L'essentiel

  • Les taux immobiliers stagnent depuis mars, mais une hausse est redoutée.
  • La situation politique et économique de la France pourrait avoir un impact en cas de chute du gouvernement et de dégradation de la note de la dette française.
  • Malgré la possible hausse des taux immobiliers, certains emprunteurs devraient pouvoir obtenir des taux avantageux grâce à la concurrence interbancaire et aux décotes de taux pour certains profils.

Incertitude pour les taux immobiliers. Depuis le mois de mars, ils font du surplace, selon les derniers chiffres du rapport de l'Observatoire Crédit Logement publié la semaine dernière.

En août, le taux moyen était ainsi de 3,08%, contre 3,07% en juillet. Plus précisément, le taux moyen accordé par les établissements financiers sur 15 ans était de 3,01%, de 3,08% sur 20 ans et de 3,16% sur 25 ans.

Mais la rentrée est placée « sous le signe de la remontée des taux », constate le courtier Pretto dans sa dernière note. Certaines banques ont même augmenté leurs taux de crédit, de 0,05 à 0,10% en moyenne, avance Vousfinancer.

« Dans un contexte d'instabilité politique et de remontée des taux d'emprunt d'Etat (dont l'évolution détermine en partie celle des taux immobiliers fixés par les banques ndlr) indicateur, les taux de crédit semblent bel et bien avoir atteint un plancher et d'autres remontées ne sont pas à exclure dans les prochaines semaines », anticipe d'ailleurs le courtier.

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« En cas de chute du gouvernement ou d'instabilité politique durable, la tension sur les taux pourrait s'accentuer »

« Suite à l'annonce du vote de confiance le 8 septembre, le taux des emprunts de l'Etat français à 10 ans a dépassé les 3,5% fin août et début septembre, pour atteindre un niveau proche des taux d'emprunt d'Etat d'Italie (3,6%). En cas de chute du gouvernement ou d'instabilité politique durable, la tension sur les taux pourrait s'accentuer, voire provoquer des réévaluations négatives par les agences », analyse Vousfinancer dans une note publiée avant la vote de défiance à l'égard du gouvernement Bayrou ce lundi.

Une dégradation de la dette française redoutée

En effet, l'agence Fitch doit rendre sa note sur la dette française ce vendredi. Selon Éric Dor, directeur des études économiques à l'école de commerce IESEG, « une dégradation de la note de la France par l'agence serait logique » au regard de la situation budgétaire. Même s'il n'écarte pas que Fitch accorde un nouveau sursis à la dette de la France.

A cette échéance, s'ajoute « les tensions sociales annoncées le 10 et le 18 septembre pourraient également être source de tensions sur les marchés », liste Vousfinancer.

Bien que la hausse du taux d'emprunt d'Etat à 10 ans (OAT tec 10 de 3% à 3,30% à l'issue du 1er tour des législatives suite à la dissolution de juin dernier, n'avait pas eu d'impact sur les taux de crédit immobilier, « le contexte est aujourd'hui bien différent », estime le courtier.

En effet, à l'époque, la Banque centrale européenne venait tout juste de procéder à la première baisse de ses 8 baisses de taux d'intérêt. Or, la BCE a laissé ses taux inchangés lors de sa dernière réunion du 24 juillet, marquant une pause qui pourrait s'avérer durable dans un contexte où l'inflation est proche de sa cible fixée à 2%.

Certains emprunteurs protégés de la hausse des taux

« Par ailleurs, sur les 6 premiers mois de l'année, la production de crédits hors renégociation a atteint 69,7 milliards d'euros, contre 47,4 milliards sur la même période en 2024, soit une hausse de plus 47%, laissant penser que certaines banques ont déjà atteint leurs objectifs de production de crédit », estime Vousfinancer.

Le montant cumulé des nouveaux crédits immobiliers a même continué à progresser en juillet, pour atteindre un plus haut depuis janvier 2023, selon des chiffres divulgués lundi par la Banque de France.

Mais dans tous les cas, même en cas de hausse des taux immobiliers dans les semaines à venir, certains emprunteurs devraient arriver à tirer leur épingle du jeu.

« Les décotes de taux pour certains profils, devraient permettre à de nombreux emprunteurs d'obtenir encore des taux avantageux et même si les hausses se poursuivent, dans un contexte de forte concurrence interbancaire, elles devraient rester limitées. D'autant que début novembre, les compteurs seront remis à zéro et les crédits demandés entreront lors dans les chiffres de production 2026 », explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.