Jurisprudence
Contributeur régulier
Aristide a dit:Bonjour,
Rôle central du TEG dans le jeu de la concurrence ???
Ça c'est le discours théorique que l'on lit partout.
Maintenant la pratique; la "vraie vie" c'est autre chose.
En effet, en présence de trois offres concurrentes avec chacune trois crédits dans leurs plans de financement respectifs et donc - pour chacune - trois TEG différents, j'ai déjà plusieurs fois demandé que l'on veuille bien m'expliquer comment un emprunteur peut, à bon escient, faire le meilleur choix pour servir ses intérêts ?
Maintenant, indépendamment de cet avis intelligent de la commission européenne, ces règles d'arrondis appellent quelques remarques qui, en revanche, me semblent aller à l'encontre de ladite intelligence.
En premier le TEG serait donc censé permettre la comparaison d'offres concurrentesunsure:???).
Or ce sont les banques qui choisissent elles mêmes le nombre de décimales qu'elles vont indiquer.
Ainsi, si l'on suppose un TEG exactement calculé de 1,3451%.
+ La banque "A" qui aura retenu trois décimales indiquera donc 1,345%.
+ La banque "B" qui aura retenu deux décimales indiquera 1,35%.
+ Et la banque "C" qui aura retenu une décimale indiquera donc 1,3%
=> Pour exactement le même TEG réel de 1,3451% l'on obtient donc trois résultats différents censés permettre le bon choix ???
Ensuite, si les banques peuvent elles mêmes choisir le nombre de décimales qu'elles affichent, informatiquement parlant il leur serait très facile de choisir ce nombre - non pas une fois pour toute - mais dossier par dossier en fonction de leur avantage.
Ainsi, dans l'exemple ci-dessus, le système d'information générerait automatiquement l'affichage à une seule décimale à 1,3%.
Mais si le TEG exactement calculé était de 1,3541%
+ Le choix de trois décimales donnerait 1,354%
+ Le choix de deux décimales donnerait 1,35%
+ Le choix de une décimale donnerait 1,4%
=> Dans cette hypothèse le système d'information retiendrait la solution la plus "présentable" pour la banque soit deux décimales à 1,35%.
Enfin il a déjà été dit sur ce forum que le taux usuraire est affiché avec deux décimales.
Déjà pourquoi cet affichage ne deviendrait-il pas la règle obligatoire dans tous les cas ?
Mai, le taux usuraire actuellement en vigueur pour les prêts immobiliers de durées supérieure à 20ans étant de 2,57%:
=> Un prêt au TEG de 2,571%
+ Affiché avec trois décimales à 2,571% serait donc usuraire
+ Affiché avec deux décimales à 2,57% ne le serait plus
+ Redeviendrait usuraire avec une décimale à 2,6%.
=> De même que
=> Un prêt au TEG de 2,565%
+ Affiché avec trois décimales à 2,565% ne serait pas usuraire
+ Affiché avec deux décimales à 2,57% ne le serait pas non plus
+ Mais deviendrait usuraire avec une décimale à 2,6%.
Où sont la logique et la cohérence ???
Cdt
Je suis d'accord avec vous sur la logique et la cohérence en matière de fixation du TEG.
Il faudrait donc que nos têtes pensantes se décident à décréter une bonne fois pour toute que le TEG doit être affiché avec deux décimales, tout comme le taux d'usure.
En effet, comme on le sait, le TEG lorsqu'il a été mis en place dans les textes ne devait servir qu'à vérifier qu'il ne dépassait pas le taux d'usure, et au grand jamais pour servir d'instrument de comparaison entre différentes propositions de prêts (là, je vous rejoins également).
Mais je pense qu'il faudrait aussi qu'il en soit de même avec le taux de période puisque celui-ci permet de vérifier le TEG.
Toujours est-il que l'analyse des conseillers de la CJUE s'avère pertinente (au regard des textes que notre bonne Cour de cassation avait quelque peu dévoyés), et un prêteur qui s'engagerait sur 2, 3 ou 4 décimales aura seulement droit à une erreur sur la dernière décimale du taux proposé (on pourrait même lier TEG et taux contractuel comme le fait depuis quelque temps la Haute juridiction, et appliquer le même raisonnement).
Lorsque la CJUE se sera définitivement prononcé (l'affaire est pendante et pourrait bien se retrouver sans suite si la banque venait à se désister), beaucoup de choses s'en trouveraient bouleversées.
Malgré tout, les écrits restent, de sorte que la position de nos Hauts magistrats risquerait vite de devenir intenable.
Décidément, cette histoire de décimale va encore faire couler beaucoup d'encre, la preuve...
