Jurisprudence
Contributeur régulier
Aristide a dit:Au moment de la parution du décret N°2002-927 du 10 juin 2002 désormais repris à l'article R.313-1 du code de la consommation j'avais eu a participer à des travaux "multi banques" et il était clair que ce texte ne visait que le seul TAEG des crédits à la consommation.
C'est la jurisprudence de par son pouvoir dit régalien qui et/ou sa procédure "contra legem" qui l'a étendu aux crédits immobiliers.
A ce sujet, sur ce forum, j'avais d'ailleurs posé la question de savoir quelles sont les lois applicables en France, celles issues des votes du parlement ou bien "celles" imposées par les magistrats ????
Je n'ai pas eu de réponse claire.
Cdt
Re Bonjour Aristide,
Sur l'échange que j'évoquais dans mon post précédent, entre vous et un éminent avocat de droit bancaire, il a été très intéressant de voir que l'avocat en question tombait des nus en constatant avec stupeur que le législateur, à force d'empiler des briques et foison de textes, "s'était peut-être pris les pieds dans le tapis", et avait dû vraisemblablement oublier quelque chose.
Mais il ressortait de sa découverte en temps réel au moment où vous discutiez, qu'effectivement la fameuse Annexe ne s'appliquait pas aux crédits immobiliers.
Mais tout le monde "fait l'autruche" et refuse de voir la réalité en face, parce que les juges ne vont pas au fond des choses, reprennent les conclusions des avocats des banques, sans se plonger comme ils le devraient dans les textes.
Ça m'a pris deux jours à plein temps pour tout analyser depuis le le Décret n°85-944 du 4 septembre 1985, fondateur des modalités mathématiques détaillées du TEG, pour ce dernier applicable aux prêts immobiliers, en passant par moultes Directives européennes, Lois et Décrets français, pour en tirer l'analyse que je fais sur ce Forum, et dont je fais profiter les internautes avec plaisir.
Donc, pour tenter de vous répondre, non, je ne pense pas qu'il y ait une jurisprudence qui se soit installée sur l'utilisation erronée de l'Annexe pour les crédits immobiliers (la preuve, l'analyse très récente du Tribunal de Grande Instance de Paris, le 2 mai 2017, concernant l'application de l’annexe de l’article R.313-1 / 9ème Chambre – 2ème section, 2 mai 2017, n° 15/09556, que je cite ci-dessus).
Il y a juste un je ne sais quoi de laisser-aller de nos Juges, ce qui est inadmissible. Mais si un Avocat d'emprunteur reprenait toute la genèse des textes comme je l'ai fait, le Tribunal (ou la Cour) ne pourrait pas faire autrement que de constater et dire que la banque n'a pas à utiliser le mois normalisé pour prétendre avoir bien calculé les intérêts. Il ou elle ne pourrait pas aller contre des textes fondateurs, au risque d'encourir la cassation, et dans leur décision, il (ou elle) ne pourrait pas s'appuyer sur une jurisprudence qui n'en est pas vraiment une pour l'instant, à mon sens. Il faudrait que la Cour de cassation tranche un jour ce problème.
Donc pas de jurisprudence installée, seulement des avocats qui n'ont pas assez poussé leur travail et des juges qui ont eu la faiblesse d'écouter les arguments d'avocats de banque sans creuser plus avant.
Il en est de même pour la "fameuse" précision à une décimale du TEG (c'est l'alinéa d des remarques de l'Annexe, qui effectivement peut, par contre, concerner les crédits immobiliers). Là aussi, il y a une très mauvaise lecture de cette Annexe et de cet alinéa d. Elle n'est pas interprétée comme elle le devrait, y compris par la Cour de cassation (dont une publication au Bulletin).
C'est en ce sens qu'un brave Tribunal de province a osé, il y a quelques mois, saisir la Cour de Justice européenne pour que la question soit définitivement tranchée. En effet, ou le TEG est exact, ou il ne l'est pas, il ne peut pas y avoir de demi-mesure.
Du reste, cette question a fait l'objet d'articles publiés par d'éminents analystes financiers (JL Couderc par exemple) qui se sont émus de cette question.
Je pense qu'à un moment ou à un autre, la Cour européenne sera amenée à donner sa position, car il est scandaleux qu'on puisse admettre une erreur de TEG de 0,09999 % (donc juste en-dessous de la fameuse décimale) sur un prêt, laquelle pourrait générer des dizaine de milliers d'euros de manque à gagner pour un emprunteur sur un gros crédits immobilier souscrit sur une longue période.
Mais là est un autre débat

Bien à vous.
Chercheur de Jurisprudences