Bonsoir
Les garanties sont activables et nous les activons systématiquement, mais en France nous ne pouvons nous faire justice tout seul, donc à chaque fois il faut aller chercher une requête auprès du tribunal de commerce, parfois prendre des avocats, obtenir un titre exécutoire et saisir un huissier pour aller les exécuter. Tout ça prend des mois car les tribunaux sont surchargés. Et malheureusement dans la très grande majorité des cas, si l’opérateur ne peut rembourser, c’est parce qu il n’a pas vendu donc il a des stocks mais pas de trésorerie tant que les ventes ne sont pas passées. Et dans le contexte actuel les opérateurs expliquent qu ils « vendent » 3 à 5 fois avant de réellement vendre (car les conditions suspensives des acquéreurs, notamment de financement, ne sont pas levées). Il’ n’y a pas un problème de fond, pendant des années le crowdfunding a très bien fonctionné car le pilotage des trésoreries par les opérateurs était leur « core business », ils achetaient, ils construisaient, vendaient, remboursaient, ré-empruntaient pour racheter, construire, puis revendre…dans une économie qui tourne normalement, cela marche très bien. Tout le monde est gagnant et le crowdfunding a permis à des investisseurs particuliers de profiter de rendements qui auparavant ne leur étaient pas accessibles. Sauf que depuis 18 mois la machine s’est enrayée de par une multiplicité de facteurs (Inflation, normes environnementales, arrêt des financements, instabilité économique, fiscale et politique) et les opérateurs, dont l’endettement était le business Model, se retrouvent pris en étau. Les garanties en temps normal fonctionnent, mais dans une période où tout est bloqué, elles ne sont plus autant efficaces. Mais encore une fois, le pb n’est pas le crowdfunding, qui est qu’une solution de financement parmi beaucoup d’autres, puisque tous ceux qui ont financé sont face aux mêmes problèmes, c’est l’immobilier au sens large qui a un problème. Quand vous n’avez plus d’acheteurs et que l’argent ne tourne plus, il arrive ce qu il se passe aujourd’hui.
Peu d’opérateurs se finançaient sur fonds propres exclusivement, car justement tout tournait autour de l’effet levier que constituait l’endettement.
Les plateformes ont toujours exposé les risques et prôné la diversification, mais personne n’avait imaginé un jour que tous les éléments se déchaîneraient en même temps. Aucune plateforme ne décide au doigt mouillé des projets à financer, nous avons de procédures d’audit, des équipes formées, des obligations réglementaires, des comités d’experts. Chez WiSEED chaque dossier est revu par au minimum 3 à 4 personnes et validé uniquement en comité par des experts internes ou externes. Chaque décision d’investissement est prise en accord avec l’ensemble des intervenants et les dossiers sont suivis tous les 3 mois via des reportings obligatoires.
Quand un dossier est en retard, nous le reanalysons intégralement sur pièces, nous échangeons avec l’opérateur et un comité de prorogations approuve collectivement les décisions. Envoyer les opérateurs en RJ en exigeant la ou les dettes alors qu’il n’a pas vendu obère les probabilités de remboursement, et confier la situation à des administrateurs judiciaires actuellement sous l’eau ne résoudra rien, raison pour laquelle la seule solution est bien souvent la patience.
Fort heureusement la grande majorité des projets se rembourse en temps et en heure, avec des fois quelques semaines de retard mais rien de significatif puisque le TRI ne change pas et les intérêts sont ajustés.
Bien à vous