La république de l'aumône

Bonjour,
je comprends que @Manu215 ne puisse pas faire valoir ses droits lorsque la santé des patients, sinon leur vie, est en jeu.
Moi-même ne les ai pas fait valoir lorsque j'étais en activité alors que c'était simplement une question de conscience professionnelle. Il faut dire aussi que je travaillais dans un groupe où le capital était entièrement détenus par les salariés ce qui constitue une motivation supplémentaire.
J'ai vécu, "de l'intérieur" si je peux dire (un proche travaillait à l'époque à l'inspection du travail), l'application des lois Aubry 1 et 2 : une vraie usine à gaz et une grossière erreur politique et économique dont on paie, encore aujourd'hui, les conséquences. Le but était louable: diminuer le nombre de chômeurs en partageant le gâteau travail et ce, bien entendu, sans diminution de salaire. Le postulat était faux et la méthode utopique.
Alors il y a eu deux approches: dans la fonction publique, la réduction représentant environ 10% du temps de travail, soit environ 22 jours par an, a été généralement appliquée arithmétiquement. Dans le privé, des accords de branche on été signés et comme par hasard, dans ma branche, ça a été 11 jours de RTT par an et on a remplacé la durée de travail hebdomadaire par la notion de mission: chacun s'est débrouillé avec cet accord bancal, les salaires ayant été maintenus dans un premier temps et les augmentations annuelles modérées.
Bref, il a fallu faire le même travail avec 11 jours de moins dans l'année: en économie on appelle cela un gain de productivité, mot miraculeux cher à l'époque à Martine.
Alors, quand on réduit de 10 % le temps de travail individuel du personnel d'un hôpital, il n'est guère étonnant que ledit personnel soit débordé et qu'il doive faire des heures supplémentaires.
Je simplifie un peu mais la vérité est qu'on ne réduit pas le chômage en réduisant le temps de travail; en tout cas c'est ma conviction.
 
agra07 a dit:
Alors, quand on réduit de 10 % le temps de travail individuel du personnel d'un hôpital, il n'est guère étonnant que ledit personnel soit débordé et qu'il doive faire des heures supplémentaires.
tout à fait, sauf si
agra07 a dit:
diminuer le nombre de chômeurs en partageant le gâteau travail
effectivement, la réduction du temps de travail devait s'accompagner d'une augmentation du nombre de postes (ici de fonctionnaires hospitaliers)
Ce ne sont pas les 35 h qui ont ruiné la santé et le pays , mais la non application de l'obligation d'embauche, et l'état a été le premier à montrer le mauvais exemple, en ne créant pas exactement , l'équivalent des 10% de temps de travail en moins, en nouveaux postes;
La méthode a sans doute été mauvaise, une 6ème semaine de congés(jours à répartir dans l'année) aurait sans doute fait plus hurler, mais aurait été finalement mieux absorbée;
 
moietmoi a dit:
Ce ne sont pas les 35 h qui ont ruiné la santé et le pays , mais la non application de l'obligation d'embauche
c'était strictement impossible dans la plupart des PME ...

à l'époque j'intervenais dans une structure avec un statut de vacataire 10h per semians ...j'avais deux autres collègues et à nous 3 nous faisions 60 heures par semaine.
lorsque le directeur à dit nous allons devoir réduire le temps de travail : vous passerez globalement à 56heures par semaines mais le service rendu devra etre le même .
je lui ai répondu : sous entendez vous qu'actuellement nous nous tournons les pouces pendant 4 heures ?.

nos vacations ont donc été réduites en temps et en ...salaire puisque nous étions payés à l'heure ....

de meme ma femme qui bossait 39heure à son poste où elleétait seule est passée à 35 heures mais personne n'a été embauché pour faire 4 heures à sa place ...elle a donc du se débrouiller pour reconfigurer ses activités . mais ca n'a pas créé d'emploi
 
Dans le même ordre d'idée, Sarko a diminué la TVA des restaurateurs. en échange, il devait y avoir des embauches. Vous en avez vu vous? A chaque fois, les entreprises prennent les bénéfices d'une réforme (et quoi qu'on en dise, les 35h ont été une source de bénéfices considérables pour les grosses entreprises, et une source de plus grosse galère dans les TPE) et disent qu'il est impossible de mettre en place les contreparties (avec toujours plein de bonnes raisons…). Si tout le monde y mettait du sien, salariés et entreprises (et Etat), le monde serait différent. Mais sans doute suis-je un peu trop utopiste!
 
archibald33 a dit:
A chaque fois, les entreprises prennent les bénéfices d'une réforme
Oui et non. A l'époque les entreprises qui signaient des accords assez contraignants (engagement d'embauche ou de non réduction de personnel) pouvaient bénéficier d'aides publiques. On a vu fleurir des cabinets de consultants pour mettre au point ces accords dans les PME- TPE. D'autres ont préféré ne pas s'engager dans ce type d'accord, renoncer aux aides et discuter avec les représentants du personnel.
 
moietmoi a dit:
effectivement, la réduction du temps de travail devait s'accompagner d'une augmentation du nombre de postes (ici de fonctionnaires hospitaliers)
Ce ne sont pas les 35 h qui ont ruiné la santé et le pays , mais la non application de l'obligation d'embauche, et l'état a été le premier à montrer le mauvais exemple, en ne créant pas exactement , l'équivalent des 10% de temps de travail en moins, en nouveaux postes;
La méthode a sans doute été mauvaise, une 6ème semaine de congés(jours à répartir dans l'année) aurait sans doute fait plus hurler, mais aurait été finalement mieux absorbée;
En somme, vous considérez qu'il n'y a pas assez de fonctionnaires en France. C'est votre point de vue et je le respecte mais je ne suis pas sûr que l'augmentation du nombre de fonctionnaires soit de nature à résoudre les problèmes de la France qui vit au dessus de ses moyens.
 
Le nombre de fonctionnaires ne doit pas être une cause, ce doit être une conséquence.
Je m'explique : depuis des années, on dit : "les fonctionnaires coutent trop cher à l'Etat, donc je diminue le nombre et puis on fera ce qu'on pourra avec ceux qui restent...". on a aujourd'hui le résultat criant de cette politique!
L'autre manière d'aborder les choses serait de dire : "je considère que l'Etat doit assurer telle et telle mission de service public, et pas certaines autres (par exemple)." Pour réaliser ces missions, combien faut-il de fonctionnaires et où? On compare alors à la situation actuelle et on ajuste. On supprime des postes là où on le doit, on en ajoute là où il le faut. Au global, faudra-t-il plus de fonctionnaires? Moins de fonctionnaires? Je n'en sais strictement rien. Mais on aura défini les moyens à mettre en oeuvre pour assurer la mission qu'on s'est fixée pour le pays!
 
Eternelle dichotomie public / privé que même cette crise n'arrive pas à rallier, j'en reste pantois.
 
archibald33 a dit:
Je m'explique : depuis des années, on dit : "les fonctionnaires coutent trop cher à l'Etat, donc je diminue le nombre et puis on fera ce qu'on pourra avec ceux qui restent...". on a aujourd'hui le résultat criant de cette politique!
Sachant que le nombre de fonctionnaire est en constante augmentation depuis au moins 1980 (à part deux années de crise en 2011/12), le "résultat criant" devient particulièrement intéressant...

L'autre manière d'aborder les choses serait de dire : "je considère que l'Etat doit assurer telle et telle mission de service public, et pas certaines autres (par exemple)." Pour réaliser ces missions, combien faut-il de fonctionnaires et où?
Ou une autre manière d'aborder les choses serait de se demander: pourquoi embaucher un fonctionnaire plutôt qu'un employé lambda pour réaliser cette tache ? L'obtention d'un concours général et la garantie d'un salaire à vie sont-ils pertinent pour obtenir un employé efficace accomplissant sa tâche ?
 
Quand je parlais de fonctionnaires, j'aurais dû dire d'individus, quel que soit leur statut. Parce que l'essentiel est que la mission soit réalisée, pas que les personnes qui le réalisent aient tel ou tel statut… (je précise que je suis salarié du privé et non fonctionnaire moi-même). Par contre, si on décide de déléguer des missions d'utilité publique au secteur privé, qu'on ne s'étonne pas des réactions du style Sanofi qui livrera ses vaccins en priorité aux entités qui financent le plus sa recherche! On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre!
 
agra07 a dit:
En somme, vous considérez qu'il n'y a pas assez de fonctionnaires en France. C'est votre point de vue et je le respecte mais je ne suis pas sûr que l'augmentation du nombre de fonctionnaires soit de nature à résoudre les problèmes de la France qui vit au dessus de ses moyens.
d'abord , c'est une généralisation de mes propos; je parlais de la santé, mais bon..
Ensuite sur le fond, la loi sur les 35 heures a été faite sur l'idée (érronée ou pas) du partage du travail; donc on diminue le temps de travail de chacun et en embauche; c'est le fondement de la loi; on peut trouver cela idiot ou pas, en tout cas, c'est cela le fondement de la loi; donc quand on a appliqué que la moitié de la loi: réduction du temps de travail, sans embaucher, il ne faut pas s'étonner de la gabegie et de l'inefficacité des services ;
et ceci quelque soit l'idéologie, la parti pris, l'idée que l'on a du rôle de l'état ou des employeurs, cela ne change pas;
les prémisses de la loi n'étaient pas une meilleure organisation du travail, mais le recrutement dû à la diminution du temps de travail; Le recrutement n'a pas été fait: c'est la chienlit!!
que je sois pour ou contre l'embauche ne change rien; c'est un fait;
 
Maju a dit:
Eternelle dichotomie public / privé que même cette crise n'arrive pas à rallier, j'en reste pantois.
perso je fus fonctionnaire pendant un an en 1981 .....
je n'ai jamais regretté d'avoir démissionné après avoir rapidement analysé le système ( il ne m'a fallu que 6 mois pour comprendre que le but du jeu était d'en faire le moins possible et de si possible faire faire son job par un collègue plus jeune et moins aguerri aux plans glandouille . à cette époque le jeune moins aguerri c'était moi :cool:).

j'ai un autre exemple proche . ma femme qui a été salariée pendant 10ans dans une entreprise privée et qui est maintenant titulaire de la fonction publique ..... lorsqu'elle me raconte comment ca se passe dans son établissement , franchement , je vois le tonneau des danaïdes et tous les stéréotypes du glandage et du gaspillage de temps et d'argent ....
sincèrement , heureusement ce n'est pas un secteur concurentiel car son établissement aurait coulé depuis longtemps .
 
archibald33 a dit:
Sanofi qui livrera ses vaccins en priorité aux entités qui financent le plus sa recherche!
il me semble que Sanofi s'ennorgeuillait d'avoir obtenu des services de santé américains que la phase de tests sur les humains soit raccourcie et que toute les phases probatoires soient diminuées, en d'autres termes, on augmente le risque humain pour maximaliser le profit;
L'un des dirigeants interviewé faisait un savant mélange entre les obligations de tests en europe, et les procédures non unifiées en Europe;
Le second point est criant de l'inefficacité de l'europe, le premier est à mon avis très dangereux
 
oui, ça me fait très peur aussi cette procédure accélérée pour créer le vaccin. On va agir dans la précipitation et on risque d'avoir des effets secondaires non envisagés (et qu'on découvrira quand on aura injecté le vaccin à toute la population). Un peu comme le vaccin de l'hépatite B en son temps...
 
Il me semble aussi que la procédure accélérée concerne la production du vaccin en parallèle des tests. Comme ça, si c'est bon, c'est prêt à commercialiser, si ce n'est pas bon, on jette. D'où le besoin de financement. Une exécution spéculative. En cas d'erreur, on purge le pipeline. :)
 
Buffeto a dit:
perso je fus fonctionnaire pendant un an en 1981 .....
je n'ai jamais regretté d'avoir démissionné après avoir rapidement analysé le système ( il ne m'a fallu que 6 mois pour comprendre que le but du jeu était d'en faire le moins possible et de si possible faire faire son job par un collègue plus jeune et moins aguerri aux plans glandouille . à cette époque le jeune moins aguerri c'était moi :cool:).

j'ai un autre exemple proche . ma femme qui a été salariée pendant 10ans dans une entreprise privée et qui est maintenant titulaire de la fonction publique ..... lorsqu'elle me raconte comment ca se passe dans son établissement , franchement , je vois le tonneau des danaïdes et tous les stéréotypes du glandage et du gaspillage de temps et d'argent ....
sincèrement , heureusement ce n'est pas un secteur concurentiel car son établissement aurait coulé depuis longtemps .

Il ne faut pas faire de généralités sur des exemples, car je pourrais aussi raconter plein de "dysfonctionnements" qui se passent dans le privé, et notamment un secteur en rapport direct avec ce forum : la banque.

J'ai un ami qui est à la DRH d'une grande banque française, et il constate que les arrêts maladies non justifiés ne sont pas une exception, que les horaires non respectées non plus (et pas dans le sens défavorable au salarié).

Et je ne te raconte pas combien ils sont payés quand ils leur arrivent de travailler le dimanche (certes, beaucoup plus rarement qu'à l'hôpital), que ce dimanche travaillé est également récupéré, et combien ils sont payés quand ils sont chez eux le dimanche en astreinte téléphonique à attendre un éventuel coup de fil.

J'ai du mal à croire que tous les fonctionnaires sont fainéants, et tous les salariés du privé des courageux qui ne comptent pas leurs heures.

je pourrais aussi te raconter que la prestation ménage à l'hôpital est un prestataire privé, dont les intervenants changent constamment, et qu'il n'est pas rare que les AS passent derrière tellement le ménage est bien fait.

Bref, des exemples, on pourrait en citer des tonnes, ça ne fait pas un principe...;)
 
moietmoi a dit:
il me semble que Sanofi s'ennorgeuillait d'avoir obtenu des services de santé américains que la phase de tests sur les humains soit raccourcie et que toute les phases probatoires soient diminuées, en d'autres termes, on augmente le risque humain pour maximaliser le profit;
Ce n'est ni nouveau, ni propre à Sanofi. C'est le fonctionnement propre aux US avec la FDA qui accorde un statut Fast-Track (voie rapide) aux produits (médicaments, vaccins) concernant des maladies graves sans solution connue.
La biotech US Moderna qui travaille sur un vaccin contre le coronavirus en est déjà à sa phase 2 et va démarrer la phase 3 dès cet été avec une possible approbation fin 2020 ou début 2021.

moietmoi a dit:
Le second point est criant de l'inefficacité de l'europe
Comme pour la défense, on n'a pas d'Europe... pourtant, cette épidémie serait une bonne occasion de lancer une Europe de la santé.
 
sur le vaccin, cet article est intéressant :
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moietmoi a dit:
Ensuite sur le fond, la loi sur les 35 heures a été faite sur l'idée (érronée ou pas) du partage du travail; donc on diminue le temps de travail de chacun et en embauche; c'est le fondement de la loi; on peut trouver cela idiot ou pas, en tout cas, c'est cela le fondement de la loi;
Oui mais ce postulat est faux: les salaires devant rester préservés, on ne peut pas embaucher à masse salariale constante. Tout le reste est de l'enfumage.
Quant à diminuer les salaires de 10%, personne, surtout pas Martine, ne l'a envisagé et on comprend pourquoi!!!
 
agra07 a dit:
Oui mais ce postulat est faux: les salaires devant rester préservés, on ne peut pas embaucher à masse salariale constante. Tout le reste est de l'enfumage.
le postulat est faux!ce n'est pas un postulat, puisqu'il peut être discuté; tu es d'un avis; les législateurs qui ont voté la loi avaient l'avis inverse;
il ne s'agit pas ici de savoir qui a raison;
la loi a été appliquée qu'à moitié, donc chienlit, rien d'étonnant;
en aucun cas il était question de masse salariale constante dans la loi;
par exemple aujourd'hui lorsque la loi impose des mesures de sécurités(covid) , la loi ne dit pas: à dépense constante.....
la loi de l'époque a été appliquée à moitié donc il s'ensuit une incapacité de résultats probants
 
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