Amortissement négatif

MOGA68

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Bonjour,

J’avais reçu en octobre le tableau d’amortissement au 30/09/2009, je remarque que j’étais en amortissement négatif du 03/2008 au 04/2009.

Je ne comprends pas, j’ai lu et relu mon contrat mais je ne trouve rien qui explique ou exprime cet amortissement négatif.

J’ai essayé de comprendre par moi même donc je remarque que le capital restant du n’a pas bougé pendant toute cette période alors que j’étais prélevé de 980.62€/mois ce qui fait une somme de 13728.68 d’intérêts (de 06/03/2008 au 06/04/2009) et donc pendant 14 ou 15 mois mon capital dû n a pas bougé ???

pourriez-vous me dire si ma banque a le droit de ma faire ça et de ne pas me prévenir que après ?
merci pour votre réponses
MOGA68
 
Lire les nombreux posts sur le sujet qui vous expliqueront tout, comment et pourquoi cela vous est arrivé.
Pour faire simple, votre taux d'intérêt a explosé sur cette période. Du coup, vos mensualités auraient du augmenter fortement mais leur hausse est plafonnée d'après l'indice INSEE (ou un truc du genre). Du coup, alors que vous auriez du payez (à titre d'exemple) 1500€ de crédit / mois dont 1000€ d'intérêt et 500€ de capital, vos mensualités été plafonnées à 980€. donc non seulement vous n'avez pas remboursé les 500€ de capital, mais il reste 20€ d'intérêt qui viennent s'ajouter au capital restant du puisque vous ne les avez pas payé. Et voilà, plus vous remboursez, plus vous devez d'argent à la banque !
 
Il faut toutefois prendre en compte l'impact de l'amortissement global de votre financement. Si nous sommes dans le cas d'un financement avec un lissage de plusieurs prêts destinés au financement immobilier, il se peut que même si vous avez eu une période d'amortissement négatif sur une période pour un prêt, le financement total était en amortissement positif de telle sorte que cet amortissement positif global rendait le lissage plus interessant que sans cet amortissement négatif.

Toutefois, il vaut mieux éviter ce genre de montage qui peut être source de récclamation. Mieux vaut au pire avoir un amortissement zero sur un des prêt qu'un amortissement négatif.
 
Oui, en utilisant la fonction "Recherche" du forum (saisir Amortissement négatif) vous trouverez une quantité d'échanges de nature à vous éclairer.

En plus de ce que vous a expliqué Gagarine, l'amortissement négatif vous amène à payer des intérêts sur les intérets.

Avec Avocatlex et autres juristes (que je ne suis pas), je défends l'idée que cette pratique est contraire à l'article 1154 du code civil.

Ci-dessous deux liens où ce sujet est notamment abordé.

https://www.moneyvox.fr/forums/fil/les-teg-sont-inexactement-affiches.8055/

https://www.moneyvox.fr/forums/fil/teg-sur-credit-relais.10589/

Cordialement
 
MOGA68, quelle est votre banque?

Pour ma part je défends l'idée qu'un contrat doit stipuler la possibilité d'amortissement négatif pour qu'il puisse s'exécuter. Le client n'a pas signé des formules mathématiques mais un texte qui peut contredire le modèle mathématique du prêt.

C'est un argument complémentaire à celui d'Aristide. La difficulté est de convaincre le juge qui ne se cassera sûrement pas la tête à comprendre tout ça, surtout sans aucune jurisprudence.

A remarquer qu'avec une simulation préalable à hauteur du cap, si un amortissement négatif apparait (donc si la banque respecte son engagement de traiter le capital, ce dont je doute) le client ne pourra pas dire qu'il n'avait pas la possibilité d'appréhender la conséquence d'une montée des taux.
 
sven a dit:
Pour ma part je défends l'idée qu'un contrat doit stipuler la possibilité d'amortissement négatif pour qu'il puisse s'exécuter. Le client n'a pas signé des formules mathématiques mais un texte qui peut contredire le modèle mathématique du prêt.

Bonjour,

Non, Sven, ce que tu dis n'est juridiquement pas suffisant.

L'article 1154 du code civil est d'odre public c'est à dire qu'on ne peut pas y déroger même par convention.

L'amortissement négatif, en tant que tel, n'est pas directement concerné par cet article.

C'est l'une de ses conséquences qui n'apparait pas conforme.

En effet, ainsi qu'expliqué antérieurement, l'amortissement négatif entraîne de facto une capitalisation intra annuelle (mensuelle en général) des intérêts.

Dès lors, dès le passage en amortissement négatif, l'emprunteur paie des intérêts sur les intérêts.

Le terme juridiqe approprié à ce phénomène s'appelle "anatocisme" et c'est de cela que traite l'article 1154 du CC.

Aux termes de ce texte (donc d'ordre public) pour que l'anatocime (= calcul d'intérêts sur les intérêts) soit légal il y a deux conditions (***):
1) - Il doit être prévu dans le contrat
2) - les intérêts doivent être échus et dus depuis au moins un an.

(***) Il y a une exception pour la capitalisation des intérêts sur les comptes courants

Si, comme à juste titre tu le souhaites, non seulement l'amortissement négatif en tant que tel, mais surtout sa conséquence de capitalisation intra annuelle des intérêts, étaient bien prévus au contrat, il n'en reste pas moins que la seconde condition ne serait toujours pas satisfaite.

Donc le prévoir au contrat plus fournir une simulation ne sont pas suffisants au regard du code civil, puisqu'il faut, en plus, que les intérêts soient dus depuis au moins un an pour pouvoir les capitalser et qu'une clause de convention (contrat) prévoyant le contraire serait nulle et non avenue.

Cordialement,
 
Je suis d'accord avec toi Aristide, et il y avait un consensus entre nous sur une autre discussion pour dire que l'article 1154 était l'argument le plus solide.
Je n'ai d'ailleurs pas dit que l'amortissement négatif était permis dans certaines conditions.

Je voulais attirer l'attention, pour être complet, sur la possibilité de se défendre sur le respect du contrat (si l'amortissement négatif n'est pas clairement prévu) et sur le manque d'information (qui lui n'a plus lieu d'être à partir du moment où des simulations apparaissent).
Je crois utile de proposer un panorama large de la situation pour permettre au lecteur de se faire une idée.

A ce sujet, j'ai oublié de reprendre un argument d'Avocatlex qui disait que l'objet évident d'un contrat de prêt est de rembourser la dette. Par son principe, l'amortissement négatif est donc abusif. Et puis il ne faudrait pas croire que c'est la seule possibilité technique, il y en a d'autres.

En espérant avoir été plus clair.
 
Bonjour

Pour ma part, je me demande quand l'alchimie bancaire va s'arréter. Je n'imaginais pas que de telles choses puissent exister. Que fait le législateur ?

Bien cordialement
 
Ben il faut dire qu'au début, personne n'avait entrevu cette possibilité d'amortissement négatif et la majoration de l'augmentation des mensualités basée sur un indice était plutôt vu comme une bonne chose car "sécuritaire" pour l'emprunteur. En effet, il ne risquait pas de voir ses mensualités augmenter de 200€/mois du jour en lendemain.

La véritable arnaque, à mon sens, de ces prêts, c'est qu'ils étaient généralement assortis de taux d'appels. Et là, la pratique me parait beaucoup plus discutable. Je ne suis pas convaincu en revanche, que les banques aient anticipé de manière délibérée que les prêts pouvaient passer en amortissement négatif. Du coup, difficile d'imaginer de manière contractuelle un problème que l'on avait pas prévu.
Il est également clair que la communication et les efforts commerciaux des banques n'ont pas été au rendez-vous lorsque les problèmes sont apparus...
 
Personnellement, je doute de la bonne foi de certains établissements. Je parle pas du conseiller en agence mais des "penseurs" qui développent les produits et les services.

Bien cordialement
 
En fait, concernant l'amortissement négatif, il y a quatre éléments qui sont absents
1) - Pas de mention au contrat de cet amortissement négatif
2) - Pas de simulation explicites quant aux conséquences
3) - Parmi ces conséquences, anatocisme = capitalisation mensuelle des intérêts non prévue au contrat (Cf art 1154 du CC)
4) - Capitalisation d'intérêts échus et dus depuis au moins un an (Cf art 1154 du CC); la capitalisation étant généralement mensuelle et immédiate (délai dun an non respecté) c'est dans ce cas de figure que l'emprunteur est la plus pénalisé.
Cdt
 
kenko82 a dit:
Toutefois, il vaut mieux éviter ce genre de montage qui peut être source de récclamation. Mieux vaut au pire avoir un amortissement zero sur un des prêt qu'un amortissement négatif.

Pourquoi ne pas simplement les interdire ?

Cordialement
 
kenko82 a dit:
Il faut toutefois prendre en compte l'impact de l'amortissement global de votre financement. Si nous sommes dans le cas d'un financement avec un lissage de plusieurs prêts destinés au financement immobilier, il se peut que même si vous avez eu une période d'amortissement négatif sur une période pour un prêt, le financement total était en amortissement positif de telle sorte que cet amortissement positif global rendait le lissage plus interessant que sans cet amortissement négatif.

pollux1963 a dit:
Pourquoi ne pas simplement les interdire ?

Bonjour,

L'argument avancé par kenko82 me semble ne pas tenir non pas par rapport à l'amortissement négatif en tant que tel mais du fait de sa conséquence sur la capitalisation des intérêts non conforme à l'article 1154 du code civil ainsi qu'expliqué antérieurement.

Cette pratique est ancienne; je me souviens des premières réactions de clients dans les années 1980 avec la mise place de prêts conventionnés à échéances progressives.
NB) - Qui dit Prêts Conventionnés dit agrément des Pouvoirs Publics.

A l'époque, les taux étaient de l'ordre de 10% et les échéances pouvaient progresser jusqu'à +8% par an.
Mais l'inflation était aussi de 12 - 13% voire plus, ce qui rendait plausible de telles offres les revenus des emprunteurs étant censés suivre l'évolution de l'inflation.
La chute de cette inflation a bien entendu entraîné des catastrophes.

Dès cette époque il y a eu deux attitudes chez les banques:

+ Les unes ont pratiqué l'amortissement négatif généré par la progressivité des échéances et le taux contractuel appliqué dès le départ.

+ Les autres ont introduit des paliers de taux de telles sorte que, sur la durée totale du prêt, le taux moyen contractuel soit respecté.
Cette dernière pratique avait cependant un inconvénient en cas de remboursement anticipé car, en plus des IRA habituelles, l'emprunteur devait aussi verser un indemnité compensatrice de taux moyen.

Mais, pour répondre à pollux1963, malgré ces catastrophes et réactions sucitées, la pratique n'a pas été formellement interdite.
Cependant, l'article 1154 du code civil existait déjà et il aurait donc déjà dû s'appliquer.
Comme les autres codes il est en permanence remanié/amélioré/complété, mais cet article n'a fait l'ojet d'aucune modification.

En particulier la "compensation" entre deux prêts dont kenko82 fait argument n'est pas du tout prévue ce qui, à mon sens, invalide son argument.

D'autre part, même si l'on a un montage "Prêt emboîté + prêt lisseur", et que globalement l'amortissement s'avère cependant positif avec un coût du crédit plus avantageux pour le client, le fait qu'il y ait capitalisation mensuelle (en contradiction avec le code civil) joue contre les intérêts du client.

Dit autrement, si l'on avait :
1) - Un amortissement positif sur le prêt emboîté
2) - Un amortissement négatif sur le prêt lisseur
3) - Un solde positif sur le total des amortissemnts des "1" et "2" ci-dessus
4) - En résultat un gain sur le coût du crédit pour le client
5)- Mais, aussi, une capitalisation des seuls intérêts dus et échus depuis un an pour satisfaire à l'article 1154 du CC,
=> le gain sur le coût du crédit serait encore plus important pour l'emprunteur.

Cordialement,
 
Merci à tous pour vos réponses
ma banque c est le crédit foncier ...
je pense pour ne pas être trompé il faut avoir fait des études en finance, compta... et encore,
Dans mon contrat, l amortissement négatif , n'est cité nulle part
j'avais contracté un taux révisable non capé à 3.7
je suis passé à 5.6 (1ere révision) et donc c est l amortissement négatif qui a suit sans prendre en considération que j étais déjà endetté à plus de 33%, que ma femme est licenciée...
Ce mois ci, je suis passé à un taux fixe à 4.6.
Que les banques se font des bénéfices en nous prêtant de l’argent, c’est normal je pense, mais ce que je trouve anormal c’est qu elles font tout pour s’enrichir en vous appauvrissant et en vous mettant dans le gouffre le plus profond possible ; le pire il y a pas de vraies lois qui protégent les consommateurs ...donc à vous de vous en sortir et faire avec
 
Je rappelle que la seule allusion à l’ amortissement négatif en jurisprudence est dans cet arrêt:​
Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mercredi 16 mars 1994
N° de pourvoi: 92-12239
Publié au bulletin​
Rejet.
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Qu'ils ont encore relevé que l'" échéancier des amortissements ", versé par la banque aux débats, n'avait pas été annexé à l'acte authentique de vente et qu'ainsi, seul figurait dans l'offre acceptée et annexée audit acte authentique un tableau des échéances avec leur date et leur montant global ; que, compte tenu du taux d'intérêt élevé, de la longue durée du prêt et de la minoration des premières échéances, le prêt proposé comportait au début un amortissement négatif, conduisait à une augmentation de fait du capital, que seul un échéancier des amortissements conforme aux exigences légales pouvait mettre en lumière cette particularité ; qu'ainsi, la cour d'appel, qui a estimé, sans inverser la charge de la preuve, que la déclaration des époux X... ne suffisait pas à établir que cet échéancier des amortissements était joint à l'offre lorsqu'ils l'avaient acceptée, en a déduit, à bon droit, que le non-respect des exigences de l'article 5 entraînait pour le prêteur, en application de l'article 31 de la même loi, la déchéance du droit aux intérêts ;
Dont se déduit que l’amortissement négatif :
- n’est pas en soi illégal (reste à savoir si l’art. 1154 CC avait été soulevé devant les juges du fond) ;
-mais impose une information du consommateur par le tableau d’ amortissement conforme aux exigneces légales, donc sans imposer une autre forme d’information (non exigée par la loi) sauf si on peut tomber dans un crédit ruineux (alors : devoir de mise en garde);
- mais celles-ci sont bien tolérantes pour les taux variables !
 
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