MAJ août 2024 (1/2) - Le spectre de la récession fait son retour sur les marchés.... Mais pas que lui !
-> Faut-il craindre une récession aux Etats-Unis ?
-> Le Carry trades provoque un tsunami sur les marchés.
La Bourse de Tokyo subit sa plus forte baisse depuis 2016
Les derniers chiffres macro viennent secouer le cocotier, et les indices tombent comme des fruits trop mûrs !
- Le ralentissement du marché du travail aux Etats-Unis est plus brutal que prévu
- Chute inattendue de -3,3% des commandes à l'industrie (deuxième baisse d'affilée), alors que les économistes projetaient un rebond de l'ordre de 0,5%.
- En juin, le PCE US a augmenté de 0,1 %, portant son taux annuel à 2,5 %, après une stabilité en mai.
Ce faisceau d'indices concordants montre une baisse de l'activité aux Etats-Unis qui, par leur ampleur, f
ait craindre un atterrissage brutal de l'économie US... Ce qui affole les investisseurs.
Jerome Powell, le président de la Fed, a indiqué mercredi s'inquiéter d'un possible 'atterrissage brutal' de la croissance.
S&P 500 -1,37% et -1,84 les 01 et 02 août.
-2,44% et -2,38 pour le Nasdaq.
-3,03 et -3,52% pour le Russell 2000.
Le CAC 40, pour sa part, perd 2,14 et 1,61% sur les 2 premiers jours d'août.
1er enseignement des événements récents (récession US) :
La Fed reconnaît qu'une baisse de taux en septembre est sur la table.
Dans le même temps,
les instances monétaires de la Banque du Japon montent les taux d'intérêt et provoquent, par ricochet à cause de l'appréciation du yen, un début de krach à Tokyo, l'indice nippon perdant 10% en une journée.
L'appréciation du yen depuis 1 mois ayant fait l'effet d'une bombe au sein des marchés boursiers en mettant les investisseurs dans une position délicate.
Il s'agit en l'occurrence du
carry trade ou l’opération spéculative sur écart de rendement qui est une technique financière très employée sur le Forex, et qui consiste à profiter des écarts de rendement entre différents types d'actifs.
Le carry trade :
Compte tenu des taux négatifs entre 2016 et 2023 et très faibles ensuite, les opérateurs ont emprunté massivement au Japon à des taux d’intérêt quasi nuls pour investir à l’étranger, notamment aux Etats-Unis où les taux sont plus rémunérateurs qu'au Japon. Cet argent a été investi sur leur dette, permettant d'empocher le différentiel de taux.
Ces flux ont eu pour conséquence une forte dépréciation de la devise nippone, ce qui encourageait à augmenter ce processus.
Et il y avait de quoi en "rajouter" : Le gain annuel du carry trade contre les grandes devises du G10 se situait autour de 9 % annualisé à la mi-juillet.
Le yen étant resté longtemps faible, le risque de change de ces stratégies est apparu comme limité voire nul.
Des centaines de milliards de yens ont été investis depuis des années dans ces opérations de carry trades.
Oui mais voilà que la Banque du Japon, qui ne montrait pas de volonté de remonter ses taux, a changé d'avis et les a remontés pour la seconde fois fin juillet
Suite à l'appréciation du yen de 10%, les investisseurs
"pourraient avoir besoin de trouver jusqu'à 1 100 Mds$ pour rembourser les emprunts de carry-trade en yens", ont déclaré les analystes de TS Lombard dans une note récente.
Le débouclage des positions a entrainé des ventes massives de titres provoquant sur les marchés le vent de panique du 5 août.
Les espoirs de gains (9% annuel) sur le carry trade ont été réduits à néant. La place nippone a perdu jusqu'à 12% en séance entrainant beaucoup de volatilité sur les places mondiales.
Et ce n'est peut-être pas terminé !
"Si la Fed se lance dans une politique d'assouplissement agressive, le dollar va s'affaiblir considérablement. Les investisseurs vont se retrouver coincés", a déclaré Harish Neelakandan, co-responsable des investissements chez AlphaEngine Global Investment Solutions.
Les personnes qui ont des positions sur les devises vont alors être forcées de déboucler leurs positions... Ce qui pourrait alors mettre des banques sous pression si elles ont trop prêté, que ce soit à des fonds spéculatifs ou à des investisseurs particuliers.
Bienvenue dans le monde de la finance... En août, il ne devrait rien se passer d'important avec des salles de marché désertées... Mais la planète continue de tourner, et l'économie avec.
Rotation sectorielle, ou marché baissier ?
En juillet, les marchés mondiaux ont connu une rotation importante en faveur des secteurs plus cycliques tels que l'industrie, la finance et les matériaux, tandis que les valeurs technologiques ont reculé.
Alors que l'inflation diminue et que l'économie américaine suggère un ralentissement, le marché anticipe un changement de la politique de la Réserve fédérale américaine d'ici la fin de l'année, avec une nouvelle baisse des taux d'intérêt.
Le marché a vendu les valeurs qui avaient progressé depuis le début de l'année, telles que les sociétés technologiques exposées à l'intelligence artificielle, le Luxe ou les sociétés pharmaceutiques spécialisées dans le traitement du diabète et de l'obésité, au profit d'entreprises plus cycliques.
Les "Magnificent 7" ont perdu plus de 1000 Mds$ de capitalisation boursière tandis que les grandes capitalisations européennes de croissance de qualité ont également reculé.
Les baisses plus ou moins marquées du Nasdaq étant presque symétriquement compensées par une hausse du Russell 2000 (indices des petites valeurs US).
La rotation sectorielle s'accompagnait donc d'une rotation des mega cap vers les small cap qui pourraient offrir un meilleur rendement que les grosses capi dans un environnement de baisse des taux.
En constatant les mouvements baissiers sur mes valeurs, je me suis dit qu'il ne s'agissait pas d'une rotation dans les styles de valeurs.
Mes plus grosses baisses concernent des titres de secteurs très variés : Tech US, pharma, conso, et même utilities. Des domaines bien différents qui ne répondent pas aux caractéristiques d'une rotation de styles.
J'interprète plutôt ces mouvements comme étant le signe de prises de bénéfices à la suite d’un semestre qui a été exceptionnel.
En effet, mes valeurs qui baissent le plus sont aussi celles qui ont beaucoup progressé depuis 1 an, parfois au-delà de 100%.
Pour de gros investisseurs, on comprend qu'un titre qui double en 6 mois leur semblera moins intéressant sur le restant de l'année puisqu'il n'arrivera sans doute pas à renouveler sa perf du 1er semestre.
Or, pour ces gros investisseurs, c'est la quête de rentabilité permanente qu'ils recherchent, en TCT comme en CT.
Dans ces conditions, les perspectives à 6 mois sur les petites valeurs, très en retard sur les marchés, peuvent paraître plus attrayantes que les grosses capi alors que la baisse des taux qui se profile va leur apporter un nouveau souffle. Le rattrapage que l'on pourrait attendre sur ces valeurs apporterait donc une rentabilité supérieure à celle des grandes valeurs.
Les variations sur les indices entre Nasdaq et Russell qui a rapidement gagné 10% quand le Nasdaq en perdait autant semblaient valider cette hypothèse.
Oui, mais voilà :
On n'est plus dans une rotation, ni sectorielle, ni géographique, ni de style de valeurs.
Les marchés corrigent sur des craintes de récession US.
La vague de risk-off du vendredi 2 août provoque une fuite vers les valeurs refuges :
Le Bund se détend de -10Pts à 2,16% tandis que l'OAT française revient à 2,957%.
Le 10 ans US s'établit à 3,792% le 02 août en clôture alors qu'il était à 4,28% une semaine plus tôt.
Quant au Russell 2000, s'il a rapidement gagné 10%, il les a perdus avec la baisse cette fois-ci généralisée du marché US.
Russell en bleu vs Nasdaq en mauve.
Parier sur les small cap était une idée qui ne me séduisait pas vraiment.
En bourse, il n'y a pas de mystère, les résultats et la croissance des bénéfices alimentent la hausse des cours.
Or, sur le Russell, alors que la saison des résultats trimestriels démarre, nous pouvons constater que 40% des bénéfices des sociétés du Russell 2000 se contractent.
Une situation qui contraste singulièrement avec les leaders de la technologie qui affichent de belles croissances.
On notera sur le graphique ci-dessus que le Russell a retrouvé son niveau d'avant hausse de début juillet.
On notera aussi la très récente divergence entre le Nasdaq qui s'est orienté à la hausse alors que le Russell part à la baisse.
Je vois plutôt ce récent repli du Nasdaq comme étant une opportunité de (re)venir sur les sociétés qui disposent d’une bonne visibilité sur la croissance de leurs bénéfices.
L’analyse des dix dernières années montre que les indices technologiques rebondissent généralement fortement dans les six mois qui suivent une correction de 10%.
Les grands indices technologiques mondiaux ayant chuté de 9 à 10% par rapport à leurs récents sommets, cette situation offre quelques opportunités tactiques aux investisseurs.
Les leaders actuels de la tech affichent également des marges élevées, un free cash flow confortable et un bilan solide, autant de facteurs positifs en période de ralentissement de l’activité économique.
Pour en terminer avec ce tour d'horizon des marchés...
Les élections US arrivent !
Nous approchons d'une période de faiblesse saisonnière en septembre et octobre, et les élections américaines de novembre provoqueront peut-être de la volatilité sur les marchés.