Tomas466, vous avez ouvert la boîte de Pandore....
Je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas pour rentrer un peu dans les détails.
S'agissant de la santé et de la prise en charge des patients je vais essayer de faire simple.
Quand je vois que des postes de médecins, d'infirmières et d'aides-soignantes sont supprimés tandis qu'on créée des postes de directeurs et de sous directeurs... On va créer à l'APHP les DMU, et par là même on va fusionner des services (et donc supprimer du personnel soignant) mais pour gérer toute cette transformation, on a déjà créé des postes de sous directeurs et de contrôleurs de gestion.
No comment.
Dans les établissements privés, il n'y a pas le même type de patients : ceux qui vont dans le privé sont relativement "simples". Les patients qui viennent à l'hôpital public, et a fortiori dans les grands CHU sont les plus difficiles à prendre en charge.
Par ailleurs, il y a des structures qui n'existent que dans le public, comme les grands brûlés par ex.
Prenons un exemple : tous les ans, le Ministère demande à toutes les structures hospitalières de donner l'incidence des infections post-opératoires. C'est un indicateur qui a une certaine pertinence puisqu'il parle indirectement du geste chirurgical et de l'hygiène de l'établissement.
Quand cet indicateur a été mis en place, on a "rangé" les patients selon les actes de chirurgie, le sexe et l'âge.
Qu'en est-il sorti? Les cliniques privées ont rendus des scores excellents tandis que les établissements publics ont rendus de nettement moins bons résultats.
Avant de poursuivre, il faut noter que la participation à ces statistiques nationales sont basées sur le volontariat pour les cliniques, mais sont obligatoires pour les hôpitaux publics ou participant au service public.
On aurait pu s'arrêter là, mais le Ministère s'est étonné d'une telle discordance. Nombre de chefs de service en chirurgie (dans le public) se sont scandalisés, à juste titre, de la méthodologie employée, menançant de boycotter l'enquête de l'année suivante.
Ils ont été reçus par le Ministère et ont demandé quelque chose d'évident qui manquait dans cette méthodologie : les facteurs de risques liés au terrain du patient. Incroyable mais vrai.
On a ainsi comparé une prostatectomie d'un patient en bon état général avec celle d'un patient diabétique, hypertendu, que sais-je....
Donc l'année suivante, les chiffres ont été stratifiés sur les antibiotiques administrés en pré ou post-opératoire, ainsi que sur les maladies sous-jacentes ayant un rapport ou non avec la chirurgie réalisée.
Et là, les résultats ont été très différents : les établissements publics sont bien meilleurs que les cliniques privées.
Il a aussi été mis en évidence que plus un chirurgien pratique un acte spécifique, moins il y a d'infections post-opératoires. C'est du bon sens, mais encore fallait-il le prouver. Mais cela explique aussi pourquoi de petits établissements ferment, car ils ne pratiquent que trop rarement certains actes.
L'autre conséquence a été que le Ministère a décidé que les CHU devaient être des pôles d'excellence qui ne prennent en charge que les patients ou les pathologies les plus difficiles. Paradoxe incompréhensible quand on sait que ce n'est pas à personnel constant, mais à personnel en diminution.
Ce n'est pas ce que je pourrais appeler une bonne gestion de la santé. Ca ne veut pas dire que je m'accroche au système actuel. Il faut organiser les soins autrement, ça fait des lustres qu'on le demande; les gouvernants n'écoutent rien.
Pour faire des économies de "double prescription", il a été demandé un dossier unique pour les patients, accessibles par tous les praticiens. Demande restée lettre morte. Et on continue ce qu'on a fait pendant des années : les coupes budgétaires aveugles.
Mais surtout, avant toute chose, gardons-nous bien de comparer des chiffres sans regarder la méthodologie employée.
Je ne sais pas ce qui se passe exactement dans les autres services publics : est-ce que les transports ferroviaires doivent être privatisés? Je ne sais pas. Le métro de Londres est certes plus propre que celui de Paris (mais peut-être que les Londoniens sont plus civiques que les Parisiens, ce qui ne serait pas étonnant...

).
Et quand je vais à Londres, le coût du ticket de métro est exorbitant pour un trafic moins dense (en moyenne 3 minutes entre deux métros aux heures de pointe, quand à Paris c'est 1 minute, parfois moins).
Le débat a de beaux jours devant lui....
