« Un grand saut dans l'inconnu ». Après la censure du gouvernement de Michel Barnier, mercredi 4 décembre, suite à la motion déposée par le Nouveau Front populaire et qui a rallié 331 députés, la France rentre dans une période d'incertitudes, notamment pour les finances des ménages.
Sur le volet du crédit immobilier, que pourrait-il advenir dans les prochaines semaines ? « C'est un grand saut dans l'inconnu qui nous attend dans les prochains jours, estime Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux. Comment vont réagir les marchés financiers, c'est-à-dire ceux qui prêtent de l'argent à l'Etat mais également aux banques face à cette nouvelle crise institutionnelle ? Quand vous prêtez, vous aimez savoir que votre débiteur est solvable et fiable. »
La fin du gouvernement Barnier pourrait donc avoir un impact sur les taux de crédit immobilier, même si en décembre, en anticipation d'une nouvelle baisse des taux de la BCE, les banques ont continué à proposer des barèmes en baisse pour le onzième mois consécutif. Deux scenarii sont désormais possibles : si les marchés financiers s'inquiètent, les OAT 10 ans (le taux fixe auquel l'Etat français emprunte sur 10 ans, NDLR) pourraient augmenter. Actuellement, ce taux est fixé autour de 2,87%. Dans ce cas, la hausse devrait se répercuter sur les taux de crédit.
La possibilité d'un scénario favorable
Mais certains professionnels du secteur envisagent un autre scenario, plus favorable aux emprunteurs. Dans un communiqué, le courtier Vousfinancer estime ainsi que « plusieurs éléments permettent de limiter le scénario d'une hausse des taux de crédit ». Le courtier se base tout d'abord sur la dissolution de juin et les élections qui avaient suivi, arguant que cette séquence n'avait finalement pas eu d'impact sur les taux de crédit.
De plus, « l'influence des taux d'emprunt d'Etat sur les taux de crédit est moindre depuis quelques années. L'inflation, les taux directeurs de la Banque centrale européenne mais surtout la politique commerciale des banques influent également sur le niveau des taux de crédit. Ainsi fin 2022, les taux d'emprunt d'Etat étaient à 3% alors que les banques prêtaient à 2,30% sur 20 ans, soit un point de moins que maintenant », note Vousfinancer dans son communiqué.
Enfin, après deux années compliquées, les banques sont toujours en forte conquête. « C'est pourquoi, pour le mois de décembre, elles sont encore nombreuses à baisser leurs taux, de 0,05 à 0,20 point, mais aussi à prolonger les prêts bonifiés qui devaient s'arrêter au 31/12/2024, témoignant ainsi de politiques commerciales attractives auxquelles pourraient nuire une hausse des taux de crédit. » Ainsi, malgré l'incertitude, les banques pourraient continuer à protéger les emprunteurs.