Après deux années de forte contraction, le marché du crédit immobilier poursuit sa guérison. D'après le courtier CAFPI, la dynamique enclenchée en 2024 s'est prolongée cette année grâce à la baisse des taux d'intérêt enregistrée au premier semestre. Le taux moyen sur 25 ans est ainsi passé de 3,70% à 3,29% en un an.
Mais depuis la rentrée, les turbulences politiques et la remontée des OAT (autour de 3,50%), les obligations d'État à dix ans de la France sur lesquelles les banques se basent pour fixer leurs taux immobiliers, ont ralenti cette décrue. Les courtiers observent désormais une stabilisation autour de 3,20% sur 20 ans et 3,30% sur 25 ans, des niveaux encore attractifs mais qui marquent la fin de la détente observée depuis le printemps.
Des conditions de crédit toujours favorables
Pour Caroline Arnould, directrice générale de CAFPI, la situation reste saine : « Les taux auxquels l'État français emprunte n'ont que très peu augmenté depuis la démission du gouvernement Lecornu. » Selon elle, même en cas de blocage politique prolongé, l'impact sur le crédit devrait « rester contenu ».
Les établissements bancaires semblent partager ce diagnostic. Malgré la hausse de leurs coûts de refinancement, ils continuent de proposer des conditions favorables afin de soutenir leur production de crédit, un levier stratégique dans leur volonté de capter de nouveaux clients.
Artémis courtage note la même tendance : « Les banques continuent de prêter pour financer les projets immobiliers, malgré les fortes incertitudes, ce qui est rassurant », insiste Ludovic Huzieux, son cofondateur. L'intermédiaire souligne une reprise de confiance notable des ménages, avec un retour en force des primo-accédants : ils représentent 42% des clients en 2025, contre 29% en 2024, dopés par le nouveau prêt à taux zéro et par plusieurs prêts bonifiés octroyés par les banques.
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De plus, le moral des emprunteurs semble rester haut. La baisse amorcée depuis 2024 a permis de repasser sous le niveau clé des 3,5% pour les taux de crédit, seuil jugé « trop élevé » par la majorité des emprunteurs. Résultat, selon CAFPI, si 68% des Français estiment que le contexte reste incertain, plus d'un sur deux continue de considérer l'immobilier comme une valeur refuge. Près de la moitié anticipent même une hausse des prix et des taux dans les prochains mois, preuve d'un optimisme structurel vis-à-vis du marché résidentiel.
Reste à savoir si la conjoncture politique viendra conforter ou fragiliser cette reprise. CAFPI appelle le nouveau gouvernement Lecornu 2 à « transformer l'essai » en menant une politique du logement claire et durable. Le courtier plaide notamment pour stabiliser la fiscalité locative sur dix ans, créer un statut rénové du bailleur privé, et assouplir les règles d'octroi du crédit en relevant le taux d'endettement plafond ou en allongeant les durées de prêt.
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