âge légal, sauf pour les travaux pénibles.