C'est quoi ce nouvel IFI ?
Un amendement des députés Modem, adopté dans le cadre du projet de loi de finances 2026, vise à transformer l'actuel Impôt sur la fortune immobilière (IFI) en Impôt sur la fortune improductive (IFI, toujours).
Une transformation qui est loin d'être anodine. En effet, le nouvel IFI concernerait les biens matériels de valeurs (les objets précieux, l'or, les pièces de monnaie, les avions, etc.), les actifs numériques comme les cryptomonnaies, mais également certains contrats d'assurance vie dont les sommes ne sont pas destinées à l'investissement productif. Autrement dit : les fonds en euros.
Le seuil d'imposition serait, lui, maintenu à 1,3 million d'euros de patrimoine net taxable. La version initiale de l'amendement prévoyait en effet une hausse du seuil mais un sous-amendement socialiste a ramené le seuil à son niveau actuel. En revanche, le barème jusque-là progressif (de 0,5% à 1,5%) serait remplacé par un taux unique à 1%.
Ainsi, tous les Français dont le patrimoine concerné par le panel de ce nouvel IFI excède 1,3 million d'euros seraient taxés à hauteur de 1% (uniquement sur la part excédent ce seuil).
Votre fonds en euros et votre assurance vie seraient-ils concernés ?
À ce stade, aucune estimation n'a filtré sur le nombre de contrats d'assurance vie potentiellement touchés. Ni sur les modalités de déclaration.
De façon très approximative, pour savoir si vous seriez concerné, il vous faut estimer votre patrimoine « improductif ». C'est-à-dire additionner le capital déposé sur votre fonds en euros et y ajouter vos « biens immobiliers non productifs », hors résidence principale, la valeur de vos éventuelles cryptomonnaies, objets précieux, meubles de valeur, voiture, etc. Si jamais cette somme dépasse 1,3 million d'euros, alors oui vous seriez potentiellement concerné par cet IFI nouvelle version.
« Qualifier les fonds euros d'improductifs, c'est nier le rôle stabilisateur de l'épargne longue, celle qui amortit les crises, finance l'Etat, nos entreprises et protège les épargnants contre les aléas de la vie »
Pourquoi l'intégration des fonds en euros fait débat ?
« Qualifier les fonds euros d'improductifs, c'est nier le rôle stabilisateur de l'épargne longue, celle qui amortit les crises, finance l'État, nos entreprises et protège les épargnants contre les aléas de la vie. Taxer de la sorte l'assurance vie pourrait rapporter 4 ou 500 millions mais coûterait 5 à 6 milliards, annuels, de surcoût de la dette publique qui, aussitôt, serait à nouveau dégradée. Par ailleurs, les fonds euros détiennent une part significative d'actions et financent ainsi le tissu économique », fustige le président de l'Afer, Gérard Bekerman.
« Les fonds euros financent l'économie productive et il est donc très étonnant de les retrouver dans un amendement sur la fortune improductive », a lui réagi le directeur général de France Assureurs, Paul Esmein, à l'occasion d'un point presse de présentation des résultats de l'assurance vie.
Selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, cette intégration des fonds en euros dans le champ de l'IFI pourrait rapporter 500 millions d'euros à l'État.
« L'amendement encourage le transfert du risque financier sur les ménages. Or, les fonds euros constituent le cœur du contrat d'assurance vie »
« En poussant ainsi les épargnants à se détourner des fonds euros pour privilégier les unités de compte, l'amendement encourage le transfert du risque financier sur les ménages. Or, les fonds euros constituent le cœur du contrat d'assurance vie. Ils garantissent le capital, protègent contre la volatilité des marchés et justifient la qualification du contrat d'assurance qui implique garantie et mutualisation des risques », ajoute le président de l'Afer.
Ce nouvel IFI a-t-il vraiment des chances d'être adopté dans le budget 2026 ?
À ce stade, l'amendement a été adopté par les députés, lors de la première lecture du budget 2026 à l'Assemblée nationale. Faute d'avoir voté le volet recettes dans les temps, c'est toutefois la version initiale du budget 2026 qui risque d'être envoyée au Sénat. L'incertitude est donc encore totale quant au sort de cet impôt sur la fortune improductive, nouvelle version de l'IFI. Mais, en l'absence d'une censure du gouvernement, et suite au rejet de la taxe Zucman, il pourrait permettre l'une des mesures favorisant un compromis entre gouvernement et socialistes. Suspense.







