MAJ février 2022 :
On a adoré le Quantitative Easing, on va détester le Quantitative Tightening!
QUANTITATIVE TIGHTENING :
- Le Quantitative Tightening (ou durcissement quantitatif) est une politique monétaire restrictive appliquée par une banque centrale pour réduire la quantité de liquidités au sein de l'économie. C’est l'inverse de l'assouplissement quantitatif (QE), visant à augmenter la masse monétaire afin de stimuler l'économie.
L'incertitude qui entoure le calendrier des hausses des taux d'intérêt aux États-Unis ainsi que les tensions en Ukraine rendent les marchés fébriles..... C'est le moins que l'on puisse dire.
La Fed a confirmé que ses achats d'actifs prendront fin au début du mois de mars et a indiqué qu'un relèvement des taux d'intérêt aurait lieu selon toute probabilité lors de la réunion de mars. Une réduction significative de la taille de son bilan (
Quantitative Tightening) devrait également commencer assez rapidement.
Powell a insisté sur le fait que les risques d'inflation sont "à la hausse".
C'est un revirement d'opinion à 180° pour quelqu'un qui disait depuis l'été 2021 que l'inflation était transitoire. Une erreur de jugement qui risque de coûter très cher.
Les marchés n'ont pas aimé, mais pas aimé du tout.
Une rotation sectorielle d'une force encore jamais vue, dixit les professionnels des marchés, a fait plonger les valeurs de croissance au profit de la value.
Il faut dire que chaque mot du discours de Powell est analysé et interprété par les stratégistes.
Selon ses propos, le marché du travail est "
très, très fort, et l'économie américaine tourne à plein régime".
Ce qui, en langage analyste financier, se traduit par "le rythme du resserrement pourrait être supérieur à 25 points de base par trimestre".
Les maisons d'analyses n'ont pas tardé à sortir leurs prévisions : Nomura table sur une 1ère hausse de 50 points de base en mars, quand la BNP Paribas table maintenant sur 6 hausses en 2022 (le consensus précédent tablait sur 3 à 4 hausses en 2022).
En outre, les tensions entre la Russie et les pays occidentaux à propos de l’Ukraine viennent accroître la nervosité des investisseurs et alimentent la hausse des prix de l’énergie (la Russie est le premier exportateur mondial de gaz et le quatrième exportateur de pétrole).
Le resserrement monétaire à venir se répercute sur les valorisations des marchés actions.
Une conséquence qui affecte en priorité les valeurs les plus chères et profite aux titres Value et aux valeurs bancaires.
Depuis l'annonce en fin d'année dernière d'un resserrement monétaire imminent de la Banque Centrale américaine, une rotation sectorielle puissante est à l’œuvre sur les marchés actions US et européens au bénéfice du segment "value" de la cote.
Si le Nasdaq perd 13,6% depuis le 1er janvier, l'écart entre "Growth" (en mauve) et "Value" (en rouge) est tout aussi important des 2 côtés de l'Atlantique :
Ce changement de paradigme avait été abordé dans mon précédent CR de fin décembre 2021.
Ce que je n'avais pas prévu, c'est la rapidité et la violence de la rotation qui s'est engagée dès le début janvier.
Pensant avoir au moins 1 à 2 trimestres pour faire des ajustements dans mon portefeuille qui est quasi full croissance, j'ai pris de plein fouet la baisse des valeurs de croissance.
Résultat : -8% depuis le 1er janvier = -26K€ sur le portefeuille.
Je paye cash l'orientation presque exclusive vers les valeurs de croissance.
Ma consolation : J'ai profité de cette orientation "growth" depuis de nombreuses années...
Et... On fait quoi maintenant?
Selon les estimations faites pour l'année 2022, l'indice MSCI Europe Value affiche un PER de 10,7x, en dessous de sa moyenne LT, alors que le PER de l'indice MSCI Europe Growth, même après la baisse enregistrée depuis le début d'année, est attendu à 23,0x et se situe très au dessus de sa moyenne historique LT.
Dans l’environnement actuel de hausse des taux,
privilégier la value et les actions cycliques semble être un choix pertinent.
Ces valeurs sous-évaluées se caractérisent généralement par un rendement (dividende/cours) plus élevé que la moyenne. C’est notamment le cas des valeurs financières, industrielles, énergétiques ou liées au tourisme et au transport.
Je table sur une poursuite du rattrapage de la value sur la croissance.
Le secteur bancaire et assurantiel, reposant sur les marges de crédit et l’investissement, est structurellement plus profitable dans un contexte de taux élevés. La dynamique sur les taux est positive pour les marges de crédit.
Les banques qui sont le plus à même de produire des crédits (conso, immo) devraient être celles qui performeront le plus avec la hausse des taux.
Quelques exemples :
- Les activités de banque commerciale du groupe Banco Sabadell génèrent 71.9% du chiffre d’affaires.
Une hausse de 100 points de base (1%) des taux provoquerait une hausse de 100% des bénéfices de Sabadell.
Pour l'ensemble du secteur bancaire européen, la hausse est estimée, dans ce cas de figure, à 25%.
- BNP Paribas a aussi une importante activité dans la banque de détail. Cette partie génère à elle-seule près de 60.2% du chiffre d’affaires de la BNP.
- Les activités de banque commerciale du groupe Unicredit représentent 54.7% de son chiffre d’affaires.
- Les titres des assureurs ont pris du retard par rapport aux bancaires... Un rattrapage supplémentaire est probablement à prévoir sur ce secteur.
A l'opposé, la hausse des taux pénalise les entreprises de croissance à cause de leur endettement.
J'ai commencé dès le début janvier à repositionner le portefeuille dans cette optique de rattrapage de la value.
Lignes soldées :
J'ai vendu les titres dont les PER étaient les plus élevés :
Esker et Dassault Systèmes, avec une PV de 3100 + 1000 = 4100€
Lignes fortement réduites :
Teleperformance passe de 8 à 2 actions pour 1000€ de PV
Alfen temporise depuis un moment, quand, dans le même temps
Compleo Charging (même secteur d'activité) s'effondre en bourse.
J'avais vendu Compleo avec une belle PV, un coup de chance, avant sa forte baisse (cours divisés par 3) ... Je préfère réduire fortement Alfen.
Par rapport aux 125 actions détenues début 2021, j'ai vendu 110 actions, pour une PV de 4500€.
Eurofins : Vente de 18 actions sur 28 détenues pour une PV de 800€
Lignes réduites :
Vente de 16 actions
Sartorius (sur 38) pour 2000€ de PV
ASML Holding : vente de 4 actions sur 9 détenues fin 2021. Modeste PV de 250€.
Hermès : Vente de 3 actions (sur 17 détenues) pour une PV de 1500€
Ligne réduite, et qui va être soldée :
SEB SICAV 2 Nordic Small Cap qui est un OPCVM investi sur les petites valeurs nordiques.
Ce fonds a une coloration Growth très marquée et est relativement bien corrélé au Nasdaq (voir comparatif ci-dessous, Nasdaq en bleu).
Après une hausse de 50% en 18 mois, j'avais réduit de moitié la ligne.
L'OPCVM est en recul de 17% depuis le 1er janvier. Je vais solder la ligne pour réduire l'exposition aux valeurs de croissance.
Les lignes sur les valeurs tech US ont aussi été largement réduites :
Microsoft : 17 titres sur 27 ont été vendus.
NVidia : 8 titres vendus sur 12 détenus
Intuitive Surgical : 5 titres vendus sur 15
Les liquidités dégagées sont reportées sur des titres value, principalement des bancaires :
- BNP
- Berkshire Hathaway (BRK.B)
- Swiss Life Holding
- Wells Fargo
- TotalEnergies
- Société Générale
- Eramet
- ENI S.P.A
-
L'ETF BNKE va venir compléter le poste des valeurs financières.