Bonjour @crapoduc,
crapoduc a dit:
Est-ce que ça l'augmente ou non, that's all. Selon la CA de Limoges, peu importe l'impact. C'est pour cela qu'elle a été censurée.
Nous sommes entièrement d'accord. Point barre sur cet arrêt.
Pour ceux qui ne sont pas très avertis de cette file, ils seraient préférable d'avancer pas à pas sur chaque décision nouvelle pour voir dans quelle direction évolue la récente jurisprudence directement défavorable aux emprunteurs demandeurs à une instance (mais, à mon sens, indirectement favorable à la grande masse des emprunteurs en leur évitant de tomber dans les pièges de ceux que l'on peut appeler des demi-escrocs).
Reprenez mon post précédent. Deux éléments essentiels constituent le déséquilibre significatif :
La clause n'est pas compréhensible par le consommateur. Le droit européen est stricte sur ce point.
La clause lombarde est parfaitement compréhensible pour ceux qui ont le niveau intellectuel sufffisant et la curiosité qui va avec. Pour les autres, savoir si le calcul des intérêts est basé sur l'année lombarde ou civile leur est complètement indifférent.
La cour de cassation a pris le parti des banques,
La Cour de cassation a pris le parti de l'ordonnance de juillet 2019 et celui du bon sens.
En effet, pour la haute cour, le fait que l'emprunteur ne soit pas en mesure de calculer le coût du crédit ne rend pas la clause pour autant incompréhensible.
Pour la Cour de cassation ce n'est pas cela qui rend le fondement sur la clause abusive inopérant mais le fait qu'il faille prouver que le surcoût déséquilibre le coût total du crédit. Elle reprend en cela exactement la position de la CJUE sur la définition des clauses abusives.
Ça va être dur de convaincre la cour de cassation sur ce point
Sur le fondement de la clause abusive, oui ça va être dur.
La question est comment prouver que l'on n'a pas compris
Pour moi la question n'est pas là du tout.
la réponse de la CJUE est claire, c'est à la banque de prouver qu'elle mis tout en oeuvre pour expliquer la clause, son mécanisme et l'impact associé. La cour de cassation inverse la charge de la preuve, c'est osé.
Ce n'est pas tout à fait cela car vous
préjugez que la clause lombarde
est une clause abusive or si cette clause est illégale, ce n'est pas pour autant une clause abusive car elle ne crée pas a priori de déséquilibre significatif dans l'éxécution du contrat (outre le fait que, sauf erreur, les clauses abusives ne s'appliquent pas au prix de la prestation). Il en résulte que la banque n'a aucune démonstration à faire pour expliquer de façon détaillée comment on calcule les intérêts sur la base de l'année lombarde, pas plus qu'elle n'en a sur l'année civile.
En soutenant votre argumentation vous envoyez au casse pipes les emprunteurs qui envisageraient d'engager une procédure sur cette base. Vous ne semblez pas en être conscient (ni tous ceux qui vous "like" à répétition).
Le deuxième critère est de prouver que le calcul est au désavantage de l'emprunteur.
C'est même le premier.
Le surcoût venant alors sans contrepartie, le déséquilibre est constitué
Il y a parfois un déséquilibre mais rien ne dit qu'il est significatif.
Donc tout reste à faire.
Le diable se cache dans les détails.
Néanmoins, de cet arrêt, nous apprenons que, même si le surcoût est prouvé mathématiquement rien n'est gagné pour autant.
Exact.
En effet, la banque prétendra compter tous les mois pour 30 jours et de ce fait contestera le caractère systématique du préjudice dû à cette clause et donc son caractère abusif....
Cet arrêt est très intéressant, mais ce qui est beaucoup plus instructif ce sont les moyens de la SCP représentant la banque. On y voit tous les arguments qu'une banque peut avancer dans le cas d'un litige lombard. Ces moyens sont les suivants (la haute cour a retenu le premier) :
alors 1/ que le déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties, caractérisant une clause abusive, doit s’apprécier en comparant la situation juridique du consommateur telle qu’elle résulte de la clause critiquée avec celle qui résulterait de la loi si cette clause n’avait pas été stipulée ; que le déséquilibre significatif n’est caractérisé que si la clause porte une atteinte suffisamment grave aux droits que le consommateur tirait ainsi de la loi ; qu’au cas présent, la banque soutenait que le calcul des intérêts journaliers sur la base d’une année de 360 jours, tel que résultant de la clause critiquée, avait généré un surcoût d’un montant de 11,65 euros au détriment des emprunteurs par rapport au calcul sur la base d’une année civile de 365 jours, tel que résultant de la loi ; que pour déclarer la clause critiquée abusive, la cour d’appel a dit que l’importance de son impact réel ne devait pas être prise en compte ; qu’en faisant ainsi abstraction de l’impact réel de la clause sur le montant des intérêts, la cour d’appel a refusé de procéder à la comparaison entre la situation juridique du consommateur telle qu’elle résulte de la clause et telle qu’elle résulterait de la loi, et s’est mise dans l’impossibilité de déterminer si la clause portait une atteinte suffisamment grave aux droits légaux des emprunteurs, violant l’article L. 132-1 du code de la consommation, dans sa rédaction alors applicable ;
Personnellement, je préfère lire ce qu'écrit la Cour de cassation mais en l'occurrence, le défenseur de la banque exprime en douze lignes ce que je résume en une. Je ne peut qu'être d'accord.
=>Il y a une loi, je ne sais plus laquelle (help), qui dit bien qu'une clause abusive n'a pas à être appliquée pour être abusive, elle est abusive point.
Il me semble bien aussi et je crois qu'il n'y a pas de délai de prescription dans ce cas.
Alors que Messieurs les censeurs se réveillent est attaquent, une bonne fois pour toutes, toutes les banques qui utilisent cette méthode d'un autre âge qu'est le calcul lombard !
Il faut donc ici démontrer le exact/360 et donc le surcoût systématique sur tout intérêt journalier. C'est dommage la cour d'appel de Limoges avait tout le loisir de démontrer le surcoût inhérent à cette clause et justifier ainsi parfaitement l'analogie avec la recommandation de la commission des clauses abusives.
Vous oubliez un terme, le plus important:
significatif.
Or, on sait que le surcoût est généralement insignifiant.
En outre, dans un procés en demande, la charge de la preuve incombe au demandeur.
alors 2/ que si une clause peut être déclarée abusive indépendamment des conséquences financières qu’elle entraîne pour le consommateur, c’est à condition qu’elle ne satisfasse pas à l’exigence d’une rédaction claire et
lorsque sa rédaction, en raison de son manque de clarté, peut induire le consommateur en erreur sur sa situation juridique telle qu’elle découle du contrat ; que la clause litigieuse, selon laquelle « durant la phase d’amortissement, les intérêts sont calculés sur le montant du capital restant dû, au taux d’intérêt indiqué ci-dessus sur la base d’une année bancaire de 360 jours, d’un semestre de 180 jours, d’un trimestre de 90 jours et d’un
mois de 30 jours », ne présente pas ces caractéristiques, dans la mesure où elle ne serait pas davantage claire ni compréhensible pour le consommateur si elle se référait à une année de 365 jours sans prise en compte de la durée des semestres, des trimestres et des mois, la complexité de la clause provenant, non de sa rédaction, mais de la matière même du calcul des intérêts d’un prêt, qui nécessite la connaissance de la formule mathématique
adéquate ; qu’en déclarant pourtant abusive la clause critiquée au seul prétexte qu’elle ne mettait pas les emprunteurs en mesure d’évaluer le surcoût susceptible de résulter de son application et les privait de la
possibilité de calculer le coût réel de leur crédit, la cour d’appel a violé l’article L. 132-1 du code de la consommation, dans sa rédaction alors applicable ;
=> Cet argument est une insulte à l'intelligence humaine.
Pas du tout d'accord. Cet argument est au contraire frappé au coin du bon sens. La Cour de cassation dit en des termes châtiés ce que je dis plus haut plus simplement.
C'est un argument qui relève autant de la sociologie que du droit.
Pas besoin de comprendre le mécanisme, il est naturel de calculer selon une année civile pour le commun des mortels. L'emprunteur s'attend naturellement à ce que les intérêts soient calculés sur la base d'une année civile. Ce point est intéressant et l'avis d'un juriste serait le bienvenu. En effet, il semble que pour la haute cour il ne faut pas une des 2 conditions (clause pas claire et au préjudice de l'emprunteur) mais les 2 pour rendre la clause abusive.
Une clause abusive doit répondre à plusieurs critères cumulatifs. Si un seul de ces critères n'est pas respectés, la clause n'est pas abusive.
C'est ma position, et je la partage.
