MAJ avril 2024 (1/3) - Soft landing, hard landing... Et si finalement c'était NO landing, ou, pire, la Surchauffe ?
Désolé pour le retard de publication. Le CR était prêt depuis une dizaine de jours, et boum badaboum, en l'espace de 10 jours le paysage macroéconomique et géopolitique a été complètement chamboulé. Les perspectives bien cadrées sur l'activité et sur les taux volent en éclat et l'horizon boursier devient subitement tellement flou qu'il n'est plus possible de se projeter dans un future proche, et encore moins de mener un scénario boursier quand on sait que le placement en actions requiert du temps long.
Pour ne rien arranger, le Proche-Orient est au bord de l'explosion.
La meilleure image pour illustrer ce changement de perception des marchés par les investisseurs est celle de mon portefeuille. Alors qu'il affichait une hausse YTD de plus de 15% il y a 2 semaines... La hausse est ramenée ce week-end à +10,48% YTD.
5% de performance partis en fumée, c'est 15000€ de valo en moins.
La période est tourmentée. Il me semble donc préférable d'éviter de prendre d'importantes positions, et même de regarnir un peu la cartouchière dans l'espoir de réaliser quelques bonnes prises si jamais les marchés poursuivent leur correction.
La saison des trimestriels vient de commencer et va apporter son lot de volatilité au gré des publications. Viendra (peut-être) ensuite la 1ère baisse de taux de la part de la BCE... C'est ce que nous pouvons espérer. Je veux bien aller allumer un cierge si j'étais sûr que le faire aura un impact sur cette décision attendue de la BCE !
Bon, reprenons avec un peu de macro actualisée aux récentes données divulguées.
Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage stagnent, signe que le marché du travail reste solide.
Plusieurs indicateurs publiés dernièrement ont montré que l’activité américaine est toujours relativement dynamique.
Le principal facteur à l'origine d'un éventuel «no landing» vient de la force du marché du travail et de la vigueur de la consommation qui en découle. Aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe, l'emploi reste solide, éloignant l'idée d'une récession à court terme. C'est pourquoi il est nécessaire de surveiller de près les données relatives aux demandes d'allocations chômage et à l'inflation salariale, qui peuvent être les indicateurs d'un scénario de "no landing".
Un "no landing" signifie que l'économie continue de croître et l'inflation de baisser. L’année 2024 serait une extension de 2023.
Si l'on considère les États-Unis comme la principale économie, cela signifie que la Réserve fédérale pourrait se permettre de maintenir les taux d'intérêt à un niveau plus élevé plus longtemps qu'elle ne l'aurait fait dans un environnement d’affaiblissement économique ou de récession.
En début d'année, les marchés financiers tablaient sur 6 réductions des taux directeurs par la Fed au cours de l'année.
Les surprises en matière d’inflation US ont mis à mal ces attentes.
Les marchés ne prévoient plus que
2 baisses en 2024, alors que la FED continue d’anticiper 75 points de base de baisse cette année, soit 3 baisses à 25 pts de base.
La 1ère baisse attendue pour juin ayant pris du plomb dans l'aile, il devient difficile d'envisager 3, ou même seulement 2 baisses des taux en automne alors que l'élection présidentielle US sera proche.
Élément supplémentaire d'indécision sur ces baisses, le FMI vient de publier, le 16 avril, ses prévisions de croissance mondiale et s'inquiète de la vigueur de l'économie américaine.
Le FMI estime que la croissance américaine devrait atteindre 2,7 % et non 2,1 % comme avancé au début de l'année,
et n'hésite pas à parler de surchauffe aux Etats-Unis.
"Les solides performances récentes des Etats-Unis reflètent une forte croissance de la productivité et de l'emploi, mais aussi une forte demande dans une économie qui reste en surchauffe", a commenté le chef économiste du FMI.
Alors que de nombreux stratèges financiers nous bassinent depuis 2 ans sur une entrée prochaine des Etats-Unis en récession... Le FMI parle de surchauffe !
De quoi perturber sérieusement les investisseurs, et brouiller complètement toute envie d'établir des prévisions à court ou moyen terme.
Or, la bourse est du temps long et repose sur les prévisions économiques.
Les investisseurs savent qu’une réduction des taux directeurs à un moment où l’économie est supérieure à la tendance, et où le taux de chômage est encore proche de son niveau le plus bas risque d’entraîner une nouvelle vague d’inflation. La conséquence étant que le cycle d’assouplissement de la Fed sera historiquement peu marqué, avec des taux finalement plus élevés sur une plus longue durée.
Etant la première économie mondiale, les Etats-Unis donnent généralement le ton de la politique monétaire des économies avancées. Les banques centrales mondiales attendent ainsi un signal de la Fed avant d’entamer leurs cycles d’assouplissement.
Or, à l'inverse des Etats-Unis, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE) sont aux prises avec des économies faibles et doivent davantage assouplir leur politique monétaire que la Réserve fédérale. Elles attendent d’avoir suffisamment confiance en une désinflation durable avant de réduire leurs taux.
Il faut dire que le passé est riche d'enseignements sur les risques à réduire les taux avant un retour durable de l’inflation à son niveau cible.
Dans les années 70, pour contrer l'inflation, la Fed avait alors augmenté fortement les taux d’intérêt au cours de cette période (comme pour la période actuelle). Elle a ensuite voulu assouplir sa politique monétaire, en réduisant les taux d’intérêt avant une baisse de l’inflation à des niveaux compatibles avec la stabilité des prix. Il en a résulté une reprise des tensions sur ces derniers.
Probablement est-ce ce que craignent les banques centrales, autant la FED que la BCE.
Etats-Unis :
Le marché des futures prévoyait en début d'année 6 baisses de taux d'intérêt sur l’ensemble de l’année 2024, soit une réduction cumulée de 1,8%.
Ces perspectives ont subi depuis lors un ajustement conséquent, les attentes ayant été ramenées à 3 baisses de taux, pour un total de 1%.
3 baisses de taux qui ont également été actées par le FOMC lors de sa réunion du mois dernier.
Après les derniers chiffres d'activité publiés la semaine dernière (2 au 5 avril), les marchés monétaires tablent désormais sur 2 baisses de taux cette année, contre 3 précédemment, selon les données LSEG.... Et certains acteurs de la finance n'imaginent plus qu'une baisse, et même aucune en 2024.
Les rendements obligataires sont en hausse, à presque 4,64% pour les taux US à 10 ans.
Les bénéfices des entreprises qui commencent à être publiés devraient bénéficier de ce scénario de reprise économique inflationniste.
Mais leur croissance sera-t-elle suffisante à protéger les performances de début d'année d'une déception monétaire et de taux, plus élevés, pour plus longtemps ?
En Europe :
La
BNS a dégainé la première en abaissant, lors de sa réunion de mars, son taux directeur à 1,50% (réduction de 25 points de base) afin de freiner la pression à la hausse sur la monnaie.
Zone Euro... La BCE est aux abonnés absents, pour l'instant. Arrivera-t-elle à s'émanciper de la FED ?
Elle aimerait bien que la FED passe à l'action la 1ère, mais le contexte économique est diamétralement opposé de part et d'autre de l'Atlantique.
Au risque de surchauffe US, la zone Euro est en perdition et a besoin de cette baisse des taux directeurs, surtout que l'inflation est retombée en dessous de 3%, se rapprochant ainsi de l'objectif de 2%.
En Chine, les efforts déployés par les autorités pour revitaliser l'économie commencent à générer des signes de stabilisation. Le récent passage à une croissance positive des exportations de la Corée du Sud et de Taïwan vers la Chine, après 18 mois de contraction, en est une illustration.
L'activité manufacturière en Chine a progressé en mars à son rythme le plus rapide en treize mois, montre une enquête privée publiée lundi, tandis que la confiance des dirigeants du secteur a atteint un pic de onze mois, dans un contexte de croissance des nouvelles commandes intérieures et venues de l'étranger.
