Bonsoir
Ça, c’est dans un contexte macroéconomique stabilisé, où les acheteurs n’ont pas de peine à trouver des biens qui leur conviennent et des banques prêtes à les financer, et où les opérateurs n’ont aucune difficulté à produire des biens au coût prévu et à les vendre en s’assurant une marge positive. Maintenant, je vais faire mon pénible et encore enfoncer un de mes clous favoris.
Je vous entends déjà:
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Eh bien si: c’est reparti pour un tour!
Lorsque l’équilibre est rompu, comme aujourd’hui, par un brutal retournement de conjoncture et le rallongement consécutif des délais d’écoulement des stocks, ceci a nécessairement un impact sur la trésorerie des opérateurs qui, au moins temporairement, se retrouvent dans l’impossibilité de rembourser leurs emprunts dans les temps.
Alors que faire?
Si l’on estime que l’entreprise, avec du temps supplémentaire, peut finir par faire face à ses engagements, pourquoi ne pas le lui accorder, au besoin en se ménageant un supplément de rémunération pour la prise d’un risque accru?
Sinon, faire constater le défaut de paiement, et engager une procédure pour tenter de récupérer ce qui peut encore l’être. Et ça peut prendre encore plus de temps...
Le choix entre ces deux options peut être décidé 1/ unilatéralement par la PF, ou bien 2/ sur consultation de la Masse.
- Pour accepter le premier cas, il faut arriver à se persuader que la PF prend sa décision en toute objectivité, i.e. dans l’intérêt des obligataires; le doute sera toujours permis, tant il est vrai que risquer de perdre un client pourvoyeur potentiel de futurs dossiers peut faire pencher la balance du mauvais côté.
- Dans le deuxième cas, et pour que la décision finale puisse être prise de manière efficiente, il faudrait que la Masse soit en possession de tous les renseignements nécessaires sur l’état d’avancement du projet, sur la santé financière en temps réel de l’entreprise et du groupe auquel elle appartient, et sur l’état du marché et le contexte économique dans lesquels on se situe et leurs évolutions possibles; si le travail d’information et de prospective que cela représente pour la PF ne me semble pas insurmontable, et me paraît même faire partie du SAV du projet, j’émets toutefois les doutes les plus sérieux sur la capacité de tous les obligataires à prendre en compte – et toujours avec un esprit critique - l’ensemble de ces paramètres pour prendre une décision efficiente; on atteint ici les limites de l’exercice démocratique, surtout en l’absence de medium dédié par lequel tous les investisseurs sur un projet pourraient librement communiquer entre eux, tout comme lors d'une AG de copropriétaires.
Ma conclusion est qu’il n’y a donc pas de processus idéal menant à des décisions optimales: d’un côté des PF toute-puissantes plus ou moins suspectes de favoriser «l’ennemi», de l’autre des investisseurs plus ou moins avertis (plutôt moins que plus, d’ailleurs!) parfois prêts à adopter des positions «par principe» opposés aux propositions des PF, ou, par ignorance, prêts à les suivre aveuglément, et dans les deux cas, en toute irrationalité.
Mais quoi que l’on fasse, et quelle que soit la personne aux commandes – PF ou Masse, on ne pourra immédiatement faire cracher un opérateur qui ne peut même plus saliver.
NB: j’ai exclu à dessein de mon raisonnement le cas des mauvais payeurs compulsifs et autres escrocs dont le cas relève plus à mes yeux du droit pénal que du droit des affaires; mais ces cas doivent bien entendu être traités directement par les PF dès leur détection (dans un monde idéal, œuf corse).
Maintenant, il faut bien se dire que si l’on veut pouvoir récupérer ses fonds lorsque la cloche sonne, il vaut mieux se positionner sur des CAT. Les horizons donnés par les PF de crowdfunding immobilier ne peuvent être, a fortiori dans la conjoncture actuelle, qu’indicatifs.