L'essentiel
- François Bayrou appelle à rétablir l'équilibre financier du système de retraites en vue de 2030, face à un déficit prévu de 6,6 milliards d'euros en 2025.
- Les discussions sur la réforme se dérouleront entre syndicats et organisations patronales, avec divergences prévues, notamment sur l'âge de départ à la retraite et la parité salariale.
- Si un accord est trouvé, il sera présenté au Parlement pour modifier la réforme impopulaire de 2023, avec un suivi régulier de l'avancée des travaux par les parlementaires.
Après avoir initialement demandé aux négociateurs de ne pas « dégrader » cet équilibre, François Bayrou a envoyé mercredi soir aux dirigeants des organisations patronales et syndicales une lettre leur demandant de « rétablir l'équilibre financier de notre système de retraites à un horizon proche » avec un « objectif à l'année 2030 ».
La Cour des comptes a évalué la semaine dernière, dans un rapport qui doit servir de base aux discussions, que le déficit du système de retraites devrait atteindre 6,6 milliards d'euros en 2025, et se « stabiliser » jusqu'en 2030 avant de se creuser davantage.
L'obligation de trouver des économies supplémentaires ne va pas faciliter la tâche de la « délégation paritaire permanente », qui se réunira à partir de 14H00 dans des locaux des services du Premier ministre.
Cette première séance - à laquelle les numéro un des syndicats ne devraient pas participer - démarrera par un « retour » sur le rapport de la Cour des comptes, à laquelle la CGT a notamment demandé de chiffrer le coût d'un retour de l'âge de départ à 62 ans.
Selon un courrier adressé aux participants par l'animateur des débats Jean-Jacques Marette, les négociateurs devront ensuite établir leur « programme de travail » pour les trois mois à venir.
Dans la salle du Conseil d'orientation des retraites siègeront les cinq syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC) et les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P)représentatifs au niveau interprofessionnel, mais aussi la FNSEA (agriculture) et le syndicat Unsa.
Une configuration critiquée notamment par FO qui ne voit pas pourquoi l'Unsa et la FNSEA ont été conviés et non Solidaires, la FSU (fonction publique) ou l'Udes (employeurs de l'économie sociale et solidaire).
- Contrat de génération -
Premier syndicat, la CFDT est « motivée pour agir dans le cadre d'un rendez-vous qui est une vraie opportunité », a expliqué à l'AFP le numéro deux de la centrale réformiste Yvan Ricordeau.
La CFDT espère pouvoir « répondre aux principales attentes » des salariés, notamment « la prise en compte de la pénibilité et le renforcement du droit des femmes », a-t-il précisé.
Yvan Ricordeau souligne aussi la nécessité de « trouver une voie de passage avec un équilibre financier », car le système « par répartition fonctionne parce que les générations futures ont l'assurance que le contrat fonctionne avec elles ».
Côté patronal, on estime que le report de l'âge de départ est une condition sine qua non pour la viabilité du système.
« A ce jour, les experts du Medef et les économistes n'ont pas trouvé de meilleure solution que celle du report de la borne d'âge », a déclaré le président du Medef Patrick Martin au Journal du Dimanche.
La Confédération des PME vise un « équilibre de long terme » et propose « l'équité intergénérationnelle » qui consiste à « mettre dans l'équation la question de l'espérance de vie et de son évolution », a expliqué à l'AFP son vice-président en charge des affaires sociales, Eric Chevée.
La CPME propose aussi « une égalisation des taux de CSG » entre actifs et retraités (hors petites pensions) et la création d'un « étage complémentaire de capitalisation collective ».
« Le patronat mène une campagne de pub extrêmement puissante sur la retraite par capitalisation », estime pour sa part le négociateur de la CGT Denis Gravouil.
Les propositions financières du patronat devraient diverger fortement de celles présentées par les syndicats.
La CGT veut ainsi équilibrer le système en augmentant les salaires des femmes afin qu'elles gagnent réellement autant que les hommes, en supprimant les exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires et en soumettant aux cotisations l'intéressement et la participation.
Enfin, FO affiche son scepticisme sur les chances de succès de la concertation. « Sur les retraites, franchement, s'il n'y a pas d'abrogation, je ne vois pas comment on peut commencer à discuter », s'interroge son négociateur Michel Beaugas.
François Bayrou a indiqué dans son courrier que les parlementaires seraient informés de l'avancée des travaux « à échéances régulières ». Il avait assuré mi-janvier que si les partenaires sociaux parviennent à un accord, le texte sera soumis au Parlement pour amender la très impopulaire réforme de 2023.