Envoyé par Aristide
Si dans un prêt considéré, le hasard des arrondis monétaires faisait qu'il y ait plus d'arrondis par excès que d'arrondis par défaut, le résultat de ce recalcul donnerait un taux réellement appliqué supérieur au taux contractuel.
Dans une telle hypothèse, un emprunteur ne serait-il donc pas tout à fait en droit de contester un calcul d'échéances avec un taux supérieur (même très légèrement) au taux contractuel ?
avocatlex a dit:
Le contrat fixe les termes de paiements découlant de l'application du taux nominal, nécessairement arrondis à leur valeur monétaire.
L’application du taux réel, légèrement différent du taux nominal, conduirait à l'exact chiffrage de ladite échéance, l'arrondi étant par définition exclu.
Dès lors il ne peut y avoir préjudice d'un emprunteur pouvant ouvrir droit à contestation, le chiffrage des termes de remboursement étant bien celui ou ceux fixé(s) à la convention.
Bonjour,
Je suis désolé de revenir à nouveau sur le taux nominal contractuel et le taux nominal réellement appliqué.
Quand une banque émet son offre de prêt à un taux donné, le calcul des termes de paiements est bien fait au moyen de ce taux nominal contractuel (indiqué en mode proportionnel dans la très grande majorité des cas).
C’est ce taux qui est précisé dans les conditions particulières de l’offre de prêt.
Or, du fait de l’arrondi monétaire, dans pratiquement 100% des cas, à la fin de la dernière échéance, il y a un « rompu » de quelques euros/centimes d’euros, sur le capital restant dû.
Dans le dernier terme de paiement, les banques ajustent donc la partie « capital amorti » au capital restant dû juste ex ante, après paiement de l’avant dernière échéance.
Le tableau prévisionnel d’amortissement (termes de paiements numérotés mais non datés) qui en résulte est joint à ladite offre de prêt qui conserve bien le taux contractuel initial.
Si, on procède à un calcul « à l’envers », compte tenu de ces arrondis monétaires et de cet ajustement « capital amorti en ‘’n’’= capital dû en ‘’n-1’’ »,
le taux d’intérêt nominal proportionnel réellement appliqué diffère très légèrement du taux nominal contractuel figurant dans l’offre ainsi que mentionné ci-dessus
En fonction des cas, suivant que les arrondis monétaires par excès soient prépondérants sur ceux par défaut, ou inversement, le taux réel du crédit sera légèrement supérieur ou, au contraire, légèrement inférieur au taux nominal contractuel figurant dans cette offre de prêts.
Les termes de paiements seront certes identiques mais le taux contractuel ne sera pas respecté
Quand le taux réel est inférieur au taux contractuel, cela ne semble en effet pas poser de problème car le prêteur peut « faire un cadeau » à son emprunteur.
Mais dans la situation inverse, cela semble anormal.
Comment un prêteur peut-il légalement appliquer un taux supérieur au taux contractuel même si ce taux résulte de l’arrondi monétaire ?
L’offre de prêt n’indique que ce taux contractuel, et, si un acte authentique doit être rédigé par la suite, le notaire n’aura connaissance que de ce seul taux contractuel et du tableau d’amortissement prévisionnel ci-dessus désigné.
Le taux réellement pratiqué lui sera complètement inconnu qu’il soit supérieur ou inférieur à la réalité
Par contre, le calcul du TEG indiqué dans l’offre reflètera bien la réalité car bien calculé par actualisation des termes de paiements réellement payés.
Dans le fichier Excel joint, j’ai fait trois exemples :
=> Prêt de 100.000€ en 180 mois à 5,70% - 1.000€ de frais de dossier
1) – Sans arrondi monétaire (Bandeau jaune paille)
2) – Avec arrondis monétaires (Bandeau saumon)
3) – Simulation du cas proposé par Elaphus c'est-à-dire une franchise totale en capital et intérêts pendant 10 ans mais lesdits intérêts étant calculés en intérêts simples = pas de capitalisations annuelle. (Bandeau gris)
Dans le premier cas
=> Le capital amorti à l’échéance « n » est strictement égal au capital restant dû en « n-1 »
=> Donc il n’y a pas de rompu sur le capital restant dû à la fin du terme « n »
=> Le taux nominal proportionnel réellement appliqué est strictement égal au taux nominal proportionne contractuel =
5,7000%
=> Le TEG ressort à
5,8560%
Dans le second cas
=> Il y a un
sur amortissement de 1,42€ (823,83€ au lieu de 822,41€)
=> D’où nécessité d’ajuster le capital amorti compris dans la dernière échéance
=> Le taux nominal proportionnel réellement appliqué ressort à
5,7001% donc supérieur au taux contractuel de 5,7000%
=> Le TEG ressort à
5,8561% donc supérieur de 0,0001% au TEG sans arrondi monétaire.
Dans le troisième cas
=> L’incidence est beaucoup plus flagrante mais ne résulte pas, pour l’essentiel, des arrondis monétaires.
Elle vient de la franchise totale calculée en intérêts simples.
=> Mais le problème de fond est identique = un taux réel appliqué différent du taux contractuel
=> Taux nominal proportionnel contractuel =
5,7000%
=> Taux nominal proportionnel réellement appliqué =
4,6783% soit une différence de 1,0217%
=> Le
TEG ressort à
4,7655% donc inférieur au taux nominal contractuel
Si dans le second cas il semble anormal que le taux réel soit supérieur au taux contractuel, dans ce troisième cas il est bien inférieur.
Rappel: dans tous les cas le TEG est corectement calculé par actualisation des réels flux de trésorerie.
Mais
il n’est pas envisageable de d’indiquer ce taux réel de 4,6783% dans l’offre de prêt en remplacement du taux contractuel de 5,70% car, dans cette hypothèse, les intérêts simples de la période de franchise devraient alors être calculés à 4,6783% ce qui, de nouveau, générerait un autre taux réel calculé inférieur et
on rentrerait dans une boucle sans fin.
En conclusions :
=> Même si les échéances sont bien calculées et arrondies suivant les règles de l’arrondi monétaire, l’application d’un taux réel supérieur au taux contractuel me semble poser problème.
Les banques ne devraient-elles pas revoir ce taux de sorte que, recalculé « à l’envers », ce taux réellement appliqué soit au plus égal au taux contractuel ?
=> Dans le cas proposé par Elaphus les deux taux ne devraient-ils pas être indiqués dans les offres et contrats ?
Bien cordialement