MAJ Juin 2023 (1/2)
Le psychodrame du plafond de la dette étant évacué, et le plafond relevé, on va revenir sur les bonnes vieilles interrogations qui ont alimenté les débats des derniers mois au sujet de l'économie US et sur la (re)tenue des marchés financiers :
Rapport sur l'emploi US, réunion du FOMC les 13 et 14 juin, IPC US pour le mois de mai (Indice des prix à la consommation) publié le 13 juin.

Sur le plan conjoncturel, l’inflation américaine (IPC) ressort à 4,9% en avril.
Les perspectives de croissance et d'inflation restent incertaines.
L'inflation est clairement orientée à la baisse, le pic aux Etats-Unis ayant été atteint il y a 1 an. Mais la décrue reste lente.
L'économie US se dirige vers un ralentissement (soft landing), plutôt que vers un arrêt brutal (hard landing). Les marchés du travail américain et européen restent dynamiques. Ce qui est de nature à soutenir les dépenses de consommation des ménages.
Ces incertitudes alimentent le pessimisme des gérants d'actifs. Rarement, nous avons eu autant d’investisseurs baissiers et les positions short sur les actions sont historiquement élevées. Le résultat est, selon S&P Global, une sous-performance vis-à-vis du S&P 500 et du Dow Jones pour 80% des gérants actifs de fonds en actions.
Presque tout le monde attend LA correction.
A l'inverse, les fonds quantitatifs basés sur les algorithmes achètent des actions à un rythme soutenu. Une récente étude de Bank of America résumant les vues des investisseurs a démontré que la résilience des bourses est due à l'activité acheteuse des fonds quantitatifs.
Une poursuite du reflux de l'inflation ces prochains mois est un facteur positif, en particulier pour le segment Croissance, et plus particulièrement aux Big Tech.
Leur hausse récente est un rattrapage sur 2022 qui a vu le cours de beaucoup d'entre-elles être divisé par 3 ou 4.
Mais tout n'est pas rose pour autant :
Les hausses de taux d’intérêt commencent seulement à se faire sentir. Les difficultés des banques régionales américaines en sont les 1ers signes.
Des difficultés qui pourraient assécher le crédit
Des banques régionales qui sont vitales au tissu économique américain, celui des petites et moyennes entreprises. Ces entreprises sont principalement en affaires avec les banques régionales.
La crise des banques régionales est donc à prendre très au sérieux car toute aggravation pourrait mettre l’économie américaine en difficulté.
Un risque à prendre en compte dès maintenant réside désormais dans une remontée significative et durable des taux de défaut des entreprises.
Les entreprises doivent faire face à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés qu’il y a 2 ans.
10 ans français (en bleu) vs 10 ans US (en mauve) :
L’effet d’une hausse de taux sur les marges bénéficiaires se propage généralement avec 9 à 12 mois de retard car les entreprises ne renouvellent pas toute leur dette chaque année. Les entreprises les plus endettées vont néanmoins connaître des conditions de refinancement de plus en plus dures.
La hausse des taux continuera à peser sur les entreprises qui ont émis des emprunts pendant l'ère pandémique des taux ultra-bas, et elles devront soit les rembourser, soit les refinancer (rouler la dette), a déclaré Bryant Van Cronkhite, gestionnaire de portefeuille senior chez Allspring Investments.
La remontée des taux de défaut des entreprises au cours des prochains trimestres est à prendre très au sérieux.
Ce phénomène d’ordre conjoncturel pourrait conduire à connaitre des taux de défaut particulièrement élevés, similaires aux précédents records, proches de 12% pour la dette High Yield US (1991, 2002, 2009) contre une moyenne de long terme de 3,5%, et seulement 1% en 2022.
A retenir :
-> A ce stade il est préférable
d’investir dans des sociétés à faible endettement.
-> L’inflation a un impact négatif significatif sur les marges des entreprises qui n’ont pas la capacité de répercuter les hausses de prix sur le consommateur final.
Les entreprises à fort pricing power (ou pouvoir de fixation des prix)
ont un avantage dans cet environnement.
Si l’on combine faible endettement, fort pricing power et croissance résiliente et long-terme, on obtient des sociétés très prisées par de nombreux investisseurs à ce stade du cycle économique. Ce qui implique souvent des valorisations élevées... On ne peut pas tout avoir!
En conclusion, mon schéma directeur ne change pas :
Les valeurs de croissance sont privilégiées.
J'étais déjà exposé aux valeurs qui font l'actualité de l'IA :
Microsoft, NVidia et, dans une moindre mesure,
Alphabet.
Je vais continuer de renforcer
Microsoft.
Sur
NVidia, je ne sais pas quoi faire.. Garder, c'est sûr. Renforcer est tentant. Certains mettent en avant une valo trop élevée..
Je les renvoie à la phrase un peu plus haut où il est écrit qu'une entreprise de qualité a forcément une valorisation élevée.
Et, finalement, si on regarde le PER de NVidia, il est estimé à 63x pour 2024. On est presque sur des PER du Luxe français!!
Si la hausse a été fulgurante, il faut relativiser :
La taille du marché de l’IA est absolument colossale. Estimée à plus de 135 Mds$ en 2022, elle devrait afficher une croissance annuelle de plus de 35% entre 2023 et 2030 ! C’est titanesque.
La position de leader de NVidia dans le domaine de l'IA est le fruit d'une décennie et demie de travail sous la houlette de son PDG, Jensen Huang.
Au milieu des années 2000, Jensen Huang et son équipe ont lancé une plateforme logicielle appelée CUDA pour permettre aux développeurs de logiciels de programmer les puces Nvidia.
Cela a donné le coup d'envoi d'une vague de nouvelles utilisations, dont les laboratoires universitaires qui utilisaient ses puces pour travailler sur l'IA.
Depuis, Nvidia a mis sur le marché une série d'outils matériels et logiciels spécialement conçus pour permettre aux chercheurs en IA de créer des systèmes informatiques massifs constitués de dizaines de milliers de puces Nvidia.
Nvidia pourrait être l'un des principaux bénéficiaires de l'adoption de l'IA par les entreprises.
"À l'avenir, toutes les grandes entreprises auront également des usines d'IA, et vous construirez et produirez l'intelligence de votre entreprise", a déclaré M. Huang lors du récent salon Computex à Taipei (fin mai 2023), où il a également annoncé de nouveaux produits et partenariats de Nvidia.
Des annonces de partenariat avec NVidia qui sont presque quotidienne actuellement.
Comme pour la ruée vers l'or, ce ne sont pas les orpailleurs qui ont fait fortune, mais les vendeurs de pelles!
Malgré tout, renforcer après une telle envolée est plutôt inconfortable, mentalement parlant!
Donc, je temporise sur NVidia.