Faut-il, en cas d'entrée d'argent importante, comme un héritage par exemple, rembourser son crédit immobilier de manière anticipée ou bien placer son argent sur un produit d'épargne ? Pour Maël Bernier, directrice de la communication du courtier Meilleurtaux, la réponse est (presque) sans appel : « On ne rembourse pas son crédit par anticipation. Quelqu'un qui hérite d'une somme importante fera toujours mieux de placer son argent plutôt que de rembourser son crédit par anticipation. »

Néanmoins, une catégorie d'emprunteur pourrait avoir intérêt à retourner voir son banquier : « Si l'emprunteur a signé son crédit au-dessus des 4%, et qu'il hérite aujourd'hui d'une certaine somme, disons 100 000 euros il faut aller voir son conseiller pour renégocier son taux de crédit. C'est la seule exception », tempère Maël Bernier.

Des intérêts souvent payés en début de prêt

Un avis que partage Cécile Roquelaure, directrice de la communication et porte-parole du courtier Empruntis, tout en amenant une nuance : « Si vous avez un crédit à 2%, que vous n'avez pas de problème de budget, mieux vaut placer votre rentrée d'argent. En revanche, si le crédit en cours vous embête pour un nouveau projet, il peut être intéressant d'en rembourser une partie par anticipation. » En effet, cela peut permettre de faire baisser la durée ou la mensualité de l'emprunt, et donc de se donner une marge financière nécessaire pour un nouvel emprunt, par exemple dans le cadre d'un investissement locatif.

Tout dépend également du montant restant dû, mais surtout de la durée restante de votre emprunt. « Il n'y a aucun intérêt à rembourser son crédit par anticipation, car les taux pratiqués ces dernières années étaient très intéressants, juge de son côté Stéphane van Huffel, conseiller en gestion de patrimoine et co-fondateur de Net Investissement. De plus, sur les prêts, les intérêts sont surtout payés sur les premières années. À partir d'une certaine durée, notamment dans le dernier tiers du crédit, chaque mensualité est en fait du capital que rembourse l'emprunteur, il n'y a presque plus d'intérêts, le coût du crédit a déjà été absorbé. »

Cependant, il ne coûte rien, au moment de signer un nouveau crédit immobilier, de faire attention à certaines clauses qu'il peut être bon de négocier avec son conseiller bancaire. Si le rachat du crédit par la concurrence fait toujours l'objet de frais, d'autres situations peuvent amener à un remboursement à moindres frais.

Remboursement anticipé : ce que vous pouvez essayer de négocier

Au moment de signer son crédit immobilier et quand vient la question du remboursement anticipé, la première possibilité de négociation porte sur les indemnités de remboursement anticipé (IRA). S'il est difficile d'obtenir la suppression totale des IRA, notamment en cas de rachat du crédit par la concurrence, vous pouvez cependant négocier la durée d'application. Certains établissements bancaires acceptent par exemple de n'appliquer des IRA que sur les 7 premières années du crédit.

Si vous ne parvenez pas à négocier ces indemnités de remboursement anticipé, le Code de la consommation donne toutefois deux limites à ce que peuvent faire les banques. Le montant des indemnités ne doit donc pas dépasser « un semestre d'intérêt sur le capital remboursé au taux moyen du prêt » ni « 3% du capital restant dû avant le remboursement ».

L'autre négociation possible porte sur le montant du remboursement anticipé. Certains établissements interdisent ainsi les remboursements « égaux ou inférieurs à 10% du montant initial du prêt, sauf s'il s'agit de son solde. » Soit 20 000 euros pour un prêt de 200 000 euros par exemple. Vous pouvez toutefois tenter d'abaisser ce seuil pour le porter à un équivalent de 2 ou 3 mensualités par exemple. Mais cela doit bien être inscrit dans votre contrat.

Enfin, si votre crédit comporte plusieurs lignes, vous pouvez demander un remboursement anticipé sur la ligne de crédit au taux le plus élevé.

« De façon générale, mieux vaut essayer de négocier les clauses de remboursement anticipé, confirme Cécile Roquelaure. Les banques sont assez souples quand il ne s'agit pas d'un rachat de crédit par la concurrence. Dans ce deuxième cas, en revanche, il y a forcément des pénalités. »