MAJ Juin 2022 (1/2)
Pas de quoi se réjouir.... Trop doux comme titre...
C'est la cata, tout le monde aux abris
- 02/06/2022 - Jamie Dimon, patron de la banque US JP Morgan, a conseillé aux investisseurs de se préparer à un "ouragan" économique alors que l'économie fait face à une accumulation sans précédent de vents contraires.
- 03/06/2022 - John Waldron, haut dirigeant de Goldman Sachs, met en garde contre une confluence de chocs économiques sans précédent.
- 04/06/2022 - Frédéric Rollin (Pictet AM), estime que les marchés sont aujourd’hui trop optimistes sur les marges. La confiance des consommateurs est très basse, l’inflation va peser sur la demande.
Si le but était de plomber l'ambiance, c'est réussi.
Sans oublier le Covid qui fait des prolongations en Chine, et qui semble repartir à la hausse en Europe, notamment avec les nouveaux variants Ba.4 et Ba.5.
Aujourd’hui, mi-juin 2022, c’est bien simple, la visibilité est nulle.
Dans ce type de configuration, il vaut mieux ne rien faire plutôt que de tenter quoi que ce soit sur les marchés.
Investir en bourse laisse supposer que l'on est haussier sur les actions.... Une excellente idée, sauf si on a de bonnes raisons de penser qu'une récession est imminente.
Au sein des grands mouvements qui agitent les actifs financiers,
ce qui nous pend au nez (récession ou la stagflation) est le pire qu'il puisse arriver en bourse puisque là, tous les actifs financiers vont baisser, les actions comme les obligations.
Sur les obligations, c'est déjà fait. Il me semble avoir lu que jamais un tel mouvement haussier n'a été enregistré sur les taux en aussi peu de temps.
Par exemple : Un placement fait sur un ETF obligations US de maturités longues est aujourd'hui perdant de 33% depuis le 1er janvier.
Les actions en prennent le chemin : -16% YTD sur un ETF Monde ou -18,50% sur le CAC 40.
Les investisseurs sont clairement passés en mode récession.
Or, dans ce contexte, tous les secteurs baissent : Valeurs de croissance, cycliques ou value, point de salut.
Pire même, Bridgwater, le plus grand fonds spéculatif au monde, vient de shorter les marchés européens à coup de milliards.
Ses cibles principales : ASML Holding, TotalEnergies, Sanofi, Allianz ou de nombreuses banques, dont Banco Santander, la BNP ou Intesa Sanpaolo.
La nervosité commence à être palpable sur les marchés avec des sorties du marché pour certains, ou des couvertures de portefeuilles prises par d'autres.
C'est ce que traduit ce graphique qui est le ratio Put/Call sur les options sur actions négociées sur le CBOE (Chicago Board Options Exchange).
Le rapport Put par rapport aux Call est en augmentation. Ce qui peut se traduire par la mise en place de couvertures de portefeuilles... Et par un sentiment négatif croissant de la part des intervenants sur les marchés.
Comment en est-on arrivé là ?
Les racines de l'actuelle flambée d'inflation mondiale remontent au début de la pandémie de Covid-19, lorsqu'il y avait un grand déséquilibre entre l'offre et la demande de biens.
L'économie mondiale s'est fortement contractée au cours du premier semestre 2020 alors que les blocages s'installaient.
Les nombreux plans de relance ont provoqué un afflux de demandes vers le secteur des biens alors que la majeure partie de l'économie mondiale étant fermée. Par exemple, les ventes au détail aux États-Unis ont augmenté de 20 % en un an.
Les tensions sur la production, amplifiées par l'arrêt des transports, ont entraîné un allongement des délais et une hausse des prix.
Cette hausse des prix se trouve amplifiée par une crise de l'énergie et des matières premières du fait de la guerre en Ukraine.
Certains l'oublient, alors il est bon de rappeler :
Les conflits armés n’ont pas d’impact durable et significatif sur les marchés, sauf lorsqu’ils conduisent à une crise énergétique.
Il est probable que la hausse de l'inflation ne se calmera pas prochainement, contrairement aux prévisions des grands argentiers.
- Les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement sont susceptibles de persister pendant un certain temps en raison de la politique chinoise du zéro-covid.
- La crise de l'énergie provoquée par le guerre en Ukraine ne va pas s'arrêter de sitôt.
- La transition énergétique, pour ne plus dépendre de la Russie pour nos approvisionnements, et pour atteindre les objectifs environnementaux, est synonyme d'énergie bien plus chère que ce que nous avons connu ces dernières années.
- La relocalisation et la déglobalisation auront un coût.
On peut s'interroger sur la perception que peuvent avoir les banques centrales et les entreprises sur l'environnement économique et sur l'inflation.
Lors de sa dernière réunion (15/06/2022), la FED a remonté ses taux directeurs de 75 points de base.
Elle prévoit, dans ses projections économiques, une baisse de l'inflation à 5,2 % d'ici la fin de 2022.
Revenir à 5,2% en fin d'année a de quoi laisser pensif.
Des spécialistes du marché obligataire estime que
"si nous terminons l’année à 6,5%-7% d’inflation aux Etats-Unis, nous serons déjà satisfaits."
L'indice US des prix à la consommation (CPI), est à +8,6% en mai et pourrait s'améliorer mécaniquement en juin à cause d'une base de comparaison élevée en juin 2021.
Les marchés y verront sans doute les effets de l'action de la FED dans cette baisse, et imagineront, dans le grand élan de légèreté qui les caractérise parfois, une pause dans les hausses de taux dès la rentrée. Ce qui favorisaerait, n'en doutons pas, une remontée des indices en début d'été.
C'est alors que viendront
2 mois estivaux qui vont mettre à mal la quiétude des investisseurs partis en vacances.
Mois à mois (MoM), le CPI était bas à la même époque 2021 : juillet 2021 était à +0,5% et août 2021 à +0,3%
Le CPI annuel (YoY) pourrait donc remonter sensiblement au cours des 2 mois d'été... Augurant mal d'une rentrée 2022 sur les marchés.
"Nous n'avons jamais connu de période où l'inflation a baissé de plus de 2% sans récession", a déclaré Scott Minderd de Guggenheim.
"Donc, si ces chiffres sont réels et que c'est ce qui va se passer, nous sommes destinés à une récession."
Les grandes institutions internationales ont déjà commencé à réviser leurs prévisions.
Exemple avec la Banque Mondiale qui vient de réduire ses perspectives pour la conjoncture mondiale, tablant sur une hausse de 2,9% pour l’année en cours, contre un taux de 4,1% en janvier.
Quant aux entreprises, les résultats du dernier trimestre ont été généralement bons et bénéficiaient d'une base de comparaison avantageuse sur le T1 2021.
Si quelques-unes commencent déjà à subir les effets d'une baisse de demande à cause de l'inflation, bien peu envisagent une baisse d'activité dans leurs prévisions.
Des entreprises comme Walmart, Target, Microsoft, Nvidia, Netflix, ou Tesla, entre autres, ont annoncés des résultats en retrait.
Tesco, le plus grand détaillant britannique, vient de déclarer (17/06/2022), qu'il voyait les premiers signes d'un changement de comportement de sa clientèle en raison des pressions inflationnistes qui rendent l'environnement du marché "incroyablement difficile".
Il est probable que le T2 ne laisse pas encore totalement transparaître la crise qui arrive.
Mais ensuite ?
L'effet de l'inflation et la hausse des taux vont peser sur l'activité des entreprises et une révision des prévisions de bénéfices risque de voir le jour. C'est inévitable.
Les PER qui ont baissé avec la baisse récente des marchés vont remonter du fait de l'anticipation de baisse des bénéfices des entreprises. Ce qui pourrait entrainer la dernière (j'espère) grande vague baissière sur les marchés.
Le PER moyen à long terme du S&P 500 est à 15,97x. Actuellement, il est à 18,57x
Malgré la baisse du marché, il reste supérieur à sa moyenne historique. Mais si l'activité économique décroît ces prochains trimestres, ce PER pourrait remonter au-dessus de 20x.
Ce qui laisse une marge de baisse non négligeable en cas de récession.
C'est la crainte des investisseurs aujourd'hui.
Je vous l'avais dit... L'ambiance est plombée !