Anonyme
Une affaire intéressante pour les juristes et les amateurs de calculs financiers, dont j'aimerais avoir l'avis.
Pour éviter la saisie immobilière, le propriétaire d’une maison de 820.000 € la vend le 19 juillet 2011 pour le prix de 380.000 € à une société financière MIPA2, tout en continuant à l’occuper ; cette vente est conclue sous la condition résolutoire du paiement, par le vendeur, d’une somme de 17.632 € à titre de garantie de paiement de l'indemnité de différé de jouissance (venant donc en déduction de la somme de 380.000 €), d'une « indemnité mensuelle de différé de jouissance du bien » de 15.925,69 € le 31 décembre 2011, suivie de 31 mensualités de 2.938,66 € du 1er janvier 2012 au 1er juillet 2014, et d'un prix de rachat de 493.696 € le 17 juillet 2014. Donc si le vendeur a payé au 17 juillet 2014 : 15.925,69, 31+ 31*2.938,66+ 493.696 = 600.720,15 €, la condition résolutoire joue et la vente disparaît rétroactivement, et il retrouve la pleine propriété de sa maison de 820.000 €.
Assignée en nullité de la vente par le vendeur qui n’avait pas pu payer toutes ces sommes, la société MIPA2 expliquait que l’opération s’analysait en une vente avec faculté de rachat, autorisée par l’article 1659 du code civil.
La cour d’appel de Lyon (15 mai 2018, n° 17/02042) a annulé la vente au motif qu’elle dissimulait une opération de crédit et avait pour objet d'éluder les dispositions protectrices des emprunteurs relatives au taux d'usure, et la Cour de cassation a rejeté le pourvoi (3e civ., 24 juin 2021, n° 18-19.771).
Bonne opération pour le vendeur, car l'annulation de la vente emporte obligation de restitution du prix perçu sans que l'acheteur ne puisse prétendre être indemnisé au titre de l'occupation du bien par le vendeur, censé en être toujours resté propriétaire. Le vendeur aux abois a donc bénéficié d’un crédit gratuit sur trois ans.
La CA Lyon laisse entendre que l’opération était usuraire, mais l’arrêt reste muet sur le TEG de l’opération ; s’agissant d’un crédit de trésorerie, le taux de l’usure était en juillet 2011 de 17,49 %. Pour un crédit de 380.000-17.632 = 362.368 € le 19 juillet 2011 remboursé par une somme de 15.925,69 € le 31 décembre 2011, 31 mensualités de 2.938,66 € du 1er janvier 2012 au 1er juillet 2014, et un dernier paiement de 493.696 € le 17 juillet 2014, je trouve un taux débiteur de 18,96403367 % et un TAEG de 20,70235605 % ; donc il y avait bien usure, selon mes calculs.
Les amateurs de calculs financiers arrivent-ils à la même conclusion chiffrée ?
Pour éviter la saisie immobilière, le propriétaire d’une maison de 820.000 € la vend le 19 juillet 2011 pour le prix de 380.000 € à une société financière MIPA2, tout en continuant à l’occuper ; cette vente est conclue sous la condition résolutoire du paiement, par le vendeur, d’une somme de 17.632 € à titre de garantie de paiement de l'indemnité de différé de jouissance (venant donc en déduction de la somme de 380.000 €), d'une « indemnité mensuelle de différé de jouissance du bien » de 15.925,69 € le 31 décembre 2011, suivie de 31 mensualités de 2.938,66 € du 1er janvier 2012 au 1er juillet 2014, et d'un prix de rachat de 493.696 € le 17 juillet 2014. Donc si le vendeur a payé au 17 juillet 2014 : 15.925,69, 31+ 31*2.938,66+ 493.696 = 600.720,15 €, la condition résolutoire joue et la vente disparaît rétroactivement, et il retrouve la pleine propriété de sa maison de 820.000 €.
Assignée en nullité de la vente par le vendeur qui n’avait pas pu payer toutes ces sommes, la société MIPA2 expliquait que l’opération s’analysait en une vente avec faculté de rachat, autorisée par l’article 1659 du code civil.
La cour d’appel de Lyon (15 mai 2018, n° 17/02042) a annulé la vente au motif qu’elle dissimulait une opération de crédit et avait pour objet d'éluder les dispositions protectrices des emprunteurs relatives au taux d'usure, et la Cour de cassation a rejeté le pourvoi (3e civ., 24 juin 2021, n° 18-19.771).
Bonne opération pour le vendeur, car l'annulation de la vente emporte obligation de restitution du prix perçu sans que l'acheteur ne puisse prétendre être indemnisé au titre de l'occupation du bien par le vendeur, censé en être toujours resté propriétaire. Le vendeur aux abois a donc bénéficié d’un crédit gratuit sur trois ans.
La CA Lyon laisse entendre que l’opération était usuraire, mais l’arrêt reste muet sur le TEG de l’opération ; s’agissant d’un crédit de trésorerie, le taux de l’usure était en juillet 2011 de 17,49 %. Pour un crédit de 380.000-17.632 = 362.368 € le 19 juillet 2011 remboursé par une somme de 15.925,69 € le 31 décembre 2011, 31 mensualités de 2.938,66 € du 1er janvier 2012 au 1er juillet 2014, et un dernier paiement de 493.696 € le 17 juillet 2014, je trouve un taux débiteur de 18,96403367 % et un TAEG de 20,70235605 % ; donc il y avait bien usure, selon mes calculs.
Les amateurs de calculs financiers arrivent-ils à la même conclusion chiffrée ?










