Bonjour,
Membre39498 a dit:
Le coronavirus a atteint la Première Chambre :
Cass. civ. 1ère, 5 février 2020, n° 19-11.939 FS-P+B+I
Le défaut de communication du taux et de la durée de la période est sanctionné par la déchéance, totale ou partielle, du droit aux intérêts conventionnels. Cependant, une telle sanction ne saurait être appliquée lorsque l’écart entre le taux effectif global mentionné et le taux réel est inférieur à la décimale prescrite par l’ancien article R. 313 -1 du Code de la consommation.
Lorsque j'ai essayé de témoigner sur ce forum du fait que les magistrats disposaient d'une certaine latitude pour juger en "équité", en fonction du contexte,...etc, la plupart ne m'ont pas cru (j'emploie volontairement cet euphémisme en pensant à certains).
Aujourd'hui, cette décision en est pourtant une illustration magistrale.
A première lecture, on comprend que les habitués puissent être choqués.
Essayons tout de même de raisonner un peu.
Quelles sont les obligations du préteur ?
1. Communiquer à l'emprunteur un TEG exact avec une précision de 0,1 point (0,1 fixé par la jurisprudence en référence à l'article R 313-1 du code de la consommation).
2. Communiquer à l'emprunteur le taux et la durée de période (cf. le même article).
Question: quel est l'intérêt pour l'emprunteur lambda de connaître le taux de période dans la mesure où il n'est pas compétent pour refaire le calcul lui-même (il le dit haut et fort dans ses plaidoiries !): pour ma part, je n'en vois aucun mais quelqu'un pourra peut-être m'expliquer ce qu'il peut en faire.
En revanche, ce qui est déterminant pour l'emprunteur, c'est que le TEG communiqué soit exact à la précision de 0,1 point.
A partir des deux critères ci-dessus, quatre situations peuvent se présenter dans un dossier:
a) critères 1. et 2. respectés
b) critère 1. respecté et 2. non respecté
c) critère 1. non respecté et 2. respecté
d) critère 1. et 2. non respectés
Dans les cas c) et d) le préteur est condamnable (le critère 1. n'étant pas respecté).
Dans le cas a) il n'est pas condamnable.
Dans le cas b), on ne comprend pas pourquoi il devrait aussi être condamné, alors que le TEG communiqué à l'emprunteur
est exact (à la tolérance près de 0,1 point) et que ce dernier
n'a subi aucun préjudice de ce fait.
C'est probablement pour cette raison que la Cour de Cassation s'est prononcée sur le fond sans renvoi, fait pour le moins inhabituel aussi.
Chacun peut réagir.