MAJ septembre 2025 (1/2) - Septembre, le mois maudit…. Sauf cette année!
Ou peut-être reprendre le titre en entête de page d'accueil de zonebourse de ce samedi 20 septembre :
"Les arbres monteraient-ils jusqu'au ciel ?"
Les 2 dernières semaines de septembre sont, historiquement, les plus mauvaises de l’année depuis 1950, confirmant l’idée d’un calendrier difficilement favorable aux marchés.
Éviter uniquement septembre dans une stratégie B&H du S&P 500 (période 1950–2020) aurait amélioré le rendement cumulé de 17 points de pourcentage, avec une réduction de la volatilité de 5%.
Oui mais voilà, septembre 2025 s'affiche, à quelques jours de la fin du mois, comme étant un excellent mois boursier.
"L'économie mondiale continue de faire preuve d'une résilience considérable dans un contexte d'incertitudes politiques et économiques accrues", ont récemment résumé les économistes de BNP Paribas, relevant
"des conditions financières favorables, des bilans robustes des ménages et des entreprises, la promesse d'une hausse de la productivité induite par l'intelligence artificielle et la baisse des prix de l'énergie, entre autres facteurs."
La guerre commerciale, avec les droits de douane en particulier, ne s'est pas concrétisée et le transport maritime mondial se maintient. Du moins, pour l'instant.
Dans ce contexte, l'économie mondiale continue sa marche en avant.
Aux Etats-Unis, la croissance économique caracole à +3,3% au T2 2025, et pourtant la FED vient de baisser ses taux d'intérêt.
C'est à n'y plus rien comprendre.
Normalement, c'est la baisse d'activité économique qui incite une banque centrale à baisser les taux afin de la soutenir et la relancer.
Les Etats-Unis sont confrontés à un double effet inverse : L'activité reste soutenue (+3,3% en rythme annuel au T2 2025), l'inflation donne des signes de reprise très modérée pour l'instant et l'emploi donne des signes de faiblesse avec une remontée du taux de chômage à 4,3% de la population active du pays.
Ce qui pose un problème à la FED qui a pour objectif de brider l'inflation et de soutenir l'emploi.
Quand il s'agit de faire un choix, comme c'est le cas ici, la FED a toujours privilégié l'emploi.
Il en a été ainsi cette fois-ci.

Taux avant la baisse de la FED.
La FED a décidé mercredi 17/09/2025 de réduire son principal taux directeur d’un quart de point, le plaçant dans une fourchette de 4% à 4,25%.
Cette décision intervient alors que le chômage est monté à 4,3% en août, son plus haut depuis octobre 2021.
Cette baisse, adoptée à 11 voix contre 1 (Stephen Miran, allié de Trump), s’accompagne d’une projection de 2 autres réductions d’ici la fin de l’année, reflétant l’inquiétude croissante de l’institution face à un ralentissement du marché de l’emploi.
Second point à souligner, les membres de la Fed n'entrevoient en moyenne que 3 baisses de taux pour rééquilibrer les grands agrégats économiques américains (c’est-à-dire stabiliser le marché du travail et juguler l'inflation). Si on part du principe qu'il y en aura 2 cette année, cela signifie qu'il n'y en aurait qu'une en 2026, ce qui ramènerait les taux directeurs dans la fourchette 3,25 à 3,50%.
Oui, mais voilà,
Jerome Powell va être remplacé en mai 2026 par un pro Trump.
Trump veut des taux bas, le plus bas possible. Et il les aura dès qu'il aura remplacé Jerome Powell.
Il considère que le président de la Fed, Powell, est la principale cause de la stagnation du taux directeur depuis des mois. Il a appelé à plusieurs reprises à la démission de Powell, le qualifiant notamment de "M. Tardif" et "d'idiot obstiné".
Les attaques de Trump contre le président de la Fed, Powell, et la confirmation de Miran au conseil d'administration de la Fed suscitent des inquiétudes mondiales quant à l'indépendance de la plus importante banque centrale du monde.
Des taux d'intérêt directeurs plus bas vont stimuler l'économie. C'est leur but. Mais peut-être trop la stimuler alors qu'elle est déjà à 3,3% en rythme annuel au T2 2025. Ceci avec une inflation engagée sur une pente haussière alors que le germe inflationniste contenu dans les droits de douane ne s'est pas encore diffusé dans l'économie US. Une conséquence que refuse d'admettre D.Trump.
Pour ne rien arranger, la baisse des taux US réduit l'attrait du dollar américain et renforce l'euro.
Les entreprises et la population américaines doivent payer plus cher les produits importés. C'est qui va faire monter l'inflation.
Pour nous, Européens, c'est l'inverse : La baisse de l'USD induit des prix plus bas sur les produits américains, et principalement sur le prix du pétrole puisque exprimé en USD. Le consommateur européen est gagnant, mais pas nos entreprises exportatrices qui sont frappées par la double peine de la hausse des droits de douane couplée à la hausse de l'EUR.
Loin de toutes ces considérations, les marchés en redemandent, évidemment puisque toute baisse de taux est un puissant moteur pour les marchés actions US.
En bourse, les secteurs exposés à des niveaux d'endettement élevés, tels que les petites capitalisations, les services publics de distribution et les biens immobiliers, sont susceptibles de bénéficier de taux d'intérêt plus bas.
En outre, les actifs liés aux produits de base tels que les métaux industriels sensibles à la croissance et l'énergie, en particulier le pétrole brut et le cuivre, valent la peine d'être surveillés.
Et de parler de "Jumbo rate cut" (Baisse massive des taux d'intérêt) aux Etats-Unis, la nouvelle expression tendance dans les salles de marché.
Si Trump veut des taux bas, il fera tout pour les avoir !
D'une estimation 3,25 à 3,50% avec Powell, son remplaçant pourrait augmenter les baisses de taux (Jumbo rate cut) pour les porter à, peut-être, 2% à terme.
Tout dépend si la fonction occupée par le nouveau locataire de la FED l'emporte, ou non, sur son allégeance à D.Trump.
En effet, situation déjà vérifiée dans le passé, un président nouvellement installé à la FED a pris conscience de sa responsabilité dans la conduite de l'économie US et s'est affranchi des injonctions du président US de l'époque qui voulait aussi une FED aux ordres.
"Les arbres monteraient-ils jusqu'au ciel ?"
La valorisation des actions (S&P500) est revenue au voisinage des précédents pics historiques (1929, 1965, 1999, 2021), en contradiction avec la montée de grands risques macro-financiers (inflation, dette publique, fragmentation économique, refonte du système monétaire internationale, indépendance de la Fed, tensions géopolitiques).
Une situation très inconfortable pour nous autres, investisseurs petits ou grands en bourse.
Faisant fi de tous les nuages noirs qui s'amoncèlent, les marchés progressent et rien ne semble capable d'y mettre un terme.
Alors le "FOMO" (Fear of Missing Out ou peur de manquer une opportunité) guette :
Redoutant de passer à côté d'un mouvement haussier, on agit de manière impulsive en achetant dans la précipitation au risque d'acheter au sommet du marché.
Le plus gros problème serait que la FED baisse exagérément les taux provoquant un emballement de l'économie US et une hausse importante de l'inflation.
"L’intervention des gouvernements dans la politique monétaire entraîne ensuite inflation et hausse des taux d’intérêt ; ce n’est pas une théorie, mais une preuve historique." a récemment fait remarquer Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne.