MAJ Mai 2022 (post 1/2)
Soft landing ou hard landing ?
La FED a augmenté ses taux de 50 points de base le 4 mai (la plus forte hausse depuis plus de 20 ans), après une première hausse de 25 points de base en mars, et avant de nouvelles hausses, probablement de 50 points de bases, ces prochains mois.
"La question de savoir si nous pouvons exécuter un atterrissage en douceur (soft landing), ou non, cela peut en réalité dépendre de facteurs que nous ne contrôlons pas. Un atterrissage en douceur signifie simplement ramener l'inflation à 2% tout en conservant un marché du travail solide.", a déclaré M. Powell.
Et d'ajouter : "La remontée des taux pour juguler l'inflation ne sera pas indolore"
Après avoir trop attendu, assurant que l'inflation était transitoire, M. Powell a opéré un virage à 180° en devenant très "hawkish" dans sa gestion de la lutte contre l'inflation.
Les propos de M. Powell dressent le tableau pour les prochains mois, et ont de quoi inquiéter.
Globalement, les équipes de gestion de Morgan Stanley pensent que les investisseurs semblent sous-estimer le cycle de resserrement monétaire de la FED et l'inflation devrait s'établir à des niveaux élevés.
Quant à Michael Hewson, analyste de CMC Markets, il estime que "Le contexte global reste plombé par les inquiétudes concernant un ralentissement de la croissance et une inflation galopante, augmentant les craintes d'une stagflation imminente et d'une possible récession".
La forte volatilité constatée sur les marchés est le résultat de la confrontation du sentiment des investisseurs, qui s'enflamment à la moindre bonne nouvelle, pour saborder le marché dès que le vent tourne. Et ce, parfois dans la même journée.
Alstom qui a annoncé ses résultats cette semaine a d'abord progressé de 5% le matin de la publication, avant de décrocher de 20% dans les heures suivantes pour finir en baisse presque modérée de 5%.
Shop Apotheke (que j'ai en portefeuille), valeur allemande de vente en ligne de produits pharmaceutiques, a perdu 20% le 10 mai sur une rumeur de retard dans le déploiement de l'e-prescription en Allemagne... Pour regagner 19% le lendemain sur la rumeur inverse, puis encore 10% 2 jours plus tard.
La nervosité est extrême, et risque d'augmenter ces prochains mois.
Difficile, dans ces conditions, de maintenir un cap contre vents et marées quand les vents deviennent trop violents.
Un atterrissage en douceur (soft landing) serait largement favorable aux valeurs défensives :
La consommation de base, les services aux collectivités (utilities), ou le secteur de la santé.
Des secteurs qui sont en tête des indices sectoriels européens :
1er - STOXX Europe 600 Oil & Gas +20.99% YTD
2ème - STOXX Europe 600 Basic Resources + 7.88%
3ème - STOXX Europe 600 Telecommunications +2.78%
4ème - STOXX Europe 600 Utilities -2.70%
5ème - STOXX Europe 600 Health Care -4.37%
6ème - STOXX Europe 600 Consumer Staples -4.72%
On le voit à ce classement, un momentum favorable n'est pas pour autant synonyme de performance positive.
La conso de base est à -4,72% depuis le début d'année... C'est beaucoup mieux que le secteur de la tech, en baisse de 25%... Mais c'est quand même négatif alors que l'on cherche de la performance en investissant en bourse.
Peu de secteurs performent, et si une récession se profile, plus aucun secteur ne sera dans le vert.
Au simple ralentissement de l'économie favorable aux défensives, s'oppose le risque de l'atterrissage incontrôlé (le hard landing) qui n'est autre qu'une récession.
Dans ce cas-là, toutes les classes d'actifs seraient frappées.
Aux États-Unis, par exemple, depuis 1937, la baisse moyenne du marché des actions due à la récession, telle que mesurée par Le S&P 500, a été de 32 %, ce qui constitue un affaiblissement significatif de tout portefeuille boursier.
Abandonnez alors l'idée de composer avec la value, ou les actions offrant un bon pricing power, ou les titres défensifs. Tout baisse.
Par contre, comme Warren Buffett aime à le dire, et à le faire, c'est le moment idéal pour construire un portefeuille d'actions qui sera très rentable une fois que la croissance économique redémarrera... Je prends note de son conseil.
La perfusion euphorisante mise en place depuis tant d'années par les banques centrales est en cours d'arrêt et va être retirée. Comment le malade va-t-il le supporter?
Les stratégistes de Bank of America rappellent que les récessions sont généralement précédées par des alertes des entreprises sur leurs perspectives d'activité.
C'est justement ce que l'on commence à entendre un peu partout de la part des entreprises.
Du ralentissement de la croissance, à l'inflation, en passant par les problèmes de chaînes d'approvisionnement, le conflit en Ukraine et le Covid-19, en particulier avec la situation en Chine : Force est de constater que les motifs d'inquiétude fleurissent.
J'ai fini par en prendre mon parti :
L'heure n'est plus aux achats à bon compte sur repli, et ça ne manque pas, mais à la réduction du risque dans le portefeuille.
Je réduis les positions en profitant de sursauts haussiers, et en liquidant des petites lignes, même si elles sont en MV.
Je réduis le portefeuille, mais je renforce (malgré tout) au cas par cas les positions sur les valeurs défensives.
Le secteur de l'énergie garde un attrait particulier du fait de la guerre en Ukraine :
La dépendance à la Russie pour notre énergie montre que la transition énergétique (l'urgence climatique) engagée par l'Europe se double maintenant d'une notion de sécurité énergétique afin de s'affranchir de cette dépendance.
Le large secteur énergie/utilities/énergies renouvelables prend donc une dimension particulière et me paraît attrayant, et sans doute pour longtemps.
Dans le cadre de son paquet législatif sur le climat "Fit for 55" présenté en juillet 2021, les capacités solaires et éoliennes de l’Europe doubleraient d’ici 2025 et tripleraient d’ici 2030.
L’initiative REPowerEU, née de la guerre en Ukraine, se donne 2 axes : A la diversification de nos sources d'approvisionnement en énergie et d'économies d'énergie, s'ajoute un volet d'augmentation de la production d'énergie renouvelable.
Ce qui devrait dynamiser le secteur, dont l'Europe possède 4 des 5 plus grandes sociétés d’énergies renouvelables au monde :
1- Orsted A/S
2- Iberdrola SA
4- Vestas Wind Systems
5- Siemens Gamesa
Les 2 premières sont également des fournisseurs d'électricité (utilities).
On le voit, il n'y a plus de frontières entre les sous-secteurs de l'énergie. TotalEnergies ou Equinor investissent massivement dans les énergies renouvelables, ou des utilities comme Iberdrola (1er producteur mondial d'énergie éolienne), qui deviennent aussi producteur d'électricité verte.
-> Iberdrola a été renforcée et j'ai commencé une ligne, modeste pour l'instant, sur Orsted.
-> Le titre EDP Renovaveis (4ème acteur mondial du secteur des EnR) a été renforcé.
Consommation de base :
Nestlé, valeur de conso de base par excellence, diversifiée et bien gérée, est entrée en portefeuille, ainsi que Coca-Cola.
Pas d'actu sur les valeurs de l'armement :
Elles semblent avoir fait le plein et connaissent quelques prises de bénéfices depuis quelques semaines.
J'ai allégé à la marge sur Thalès et Rheinmetall et réduit de 2/3 la position sur Hensoldt. C'est le titre le plus volatil et réactif au contexte international. En baisse de 11% en 1 mois, il reste en hausse conséquente de 68% sur 6 mois. Je préfère réduire la voilure, ce qui contribue à diminuer la volatilité globale du portefeuille.
Les matières 1ères :
Diminution de l'activité économique, peut-être une récession à venir, je préfère sortir du secteur à un moment où les actions sont au plus haut (alors que le mois dernier je comptais garder les lignes) :
Eramet (manganèse et nickel) a multiplié son cours par 8 en 2 ans. Norsk Hydro (aluminium) l'a multiplié par 5. Freeport McMoran (cuivre) l'a multiplié par 12.
De telles hausses s'accordent mal d'une baisse d'activité économique à venir.
J'ai préféré prendre mes bénéfices et solder les positions.
1 seule valeur reste en portefeuille : Pilbara Minerals Ltd, entreprise australienne qui exploite la mine Pilgangoora, l'un des plus importants nouveaux gisements de lithium au monde.