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Source : Usbek&Rica
Titre et lien : Haine des fonctionnaires : « Le futur de la fonction publique ne passera pas par la digitalisation » [lien réservé abonné]
Titre et lien : Haine des fonctionnaires : « Le futur de la fonction publique ne passera pas par la digitalisation » [lien réservé abonné]
Il y a d’abord la haine qui vient de ce que nous appelons la noblesse managériale publique-privée, qui s’étend des très hauts fonctionnaires aux dirigeants d’entreprise qui interviennent dans les programmes scolaires et aux consultants qui réforment l’hôpital public. Ces personnes dénigrent le travail des fonctionnaires, leur statut et leur modalité de carrière, au nom d’un impératif managérial issu du secteur privé. Dans ce cadre, dire que les fonctionnaires sont trop nombreux, inefficaces ou paresseux, inflexibles sert de justification aux réformes néo-managériales de réduction des effectifs. C’est la haine qui vient d’en haut, de la part des décideurs publics.
Mais cette haine se conjugue à une autre haine, issue cette fois de certains usagers, et notamment des usagers issus des milieux populaires. Ce sont les personnes qui sont de fait les plus en contact avec l’administration de guichet, notamment les personnes dont les conditions de vie sont les plus dépendantes des services publics et qui sont donc affectées de plein fouet par leur dégradation. Un cercle vicieux se met en place : leur haine est largement encouragée par les multiples réformes managériales que subissent les fonctionnaires eux-mêmes et qui désorganisent fortement les services et les conditions de travail.
Il en résulte une troisième haine, la haine des fonctionnaires contre eux-mêmes, c’est-à-dire contre ce qu’ils sont obligés de faire et la manière dont ils sont mis en porte-à-faux par rapport à ce qu’ils envisagent initialement comme des vocations.