Croyez-vous en la méritocratie?

herisson

Membre
Bonjour A vous!


Franchement, la méritocratie, vous y croyez encore ?
On nous répète depuis l’école que « si tu travailles dur, tu réussiras ». Mais quand on regarde autour de nous, qui finit vraiment en haut de l’échelle ? Ceux qui se lèvent tôt… ou ceux qui héritent des bons réseaux, du capital et du nom de famille ?


Est-ce qu’on ne nous vend pas un joli mythe pour nous faire accepter un système d’inégalités ? Ou bien, au contraire, est-ce que vous pensez vraiment que l’effort individuel suffit à tout changer, peu importe son point de départ ?


Personnellement, j’y ai cru jeune. Fils de fonctionnaire et de mère au foyer, mes parents m’ont sûrement expliqué le discours habituel. Maintenant, à 35 ans, commercial, je n’y crois plus. Je rencontre de nombreux chefs d’entreprise et je me rends chaque jour compte que la méritocratie n’existe pas (ou plus, je ne sais pas). J’ai aussi discuté avec plusieurs personnes qui me parlent d’un plafond de verre dans certaines professions libérales (avocat, notaire…).


Parfois, lorsque je regarde la télé ou écoute la radio, j’ai pris l’habitude de « googliser » le nom des intervenants, et je me rends compte que très souvent, ils sont issus de familles dont l’un des ancêtres a une page Wikipédia… ou, plus simplement dit, qu’ils sont souvent fils de. (plus la personne est jeune plus cela est vrai)

Et pour finir un chiffre intéressant: aujourd'hui 60% du patrimoine des Français est hérité contre seulement 35% en 1970.
 
Ouh la la, on a combien d'heures ?
En plus faudrait que je me replonge dans Bourdieu and co, ça fait longtemps...

Il y a eu de nombreux sujets d'études là dessus mais sans aller jusque là, il suffit d'observer autour de soi...

La naissance joue beaucoup. Si vous êtes né dans la bonne famille, qui a les moyens, les réseaux, etc, c'est plus facile.
Mais il ne faut pas balayer d'un revers de la main l'importance du travail et de la persévérance.
Bref,. plutôt que de parler de méritocratie, disons que la vie est pleine d'aléas, et que le succès est à mi chemin entre les efforts individuels et la chance.
 
Historiquement, la méritocratie a existé à une seule époque : après 1945, lorsque le monde était économiquement à genoux, que les rentiers avaient souffert et qu'il fallait tout reconstruire. Le travail permettait alors de réussir car on repartait à 0 (lire T. Piketty sur le sujet, bien que je ne partage pas ses idées en général, il détaille très bien ces points)

Une fois la situation économique stabilisée, soit environ une trentaine d'année (les fameuses trente glorieuses), on est rentré dans ce que l'on appelle 'la crise', c'est à dire que c'est le capital qui permet de s'enrichir au détriment du travail.
Donc oui, la méritocratie n'existe plus, et n'a en fait jamais vraiment existée. On s'enrichit (plusieurs millions d'euros) avec du capital, et du levier, pas avec son travail.

Mais heureusement, il y a toujours quelqu'un qui va réussir quelque part, et on pourra le citer en exemple pour montrer que si l'on travaille dur on peut y arriver... ca fait 1 sur 1 000 ou 10 000, mais ca suffit pour faire un mythe. (Stakhanov ca marchait bien)
 
Non et depuis pas mal d’années.
Le paraître a vaincu le savoir-faire.
Et pas uniquement sur les réseaux sociaux égaiement dans les organigrammes.
Il y aura toujours ceux que sauront faire mais ils resteront derrière ceux qui savent en parler.
Je comprends qu’une société est besoin de projecteurs pour être vue / connue.
Le mérite ne paie plus d’ailleurs l’éducation nationale supprime les notes et beaucoup d’examen. A je plus vouloir juger nos têtes blondes ce sont les GG qui s’en sortent.
 
jabsol a dit:
Mais heureusement, il y a toujours quelqu'un qui va réussir quelque part, et on pourra le citer en exemple pour montrer que si l'on travaille dur on peut y arriver...
peut on généraliser?
à titre perso , je peux dire que oui . elle existe .
 
jabsol a dit:
Une fois la situation économique stabilisée, soit environ une trentaine d'année (les fameuses trente glorieuses), on est rentré dans ce que l'on appelle 'la crise', c'est à dire que c'est le capital qui permet de s'enrichir au détriment du travail.
C'est bien plus ancien que ça. Ça a été théorisé par Karl Marx en 1867.
Et on trouve pas mal de littérature là dessus comme "le Talon de Fer" de l'américain Jack London.
 
Il faudrait définir le terme "réussir" ce qui semble compliqué. Réussir en terme de pouvoir ? En terme d'argent ?
 
herisson a dit:
Bonjour A vous!


Franchement, la méritocratie, vous y croyez encore ?
On nous répète depuis l’école que « si tu travailles dur, tu réussiras ». Mais quand on regarde autour de nous, qui finit vraiment en haut de l’échelle ? Ceux qui se lèvent tôt… ou ceux qui héritent des bons réseaux, du capital et du nom de famille ?


Est-ce qu’on ne nous vend pas un joli mythe pour nous faire accepter un système d’inégalités ? Ou bien, au contraire, est-ce que vous pensez vraiment que l’effort individuel suffit à tout changer, peu importe son point de départ ?


Personnellement, j’y ai cru jeune. Fils de fonctionnaire et de mère au foyer, mes parents m’ont sûrement expliqué le discours habituel. Maintenant, à 35 ans, commercial, je n’y crois plus. Je rencontre de nombreux chefs d’entreprise et je me rends chaque jour compte que la méritocratie n’existe pas (ou plus, je ne sais pas). J’ai aussi discuté avec plusieurs personnes qui me parlent d’un plafond de verre dans certaines professions libérales (avocat, notaire…).


Parfois, lorsque je regarde la télé ou écoute la radio, j’ai pris l’habitude de « googliser » le nom des intervenants, et je me rends compte que très souvent, ils sont issus de familles dont l’un des ancêtres a une page Wikipédia… ou, plus simplement dit, qu’ils sont souvent fils de. (plus la personne est jeune plus cela est vrai)

Et pour finir un chiffre intéressant: aujourd'hui 60% du patrimoine des Français est hérité contre seulement 35% en 1970.
Antoine Foucher a beaucoup travaillé sur la question du travail qui ne paie plus :


Et il y a toujours eu la reproduction sociale, bien sûr, et les inégalités génétiques (le QI est en bonne partie héréditaire, même si c'est tabou).
 
herisson a dit:
Franchement, la méritocratie, vous y croyez encore ?
C'est une vaste fable:
Aide toi, le ciel t'aidera catho
"Dieu n’aide que ceux qui s’aident eux-mêmes » musulman
"Ne te repose pas sur le miracle, travaille et il viendra », judaisme
Tu as le droit d’agir, mais jamais de t’attacher aux fruits de l’action ». Bouddhisme
Fais ton devoir et le divin t’accompagnera », hindouisme

Bref....chacun a sa version de la chose
 
Il est évident que profiter de l'éducation, de l'argent et des réseaux de ses parents aide .. de la même façon que les gènes qu'ils vous ont léguer vous permettront de courir vite ou pas ...
Mais ça ne suffit pas et oui, il faut savoir se lever tôt ... mais qu'est ce qu'on vise .. avoir son nom dans les journaux ? amasser des millions ? en ce qui me concerne ça n'a jamais été mon rêve.
Faire un métier qui m'intéresse, ca oui !! il si en plus ça permet de gagner de l'argent c'est top.
Donc pour moi c'était ingénieur .. donc classes préparatoires et concours .. là, pas de fils à papa qui tienne , les copies sont anonymes et les examinateurs des oraux de math ou de physique se fichent bien des relations des parents ( ca serait même contre productif ) C'est un premier exemple où oui, le travail est nécessaire et paye .
Ensuite il ne faut pas rentrer dans une grande entreprise mais dans une petite où on va pouvoir avoir plus d'expériences et faire la différence, donc avoir de meilleures augmentations, sinon, il faut changer d'entreprise.
Vous parlez du métier de commercial .. c'est celui que j'ai exercé après une dizaine d'années dans la technique .. et c'est sans doute là que peut le mieux exprimer ses talents .. car il n'y a qu'une vérité: le client signe ou pas !! et c'est le commercial ( ou l'équipe commerciale) qui fait la différence .. et si il signe, on empoche les commissions .. alors bien entendu, on ne peut pas gagner à tous les coups .. il faut juste que le ratio soit favorable ..
 
pchmartin a dit:
donc classes préparatoires et concours .. là, pas de fils à papa qui tienne , les copies sont anonymes et les examinateurs des oraux de math ou de physique se fichent bien des relations des parents
Je suis passé par là aussi, ma mère femme de ménage, dans une famille qui n'avait jamais vraiment fait d'études.
En arrivant en prépa j'ai bien vu la différence entre les fils de X, Centrale etc.. qui avaient était préparés par leur parent depuis tous petits pour rentrer dans le moule des grandes écoles.
Ca fait une énorme différence, non pas qu'ils étaient plus intelligent mais ils avaient appris à raisonner différemment et avaient une culture générale que je n'avais pas du tout.
=> les chances ne sont pas les mêmes.

Ensuite je peux te dire qu'il y a 2 types d'élèves à X ou Centrale : ceux qui ont déjà le réseau en rentrant et que l'on attend à la sortie, et ceux qui ne l'ont pas et qui arrivent là par leur travail.
20 ans après les carrières ne sont pas du tout, mais alors pas du tout, les mêmes....
 
Maurice63 a dit:
Non et depuis pas mal d’années.
Le paraître a vaincu le savoir-faire.
Et pas uniquement sur les réseaux sociaux égaiement dans les organigrammes.
Il y aura toujours ceux que sauront faire mais ils resteront derrière ceux qui savent en parler.
Je comprends qu’une société est besoin de projecteurs pour être vue / connue.
Le mérite ne paie plus d’ailleurs l’éducation nationale supprime les notes et beaucoup d’examen. A je plus vouloir juger nos têtes blondes ce sont les GG qui s’en sortent.
Il faut les 2 : Savoir Faire ET Faire Savoir !!
C'est évidement compliqué car il y a des Introvertis mais ça se soigne .. et c'est au Manager de les aider à développer leur capacité à s'exprimer ..
A une époque, je manageais l'équipe de développement projet et j'entendais le fameux : "il y en a que pour les commerciaux " .. alors je leur ai demandé de faire des présentations de leurs projets aux équipes commerciales .. ce qui les valorisait bien entendu mais aussi améliorait les compétences des commerciaux
 
Oui enfin commercial, on peut bien gagner sa vie mais on reste petit maillon d'un système, sans réelle sphère d'influence ou de pouvoir.
 
herisson a dit:
l’effort individuel suffit à tout changer, peu importe son point de départ ?
Oui oui et encore oui.
herisson a dit:
J’ai aussi discuté avec plusieurs personnes qui me parlent d’un plafond de verre dans certaines professions libérales (avocat, notaire…).
Quel est donc ce fameux plafond ?
Selon moi le seul plafond de verre est le temps ...
 
jabsol a dit:
Je suis passé par là aussi, ma mère femme de ménage, dans une famille qui n'avait jamais vraiment fait d'études.
En arrivant en prépa j'ai bien vu la différence entre les fils de X, Centrale etc.. qui avaient était préparés par leur parent depuis tous petits pour rentrer dans le moule des grandes écoles.
Ca fait une énorme différence, non pas qu'ils étaient plus intelligent mais ils avaient appris à raisonner différemment et avaient une culture générale que je n'avais pas du tout.
=> les chances ne sont pas les mêmes.

Ensuite je peux te dire qu'il y a 2 types d'élèves à X ou Centrale : ceux qui ont déjà le réseau en rentrant et que l'on attend à la sortie, et ceux qui ne l'ont pas et qui arrivent là par leur travail.
20 ans après les carrières ne sont pas du tout, mais alors pas du tout, les mêmes....
C'est clair que mon père étant lui même ingénieur , j'étais prédestiné à ce métier ( comme les médecins, ou les avocats, etc) , mais en école d'ingé j'ai fait de l'informatique et ensuite travaillé dans des filiales françaises de sociétés US.. donc aucun réseau familial..
Je suis d'accord que les chances ne sont pas les mêmes fonction des parents, mais un de mes amis d'adolescence dont la Maman était vendeuse chez C&A et le père absent, à aussi fait des études ingé, est parti travailler dans des SSII où il a travaillé pour une grande banque , qui l'a embauché et il a fini Directeur Informatique de la Filiale Assurance .. donc c'est possible aussi sans réseau ...
Ceci dit, le réseau familial est utile au début, mais il faut ensuite le remplacer par son propre réseau à la fois en interne mais aussi en externe dans la profession .. c'est comme cela que surviennent les opportunités
 
Al56 a dit:
Oui enfin commercial, on peut bien gagner sa vie mais on reste petit maillon d'un système, sans réelle sphère d'influence ou de pouvoir.
Je pense que ca dépend du type d'entreprise .. dans celle où j'ai travaillé les 20 dernières années de ma vie pro, qui vendait en B2B , tous les PDG et Directeurs de Division avaient commencé leur carrière comme ingénieur commercial ou à la limite comme technico commercial. La vérité est chez le client !! Il faut aussi bien sur que les équipes de R&D développent des produits qui marchent et correspondent aux attentes du marché ..mais si les produits sont équivalents, celui ( ou celle) qui fait la différence c'est le commercial ( ou l'équipe commerciale). C'est différent dans les entreprises qui vendent en B2C , car le Marketing y est aussi primordial
 
Dernière modification:
Je pense qu'à un moment donné il faut reconnaitre que la méritocratie est assez peu présente en entreprise et qu'il faut accepter d'abandonner la soi-disante loyauté qui serait un dû à sens unique (et qui est contractuelle sic) en passant au mercenariat.
 
Miles a dit:
Je pense qu'à un moment donné il faut reconnaitre que la méritocratie est assez peu présente en entreprise et qu'il faut accepter d'abandonner la soi-disante loyauté qui serait un dû à sens unique (et qui est contractuelle sic) en passant au mercenariat.
Oui il faut être lucide: le contrat qu'on a avec une entreprise c'est qu'elle vous paye à la fin du mois, et si elle ne veut plus de vous qu'elle vous donne votre préavis .. donc il faut cultiver son réseau interne et aussi externe .. et ce n'est pas manquer de loyauté envers son patron ou la société qu'examiner les opportunités qui peuvent se présenter .. et se poser en permanence la question de son employabilité et donc garder ses compétences au niveau
 
Je pense qu'on a tous plein d'exemples autour de nous de gens venant de milieux modestes qui ont atteint des sommets. Et inversement, des gens qui sont partis avec les bonnes cartes et qui n'ont pas réussi pour autant.

Mais j'ai quand même l'impression que notre "modèle républicain" ne fonctionne pas bien, et que beaucoup de gens en France sont partis avec des batons dans les roues, et qu'au final c'est tout le monde qui paye le prix de cet échec.
 
pchmartin a dit:
Ceci dit, le réseau familial est utile au début, mais il faut ensuite le remplacer par son propre réseau à la fois en interne mais aussi en externe dans la profession .. c'est comme cela que surviennent les opportunités
Comme pour l'héritage, nous ne partons pas tous du même point de départ mais la seule limite reste la distance que l'on est prêt à parcourir.
 
Retour
Haut