L'ancien ministre de l'Economie s'exprime dès 08h00 devant la commission des Finances de la chambre haute, qui lance ainsi une série d'auditions dans le cadre d'une mission « flash » d'information sur la dérive des finances publiques.

L'ex-ministre des Comptes publics Thomas Cazenave suivra dans l'après-midi, avant l'ancien Premier ministre Gabriel Attal vendredi à 9h00 et sa prédécesseure Elisabeth Borne le 15 novembre. Tous tenteront d'expliquer l'explosion du déficit public, qui atteindra 6,1% du PIB en 2024 selon le nouveau gouvernement, contre les 4,4% initialement prévus dans le budget de l'Etat, réévalués à 5,1% en avril.

« Il est normal d'essayer de comprendre ce qu'il s'est passé, les responsabilités de chacun. Il faut que chacun assume et dise comment la situation a été vécue » au sein du gouvernement, explique le rapporteur général du budget Jean-François Husson (Les Républicains), qui pilote cette mission aux côtés du président de la commission des Finances Claude Raynal (Parti socialiste).

Alors que la majorité sénatoriale, une alliance LR-centristes, a basculé dans le « socle commun » soutenant le gouvernement Barnier, il est « nécessaire de purger l'abcès » avant l'examen du budget 2025 dans les prochains jours au Palais du Luxembourg, reprend M. Husson.

Le sénateur de Meurthe-et-Moselle regrette « de vraies erreurs de navigation » de la part de l'ancien exécutif et « une espèce d'enfermement dans la certitude d'avoir raison malgré les chiffres », quand son collègue Claude Raynal s'inquiète de longue date d'une « opacité de la communication budgétaire ».

- « Rien n'a été caché » -

Les deux parlementaires, qui ont déjà mené au printemps un premier volet d'enquête, estiment en effet que le gouvernement disposait très tôt de notes internes du Trésor qui pressentaient un dérapage plus net que prévu, et qu'il a tardé à en tenir compte.

« J'ai toujours fait preuve, depuis sept ans que je suis ministre de l'Economie des Finances, de sincérité, d'honnêteté et de sens de la vérité », s'était défendu Bruno Le Maire à l'époque devant le Sénat.

Ces dernières semaines, après avoir quitté ses fonctions politiques, il avait promis de répondre « en toute transparence » aux questions des parlementaires, après avoir assuré à France 2 que « la vérité apparaîtra plus tard ».

« Il assume toute ses responsabilités. Devant le torrent de mensonges qui le touche, il s'emploiera à rétablir les faits. On peut vouloir les déformer mais rien n'a été caché », insiste auprès de l'AFP l'entourage de l'ex-ministre.

Un autre parlementaire proche de « BLM » assure lui aussi d'une prise de conscience de l'accélération du déficit, rappelant que Bercy avait réagi « en annulant 10 milliards d'euros de crédits en février et en proposant un projet de loi de finances rectificative au printemps », échouant à convaincre au sein de l'exécutif sur ce dernier point.

Début octobre, c'est Gabriel Attal qui avait affuté ses arguments, en affirmant avoir préparé un budget 2025 intégrant « quinze milliards d'économies » avant de laisser la main à Michel Barnier. « En huit mois nous avons identifié ou réalisé 40 milliards d'euros d'économies », avait-il plaidé.

Ces auditions au Sénat préfigurent un autre rendez-vous crucial devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, qui s'est elle dotée pour six mois des pouvoirs élargis de commission d'enquête pour se pencher sur le même dossier.

Trois députés piloteront ces travaux : un président (Eric Coquerel, LFI) et deux rapporteurs, Eric Ciotti (UDR) côté oppositions et Mathieu Lefèvre (EPR) pour la majorité relative.