Un argument assez simple, populiste, consiste à trouver des boucs-émissaires dans les quelques milliers de responsables politiques de ce pays. Très pratique, car étant peu nombreuse et, il est vrai, assez consanguine, cette couche sociale peut être critiquée dans les repas de famille, les tournées au café ou les offuscations sur les plateaux télés. Mais bon. Par exemple, le Parti Socialiste qui a sa part de responsabilité dans les processus décisonnels des dernières décennies, c'est 20000 cotisants.
Il est un peu plus délicat de constater à qui le crime profite. Ben oui, tonton est parti en préretraite à 55 ans, mais c'est difficile d'être cheminot. Ben oui, le cousin a fait un fois trois avec le studio parisien que son père lui a acheté pendant ses études, il l'a revendu pour acheter une longère dans le Morbihan sans imposition de sa plus-value et sans rénover ce qui va devenir une passoire thermique (et tant pis pour l'acheteur). Ben oui, ma soeur a fait un beau divorce et vit depuis sa meilleure vie de simplicité volontaire entre RSA et yoga à Cogolin. Ben oui, mon gosse a besoin d'une ATSEM et d'un psy, mais il est HPI dyslexique et hypersensible et ce sera discriminant que l'Etat ne paie pas pour compenser ces handicaps bien contemporain. Ben oui, en tant qu'entrepreneur de la restauration je suis obligé de prendre des sans-papiers sous-payés mais c'est la faute des charges qui nous assoment. Ben oui, j'ai initié une pétition pour vaincre le désert médical qui se trouve dans le village creusois où j'ai décidé de passer ma retraite. Si on fait le compte de tous ceux qui croquent dans le système, ce ne sont pas des milliers de profiteurs mais sans doute 20 millions, 20 millions qui ne sont pas des inconnus mais qui font le quotidien, de quoi assurer une base sociale et électorale.