Aristide
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@yannou79
Bonjour,
Je reviens vers vous (avec retard) sur la technique du différé total.
Nous sommes bien d’accord pour dire que dans un crédit classique, quelle que soit la technique de capitalisation (ou assimilé), le différé total génère un surcoût pour l’emprunteur.
C’est pour « regarder de plus près » ce qu’il advient dans le cas de montage « Prêts ‘’emboîtés’’ / ‘’prêt lisseur’’ que je poursuis cet échange.
Je raisonnerais d’abord sur le principe (la théorie) puis ensuite sur les aspects pratiques.
Ces raisonnements s’appuient sur un exemple - volontairement simplifié au maximum - que vous trouverez joint.
Dans ce cas il ne s’agit plus de différé total mais d’un différé partiel encore appelé différé de capital.
Je comprends bien votre raisonnement.
Effectivement, à échéance cible égale, en affectant plus de ressources au remboursement du prêt court qui est donc au taux le moins élevé,soit le montant du prêt est plus élevé, soit sa durée est encore plus courte.
J’ai donc fait une simulation volontairement très simple (= deux prêts gigognes sans assurances ni frais) que vous trouverez ci-jointe.
Les hypothèses de base sont les suivantes
+ Besoin à financer = 100.000€
+ Echéance cible = 800€
+ Hiérarchie des taux :
+ + durée <= 120 mois = 3,15%
+ + durée > 120 mois = 3,25%
Mon optimisation avec différé partiel sur le prêt lisseur donne
= Prêt court de 120 mois à 3,15% = 75.410€
= Prêt long de 153 mois à 3,25% = 24.590€
Si j’utilise le différé total au lieu du simple différé de capital l’optimisation donne
= Prêt court de 120 mois à 3,15% = 82.258€€
= Prêt long de 153 mois à 3,25% = 17.742€
Au plan théorique ces chiffres vous donnent donc raison.
Mais comparons maintenant les résultats en terme de coût du crédit et de TEG.
Ceux-ci varient suivant la technique de capitalisation ou assimilée à savoir.
=> Différé partiel
+ Coût crédits = intérêts = 21.708€
+ TEG = 3,1895% (Le « TEG » est en fait le « taux réel d’ensemble » des deux prêts fusionnés puisqu’il n’y a aucun frais)
=> Différé Total
Capitalisation mensuelle (contraire art 1154 code civil)
+ Coût crédits = intérêts = 21.659€
+ TEG = 3,1840%
Capitalisation annuelle
+ Coût crédits = intérêts = 21.532€
+ TEG = 3,1698%
Sans capitalisation (= stockage des intérêts => paiements en priorité => phase amortissement retardée)
+ Coût crédits = intérêts = 20.456€
+ TEG = 3,0469%
Au niveau des principes, le différé total s’avère donc plus intéressant pour l’emprunteur que le différé partiel.
Vous remarquez cependant que si c’est la capitalisation mensuelle (contraire code civil) qui est pratiquée, la différence n’est que de 49€ pour 100.000€ empruntés sur 153 mois.
A noter par ailleurs, toujours au plan théorique, il serait possible d’améliorer encore plus l’optimisation en prévoyant autant de lignes de crédits que de paliers dans la hiérarchie des taux.
Il n’est pas rare de trouver une structure des taux telle :
+ 001 à 024 mois
+ 025 à 060 mois
+ 061 à 084 mois
+ 085 à 120 mois
+ 121 à 144 mois
+ 145 à 180 mois
+ 181 à 240 mois
+ 241 à 300 mois
+ 301 à 360 mois
Dans ce cas de figure, ce n’est donc pas trois lignes mais neuf lignes qu’il faudrait prévoir pour atteindre l’optimisation maximale.
Encore faudrait-il vérifier l’impact du surcoût sur les frais de garantie ?
Voyons maintenant les aspects pratiques
Normalement les banques réservent l’utilisation du différé total a des cas particuliers :
=> Prêts étudiants = maximum 5 ans
Dans ce cas ce n’est pas la rentabilité sur le produit « Prêt Etudiant » qui est visé ; c’est uniquement un « captage » de clients jugés potentiellement intéressants.
=> Prêt immobilier pendant la phase de construction
+ 1 an maximum dans le cas général
+ Jusqu’à trois ans au plus dans des cas particuliers
=> Prêts de toute nature
+ Pour permettre des options de souplesse dans la gestion du crédit pour l’emprunteur (1ère échéance à 3 mois – Report d’une échéance.....)
Donc, dans la généralité des cas, les banques n’utilisent pas le différé total sur une longue durée.
Nous sommes bien d’accord.
Dans le cas spécifique des prêts à paliers (prêt lisseur) ce constat est encore plus vrai.
Vous avez remarqué dans mes exemples ci-dessus comment varient les TEG des différents cas de figure :
=> Différé partiel = 3,1895%
=> Différé total
+ Capitalisation mensuelle = 3,1840% (= -0,0055%)
+ Capitalisation annuelle = 3,1698% (= - 0,0198%)
+ Sans capitalisation (stockage) = 3,0649% (= - 0,1426%)
Dans ces exemples, il y a une corrélation entre le coût du crédit et le TEG => plus le premier est bas, plus le second est faible.
NB) – Ne pas en tirer une règle générale car si c’est vrai dans un tel exemple où il n’y a pas de frais prélevés au départ on voit très souvent un TEG plus élevé avec un coût du crédit plus faible ou inversement (J’ai fait un post sur ce sujet)
Donc plus le TEG est intéressant pour l’emprunteur, moins la rentabilité apparente pour la banque est bonne.
Je dis « rentabilité apparente pour la banque » car le taux réel du crédit pratiqué est moins élevé avec un différé total qu’avec un différé partiel.
Mais, dans le cas des prêts à paliers, le problème est accentué car, ce qui compte c’est la marge sur crédit plus que le taux emprunteur en tant que tel.
Pour la banque le taux de marge correspond à la différence entre son coût de ressource et le taux client.
Et, dans le cas des prêts à paliers, il y a précisément un problème au niveau des ressources de financement.
En effet, la banque ne peut pas calquer son refinancement sur le profil « à paliers » des prêts lisseurs.
La banque emprunte comme si le crédit était à échéances constantes c'est-à-dire qu’elle va commencer à rembourser immédiatement (sorties de trésorerie immédiates) alors que, du fait du différé, elle ne commencera à percevoir des échéances que plus tard (rentrées de trésorerie différées).
Ceci est vrai dans le différé partiel comme dans le différé total mais l’impact sur le coût de la ressource est plus élevé dans ce dernier cas puisqu’il n’y a aucune rentrée en trésorerie contrairement au différé partiel.
Donc, sur un prêt à paliers en différé total nous avons un taux réel emprunteur moindre alors que, inversement, dans ce même cas de figure, nous avons un coût de ressource plus élevé.
En résultat le taux de marge pour la banque est donc nécessairement plus faible.
Notez aussi que la multiplicité des lignes de crédit accroît les frais de gestion (plusieurs échéances à appeler) ce qui diminue encore la rentabilité nette.
Au plan pratique vous avez donc des banques qui :
+ Ne savent faire ni lissage ni optimisation (pas de logiciel adapté)
+ Savent faire mais ne veulent pas faire (Temps passé au montage – Coût ressource (Cf ci-dessus) – Coût gestion – Marge réduite)
+ Savent faire et pratiquent mais à un taux supérieur à ceux des prêts classiques
+ Savent faire et pratiquent au taux normal même si ces dernières ne semblent représenter qu’une minorité.
Mais, le plus souvent, c’est la pratique du différé partiel qui semble utilisée ce qui permet d’éviter tant les contraintes liées à la capitalisation que les impacts négatifs sur le taux de marge bénéficiaire.
Cf explications ci-dessus
Bien cordialement,
Bonjour,
Je reviens vers vous (avec retard) sur la technique du différé total.
Nous sommes bien d’accord pour dire que dans un crédit classique, quelle que soit la technique de capitalisation (ou assimilé), le différé total génère un surcoût pour l’emprunteur.
C’est pour « regarder de plus près » ce qu’il advient dans le cas de montage « Prêts ‘’emboîtés’’ / ‘’prêt lisseur’’ que je poursuis cet échange.
Je raisonnerais d’abord sur le principe (la théorie) puis ensuite sur les aspects pratiques.
Ces raisonnements s’appuient sur un exemple - volontairement simplifié au maximum - que vous trouverez joint.
yannou79 a dit:De manière intuitive, l'équilibre des optimums est obtenu quand on amorti pas le prêt long ( on paye juste les intérêts + assurance).
Dans ce cas il ne s’agit plus de différé total mais d’un différé partiel encore appelé différé de capital.
Si on s'amuse a faire un montage avec un prêt gigogne dans lequel on amorti un peu de capital du prêt long dès le début, il sera forcément moins bon qu'un prêt gigogne où on se contente de différer l'amortissement du prêt long.
Pourquoi ? tout simplement parce que plus l'effort d'épargne peut se concentrer sur le prêt court, plus on est capable d'emprunter une somme élevée sur le prêt court et donc payer globalement moins d'intérêts.
La logique se poursuit dans l'optimisation si on peut "encore baisser" ce qu'il y a à payer sur le prêt long pour concentrer l'épargne sur le prêt court.
Si en plus le différé total est fait de façon sympathique avec capitalisation à part des intérêts, c'est le jackpot, je doute qu'une seule banque accepte un tel différé sur 18 ans pour optimiser un montage.
Je comprends bien votre raisonnement.
Effectivement, à échéance cible égale, en affectant plus de ressources au remboursement du prêt court qui est donc au taux le moins élevé,soit le montant du prêt est plus élevé, soit sa durée est encore plus courte.
J’ai donc fait une simulation volontairement très simple (= deux prêts gigognes sans assurances ni frais) que vous trouverez ci-jointe.
Les hypothèses de base sont les suivantes
+ Besoin à financer = 100.000€
+ Echéance cible = 800€
+ Hiérarchie des taux :
+ + durée <= 120 mois = 3,15%
+ + durée > 120 mois = 3,25%
Mon optimisation avec différé partiel sur le prêt lisseur donne
= Prêt court de 120 mois à 3,15% = 75.410€
= Prêt long de 153 mois à 3,25% = 24.590€
Si j’utilise le différé total au lieu du simple différé de capital l’optimisation donne
= Prêt court de 120 mois à 3,15% = 82.258€€
= Prêt long de 153 mois à 3,25% = 17.742€
Au plan théorique ces chiffres vous donnent donc raison.
Mais comparons maintenant les résultats en terme de coût du crédit et de TEG.
Ceux-ci varient suivant la technique de capitalisation ou assimilée à savoir.
=> Différé partiel
+ Coût crédits = intérêts = 21.708€
+ TEG = 3,1895% (Le « TEG » est en fait le « taux réel d’ensemble » des deux prêts fusionnés puisqu’il n’y a aucun frais)
=> Différé Total
Capitalisation mensuelle (contraire art 1154 code civil)
+ Coût crédits = intérêts = 21.659€
+ TEG = 3,1840%
Capitalisation annuelle
+ Coût crédits = intérêts = 21.532€
+ TEG = 3,1698%
Sans capitalisation (= stockage des intérêts => paiements en priorité => phase amortissement retardée)
+ Coût crédits = intérêts = 20.456€
+ TEG = 3,0469%
Au niveau des principes, le différé total s’avère donc plus intéressant pour l’emprunteur que le différé partiel.
Vous remarquez cependant que si c’est la capitalisation mensuelle (contraire code civil) qui est pratiquée, la différence n’est que de 49€ pour 100.000€ empruntés sur 153 mois.
A noter par ailleurs, toujours au plan théorique, il serait possible d’améliorer encore plus l’optimisation en prévoyant autant de lignes de crédits que de paliers dans la hiérarchie des taux.
Il n’est pas rare de trouver une structure des taux telle :
+ 001 à 024 mois
+ 025 à 060 mois
+ 061 à 084 mois
+ 085 à 120 mois
+ 121 à 144 mois
+ 145 à 180 mois
+ 181 à 240 mois
+ 241 à 300 mois
+ 301 à 360 mois
Dans ce cas de figure, ce n’est donc pas trois lignes mais neuf lignes qu’il faudrait prévoir pour atteindre l’optimisation maximale.
Encore faudrait-il vérifier l’impact du surcoût sur les frais de garantie ?
Voyons maintenant les aspects pratiques
Normalement les banques réservent l’utilisation du différé total a des cas particuliers :
=> Prêts étudiants = maximum 5 ans
Dans ce cas ce n’est pas la rentabilité sur le produit « Prêt Etudiant » qui est visé ; c’est uniquement un « captage » de clients jugés potentiellement intéressants.
=> Prêt immobilier pendant la phase de construction
+ 1 an maximum dans le cas général
+ Jusqu’à trois ans au plus dans des cas particuliers
=> Prêts de toute nature
+ Pour permettre des options de souplesse dans la gestion du crédit pour l’emprunteur (1ère échéance à 3 mois – Report d’une échéance.....)
Donc, dans la généralité des cas, les banques n’utilisent pas le différé total sur une longue durée.
je doute qu'une seule banque accepte un tel différé sur 18 ans pour optimiser un montage
Nous sommes bien d’accord.
Dans le cas spécifique des prêts à paliers (prêt lisseur) ce constat est encore plus vrai.
Vous avez remarqué dans mes exemples ci-dessus comment varient les TEG des différents cas de figure :
=> Différé partiel = 3,1895%
=> Différé total
+ Capitalisation mensuelle = 3,1840% (= -0,0055%)
+ Capitalisation annuelle = 3,1698% (= - 0,0198%)
+ Sans capitalisation (stockage) = 3,0649% (= - 0,1426%)
Dans ces exemples, il y a une corrélation entre le coût du crédit et le TEG => plus le premier est bas, plus le second est faible.
NB) – Ne pas en tirer une règle générale car si c’est vrai dans un tel exemple où il n’y a pas de frais prélevés au départ on voit très souvent un TEG plus élevé avec un coût du crédit plus faible ou inversement (J’ai fait un post sur ce sujet)
Donc plus le TEG est intéressant pour l’emprunteur, moins la rentabilité apparente pour la banque est bonne.
Je dis « rentabilité apparente pour la banque » car le taux réel du crédit pratiqué est moins élevé avec un différé total qu’avec un différé partiel.
Mais, dans le cas des prêts à paliers, le problème est accentué car, ce qui compte c’est la marge sur crédit plus que le taux emprunteur en tant que tel.
Pour la banque le taux de marge correspond à la différence entre son coût de ressource et le taux client.
Et, dans le cas des prêts à paliers, il y a précisément un problème au niveau des ressources de financement.
En effet, la banque ne peut pas calquer son refinancement sur le profil « à paliers » des prêts lisseurs.
La banque emprunte comme si le crédit était à échéances constantes c'est-à-dire qu’elle va commencer à rembourser immédiatement (sorties de trésorerie immédiates) alors que, du fait du différé, elle ne commencera à percevoir des échéances que plus tard (rentrées de trésorerie différées).
Ceci est vrai dans le différé partiel comme dans le différé total mais l’impact sur le coût de la ressource est plus élevé dans ce dernier cas puisqu’il n’y a aucune rentrée en trésorerie contrairement au différé partiel.
Donc, sur un prêt à paliers en différé total nous avons un taux réel emprunteur moindre alors que, inversement, dans ce même cas de figure, nous avons un coût de ressource plus élevé.
En résultat le taux de marge pour la banque est donc nécessairement plus faible.
Notez aussi que la multiplicité des lignes de crédit accroît les frais de gestion (plusieurs échéances à appeler) ce qui diminue encore la rentabilité nette.
Au plan pratique vous avez donc des banques qui :
+ Ne savent faire ni lissage ni optimisation (pas de logiciel adapté)
+ Savent faire mais ne veulent pas faire (Temps passé au montage – Coût ressource (Cf ci-dessus) – Coût gestion – Marge réduite)
+ Savent faire et pratiquent mais à un taux supérieur à ceux des prêts classiques
+ Savent faire et pratiquent au taux normal même si ces dernières ne semblent représenter qu’une minorité.
Mais, le plus souvent, c’est la pratique du différé partiel qui semble utilisée ce qui permet d’éviter tant les contraintes liées à la capitalisation que les impacts négatifs sur le taux de marge bénéficiaire.
Oui.....si la banque l’accepte.Je comprends votre réserve sur le différé total, mais celui-ci existe dans un cadre légal et permet une meilleur optimisation alors pourquoi s'en priver si une banque l'accepte?
Cf explications ci-dessus
Bien cordialement,
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