J'ai demandé à mister Gemini (à prendre avec des pincettes)... effectivement le produit AT1 est risqué :
Imaginez une banque comme une maison qui a besoin d'une fondation solide pour tenir bon, surtout quand il y a une tempête

. Les AT1, ou Additional Tier 1 bonds (obligations de catégorie 1 additionnelle), sont un peu comme des briques spéciales dans cette fondation.
Qu'est-ce qu'une obligation "normale" ?
Avant de parler des AT1, comprenons ce qu'est une obligation classique. C'est un peu comme si vous prêtiez de l'argent à une entreprise ou à un gouvernement. En échange, ils vous promettent de vous rembourser votre argent (le capital) à une date précise (la maturité) et de vous verser des intérêts régulièrement jusqu'à cette date. C'est un prêt avec une date de fin.
Alors, qu'est-ce qu'un AT1 ?
Les AT1 sont aussi des obligations émises par les banques, mais avec des caractéristiques très particulières qui les rendent plus risquées que les obligations "normales". Elles ont été créées après la crise financière de 2008 pour renforcer la solidité des banques et éviter que les contribuables n'aient à les sauver en cas de problème.
Voici les points clés à retenir :
Pas de date de fin fixe (perpétuelles) : Contrairement aux obligations classiques, les AT1 n'ont pas de date de remboursement du capital fixée à l'avance. La banque n'est pas obligée de vous rembourser un jour. C'est pour ça qu'on les appelle "perpétuelles". Cependant, la plupart des banques ont une "option d'achat" (appelée "call option") qui leur permet, avec l'accord des régulateurs, de racheter ces obligations après une certaine période (souvent 5 ou 10 ans). Les investisseurs s'attendent généralement à ce que la banque les rachète à ce moment-là.
Paiements d'intérêts "discrétionnaires" : La banque peut décider de ne pas vous payer les intérêts si elle rencontre des difficultés financières. Et si elle ne les paie pas, elle ne vous doit rien. Ce n'est pas un défaut de paiement comme pour une obligation normale. C'est une flexibilité pour la banque en cas de coup dur.
Absorption des pertes (le risque principal) : C'est la caractéristique la plus importante et la plus risquée. Si la situation financière de la banque se détériore gravement (par exemple, si son niveau de fonds propres tombe en dessous d'un certain seuil défini par les régulateurs), les AT1 peuvent être :
Converties en actions : Vos obligations deviennent des actions de la banque. Si la banque est en difficulté, ces actions valent souvent beaucoup moins, et vous pouvez perdre une grande partie de votre investissement.
Dépréciées (écrites à zéro) : Le capital de vos obligations peut être réduit à zéro, ce qui signifie que vous perdez la totalité de votre investissement. C'est ce qui s'est passé avec certaines obligations AT1 de Credit Suisse en 2023.
Rendement plus élevé : Pour compenser tous ces risques supplémentaires, les AT1 offrent généralement des taux d'intérêt plus élevés que les obligations classiques. C'est la prime que l'investisseur reçoit pour prendre plus de risque.
Position subordonnée : En cas de faillite de la banque, les détenteurs d'AT1 sont remboursés après d'autres créanciers (comme les détenteurs d'obligations "normales") et juste avant les actionnaires. C'est la raison pour laquelle on dit qu'elles sont "subordonnées".
Pourquoi les banques émettent-elles des AT1 ?
Les banques émettent des AT1 pour :
Renforcer leurs fonds propres : Les régulateurs (comme ceux de Bâle III) exigent des banques qu'elles aient une certaine quantité de capital pour absorber les pertes potentielles. Les AT1 comptent comme une partie de ce capital, ce qui permet aux banques de respecter ces règles sans avoir à émettre de nouvelles actions, ce qui pourrait diluer la valeur pour les actionnaires existants.
Agir comme un coussin de sécurité : En cas de crise, les AT1 permettent à la banque d'absorber des pertes sans avoir besoin d'un sauvetage par l'État. C'est un mécanisme "d'absorption des pertes" intégré.
En résumé :
Les AT1 sont des instruments financiers complexes et risqués. Elles offrent des rendements attractifs, mais en contrepartie, l'investisseur accepte de prendre un risque de perte en capital important si la banque émettrice rencontre de sérieuses difficultés. Elles ne sont généralement pas recommandées pour les investisseurs débutants ou ceux qui n'ont pas une bonne compréhension des risques financiers.