Posséder sa résidence principale reste, pour des millions de Français, un idéal solidement ancré. L'immobilier continue à faire figure de valeur refuge, perçu comme un rempart contre les incertitudes économiques. Pour toutes les générations, acquérir un toit — souvent une maison — n'est pas qu'un objectif patrimonial mais également une quête de sécurité et de stabilité.
Mais face à des prix toujours plus élevés dans les grandes agglomérations, ce rêve se heurte souvent à une dure réalité. En moyenne, les logements en France se vendent 3 078 euros le mètre carré, selon l'indice SeLoger – MeilleursAgents – Les Échos du 1er mai 2025. Un montant encore raisonnable au niveau national... sauf lorsqu'il s'agit de programmes neufs, qui frôlent désormais les 5 000 euros/m². À Paris, l'addition reste salée : 9 468 euros/m² en moyenne, malgré une baisse de 11% en cinq ans.
En Île-de-France, le neuf atteint 5 685 euros/m², selon la Fédération des promoteurs immobiliers. À Bordeaux ou Lyon, on tourne autour de 4 450 euros, et à Nice, les 5 102 euros/m² sont la norme. Seule Marseille affiche un tarif « accessible » sous les 4 000 euros, à 3 693 euros/m².
Devenir propriétaire, un parcours du combattant pour les primo-accédants ?
Si les taux des crédits ont reculé — 3,07% en avril 2025 selon l'Observatoire Crédit Logement-CSA, contre 4,20% fin 2023 — et que les revenus bénéficient du recul de l'inflation, cela reste insuffisant pour nombre de primo-accédants. Beaucoup peinent à acheter, même de petites surfaces. « Là où les prix d'entrée immobiliers sont élevés, le paiement de la mensualité de crédit sera considérable, observe Florian Dumont, responsable de l'offre immobilière et animation commerciale de l'UFF, dans un article des Échos. L'obtention du prêt nécessite alors un apport personnel substantiel, ce qui sous-tend en général une donation familiale ou un héritage, et des revenus solides, le tout permettant de s'endetter de façon importante sur 20 à 25 ans. »
Certaines stratégies émergent : rester locataire dans une ville chère, mais investir ailleurs ; ou viser les couronnes périurbaines bien desservies. Ces marchés de report offrent parfois des opportunités pour les jeunes ménages aux moyens plus limités.
Reste que l'achat présente un atout de taille : le crédit immobilier contraint à épargner, mois après mois. « Acheter sa résidence principale à crédit, même si les prix immobiliers sont élevés, permet de bâtir de façon efficace un patrimoine tangible à long terme et de se protéger de l'inflation. Alors qu'en restant locataire, ce dernier subit la hausse des loyers », rappelle Florian Dumont.
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Encore faut-il pouvoir assumer les frais induits : droits de mutation, taxe foncière, travaux de rénovation énergétique. Et avoir la stabilité suffisante pour ne pas déménager au bout de deux ans. Car, en matière de logement, ce n'est pas seulement une question de taux ou de prix : la durée de détention d'un bien a également un impact significatif entre un projet serein et une mauvaise affaire financière.