Les marchés : Le paradoxe de Wall Street

On attaque la semaine avec une petite baisse de 0,31% du CAC 40, à 7 798 points. Wall Street évolue pour l'heure dans le vert. À l'approche du 1er août, l'Union européenne fait face à une pression croissante. Les États-Unis prévoient d'imposer des droits de douane de 30% sur certaines importations européennes. Selon le Financial Times, l'administration Trump envisagerait même des taxes allant de 15% à 20%, y compris en cas d'accord commercial. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que Washington privilégiait la qualité des accords à leur rapidité. Cette stratégie vise à pousser les partenaires commerciaux à accepter des conditions plus avantageuses, en jouant sur la menace imminente de sanctions douanières.

Malgré les tensions commerciales et les incertitudes politiques aux États-Unis, les entreprises américaines les plus exposées à l'international surperforment Wall Street cette année. D'après une analyse de Goldman Sachs, les 50 sociétés du S&P 500 générant la majorité de leurs revenus hors des États-Unis, comme Meta, Netflix ou Philip Morris, enregistrent une performance moyenne de +10,8% en 2025, contre +7,2% pour l'indice global, et seulement +3,6% pour les groupes centrés sur le marché américain.

Ce paradoxe s'explique avant tout par la faiblesse du dollar, en fort recul depuis janvier. Ce repli soutient les exportations et booste les revenus à l'étranger une fois rapatriés. En parallèle, les menaces douanières de Donald Trump inquiètent davantage les sociétés importatrices qu'exportatrices. Résultat, les investisseurs délaissent les valeurs domestiques au profit des multinationales, mieux armées pour tirer parti d'un environnement international incertain mais porteur.

Les valeurs : Stellantis, Covivio et TF1

Stellantis. Stellantis clôture la séance en tête du CAC et ce n'est pas intuitif ! Le titre gagne 1,6% ce soir, à 8,04 euros. Le constructeur auto a dévoilé des résultats préliminaires dégradés au titre du premier semestre, dont une perte nette de 2,3 milliards d'euros, contre un bénéfice de 5,65 milliards un an plus tôt. En cause, des coûts de production en hausse, des charges exceptionnelles (restructurations, normes CO2, dépréciations de programmes) et les premiers impacts des tarifs douaniers américains. Le cash-flow industriel ressort négatif à -3 milliards d'euros, tandis que les volumes mondiaux livrés ont reculé de 6% au deuxième trimestre, avec une chute de 25% en Amérique du Nord.

Le marché encaisse sans paniquer. Stellantis avait déjà suspendu ses objectifs annuels en avril, anticipant une année 2025 compliquée. La réaction reste mesurée ce lundi, car la déception était largement intégrée. Le groupe mise désormais sur un second semestre plus favorable, porté par de nouveaux modèles en Europe et chez Jeep, afin de redresser ses marges, restaurer ses volumes et renouer avec une trésorerie assainie. Mais le chemin reste semé d'embûches. Depuis ses sommets de mars 2024, l'action a perdu plus de 70%, illustrant la défiance persistante des investisseurs (-36% en 2025).

Covivio. La foncière Covivio signe une belle performance ce soir en Bourse, en hausse de 3,86% à 53,75 euros, après avoir relevé sa prévision de résultat net récurrent pour 2025. Le groupe vise désormais 515 millions d'euros, contre 495 millions auparavant, soit +8% par rapport à 2024. Une révision portée par un premier semestre bien orienté. Le résultat net récurrent grimpe de 14% sur un an, à 263,2 millions d'euros, avec une croissance des revenus de 4,9%.

Covivio bénéficie d'une dynamique équilibrée sur l'ensemble de ses segments (bureaux, résidentiel, hôtellerie), sans hausse du taux de vacance, et continue de tirer parti des hausses de loyers, notamment en Allemagne. Le groupe conserve une bonne maîtrise de ses charges financières, et anticipe une amélioration progressive de son levier financier. Malgré un contexte macroéconomique incertain et une visibilité limitée sur le segment bureaux, Covivio entend accélérer la rotation de son portefeuille, tout en maintenant sa stratégie d'optimisation patrimoniale. Depuis le début de l'année, le titre progresse de 10%.

TF1. Plus forte baisse du SBF 120 ce lundi, TF1 cède 6,65% à 8,14 euros, pénalisée par un abaissement de recommandation de Kepler Cheuvreux, qui passe de « acheter » à « conserver » avec un objectif de cours ajusté de 10 à 9,50 euros. Une décision jugée prudente alors que le titre, en nette progression ces derniers mois (+20% avant la séance), affiche encore un gain de 10% depuis le début de l'année (hors dividende, particulièrement généreux). Le groupe audiovisuel publiera ses résultats semestriels le 29 juillet. En avril, il avait confirmé ses objectifs pour 2025, notamment une croissance élevée de son chiffre d'affaires digital et une politique de dividendes en hausse.

La recommandation du jour : l'or et le taux de change

Mardi dernier, nous vous parlions des solutions couvertes contre le risque de change. Avec la forte baisse du dollar américain depuis le début de l'année, c'est un sujet crucial pour les investisseurs européens exposés aux actifs libellés en dollars. On pense bien sûr aux actions américaines, mais trop rarement à l'or ! Libellée en dollar, sa valeur a progressé de 29% depuis le début de l'année. Et de « seulement » 16% en euros. Le sujet vous a beaucoup plu, nous avons reçu de nombreuses demandes depuis la publication de notre article spécial : Quand Trump efface vos gains : le piège du risque de change.

Dans ce contenu en libre accès, nous revenons sur plusieurs solutions d'investissement couvertes contre le risque de change sur les actions, les dividendes, les obligations et... l'or ! L'ETF Xtrackers Physical Gold permet d'investir sur les variations de l'or. C'est ce que l'on appelle “l'or papier”. Il est couvert contre le risque de change et affiche une performance de plus de 25%* depuis le début de l'année.

L'agenda du lundi : le gril des résultats

La saison des résultats va s'accélérer cette semaine. De nombreux mastodontes vont dévoiler leurs données du premier semestre, dont Alphabet (Google), Tesla, LVMH, Total, BNP, STMicroelectronics, Thales et Dassault Aviation. Le calendrier économique sera relégué au second plan, d'autant que la BCE ne devrait pas baisser ses taux lors de sa réunion de jeudi. On attend toutefois une batterie de nouveaux indices d'activité économique PMI et bien sûr... les dernières actus de la guerre commerciale !

Demain à la Une : Dassault et SAP

Les résultats de Dassault Aviation et de SAP sont attendus de pied ferme ce mardi, par les investisseurs européens. Il faudra patienter jusqu'à mercredi soir pour découvrir les résultats d'Alphabet, Tesla et d'IBM. D'un point de vue technique, les acheteurs sur le CAC 40 devraient viser dans les prochaines séances les 7 865 et 7 925 points. Et les vendeurs, les 7 725 et 7 660 points. Les actus commerciales et les résultats d'entreprises seront déterminants à court terme. On en reparle vite !

Le lexique : le risque de change

Le risque de change est le risque de perte lié aux fluctuations des taux de change entre devises. Il concerne les entreprises, investisseurs professionnels ou particuliers qui effectuent des opérations financières ou commerciales en devises étrangères. Une variation défavorable du taux de change peut réduire la valeur d'un actif ou augmenter le coût d'une dette libellée dans une autre monnaie.