Pas eu le temps de dégainer que lebadeil a souhaité répondre à ma place

donc je ne vais pas répéter les points déjà évoqués, mais plutôt essayer de dresser le portrait d'une mécanique générale, en ce qui me concerne.
Déjà, première chose, je ne regarde absolument jamais les évolutions des valorisations de mes fonds obligataires au quotidien. Au fil des ans, ça ne m'a jamais apporté aucune information sur laquelle j'aurais pu me baser pour prendre telle ou telle décision. Au contraire, ça ne peut que renforcer le biais de récence auquel nous sommes tous soumis (accorder plus d'importance à une évolution récente, en faisant fi d'un contexte plus global).
Au niveau critère décisionnel, je ne prends pas non plus en compte les performances hebdomadaires ou mensuelles. On l'avait démontré mathématiquement sur ce topic il y a déjà quelques mois, elles ne permettent pas de se projeter sur la tendance de fonds du support, et reflètent les périodes logiques de consolidation plutôt que les retournements de tendance. Globalement, on observe que la performance à 3 mois permet de saisir beaucoup mieux les tendances sous-jacentes des fonds et donne une bien meilleure base de comparaison entre eux pour le moyen/long terme.
Je suis d'assez près la macro-économie, notamment les décisions de politique monétaire des principales Banques Centrales, et en particulier les synchronisations ou dé-synchronisations entre elles, ainsi que les principaux indicateurs avancés (PMI, indices de sentiment économique, de confiance du consommateur...) et de très près les courbes de taux d'intérêt et en particulier les spreads entre taux courts et taux longs (10Y2Y, 10Y3M) qui aident à anticiper les retournements à moyen/long terme sur l'obligataire.
Je prends en compte évidemment la situation politique, économique et géo-politique (risques de conflits...) des pays sur lesquels les fonds sont investis, et comparativement par rapport aux autres zones géographiques.
Quand je décide de faire un arbitrage d'une classe d'actifs à une autre, ici en particulier l'obligataire donc, je me renseigne tout d'abord sur la liste des OPCVM ou ETF disponibles dans mes différents contrats d'a-v. Je compare tout d'abord les performances historiques en fonction des cycles économiques, puis je vais plus dans le détail en comparant les principaux indicateurs comme la volatilité, le beta, le ratio de sharpe..., et le track-record du fonds et de ses gérants, si possible. Je regarde l'évolution du fonds sur plusieurs reportings mensuels et j'utilise par ailleurs beaucoup Morningstar et Quantalys comme source de données quantitatives.
Une fois investi sur un fonds, je continue de consulter les reportings, mais en évitant une fois encore de tirer des conclusions hâtives sur une simple évolution mensuelle, à moins qu'une alerte sous-jacente semble percer au travers du rapport de gestion.
Tout cela peut sembler représenter une grosse charge de travail, mais pour l'essentiel c'est du travail de veille au quotidien assez naturel si on s'intéresse à la macro et aux différentes classes d'actifs. Le gros du travail, quelque peu rébarbatif, s'effectue surtout au moment de la sélection des supports où des critères plus quantitatifs rentrent en ligne de compte.
Je ne vois pas du tout ça comme une simple façon d'essayer de gagner plus d'argent, mais plutôt comme un moyen d'appréhender un peu mieux le Monde qui m'entoure au travers de données économiques, politiques, sociales et psychologiques. Il est certain qu'il faut avoir à la base une certain appétence pour les mécanismes, les probabilités, les rapports de force.
Je reste persuadé que si seul l'appât du gain attire l'investisseur au départ, à moins de vouloir tenter de réaliser un coup qui par chance fonctionnera une fois et puis disparaître ensuite, on ne pourra pas s'intéresser et réussir sur la durée.
Plus les années passent, plus je me rends comptes à quel point les enseignements d'investisseurs comme Warren Buffett et Charlie Munger par exemple me sont précieux. Parfois de simples conseils qui semblent juste relever du bon sens, mais qui changent tout une fois qu'on les assimile vraiment. Et aussi et surtout, savoir donner du temps au temps