Les fonds de dette privée ont de plus en plus la cote auprès des épargnants. Il faut dire que cette classe d'actifs apporte une dimension concrète à leurs investissements, en participant au financement de l'économie réelle. En effet, la dette privée désigne les prêts accordés en direct à des entreprises de taille intermédiaire (ETI et PME) sans avoir à passer par le financement bancaire traditionnel ou une émission d'obligations émises sur les marchés financiers.

La récente entrée en vigueur de la loi Industrie verte devrait donner un coup d'accélérateur pour la collecte réalisée par les fonds de dette privée puisqu'elle prévoit l'intégration de ce type de fonds au sein des contrats d'assurance vie et des plans d'épargne retraite (PER). Ainsi, d'après une étude publiée par France Invest (Association des Investisseurs pour la Croissance), en 2024, ces produits financiers ont collecté dans l'Hexagone près de 9 milliards de capitaux. Et, « cette dynamique devrait se poursuivre dans les années à venir », selon Nicolas Roth, Head of Private Markets Advisory chez UBP.

Des rendements attractifs

Il faut dire que la dette privée offre l'avantage de générer des rendements attractifs afin de compenser le risque de défaut de paiement des entreprises emprunteuses mais aussi un faible niveau de liquidité en cas de revente avant l'échéance des prêts financés. Mais, le jeu peut en valoir la chandelle. Ainsi, actuellement, on peut tabler sur une rémunération annuelle de l'ordre de 5 à 6% sur le marché européen de la dette privée, voire davantage sur certains dossiers, comme nous l'ont indiqué les spécialistes que nous avons interrogés.

Blackstone Crédit Privé Europe SC a par exemple offert une performance annualisée de 9% depuis son lancement, selon Meilleurtaux qui propose ce fonds via son contrat d'assurance vie Meilleurtaux Allocation Vie, assuré par Generali. Un fonds référencé auprès d'autres assureurs comme CNP Assurances ou encore BNP Paribas Cardif.

Mais des risques à prendre en compte

Autre avantage pour les épargnants, comme les titres de dette privée ne font pas l'objet d'une cotation en Bourse, ils ne sont pas soumis aux aléas du marché boursier. Et, cerise sur le gâteau, la plupart des prêts accordés sont souvent sécurisés par des hypothèques ou des nantissements de titres, et bénéficient parfois de garanties additionnelles accordées par Bpifrance par exemple.

Néanmoins, pour limiter les risques de défaut de paiement, les investisseurs doivent être capables d'estimer la capacité financière des entreprises à rembourser les emprunts contractés, mais aussi de diversifier leur portefeuille sur plusieurs dizaines d'opérations différentes afin de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. « Si la classe d'actifs « Dette Privée » correspond à votre profil d'investisseur, elle devrait se situer entre 10 et 20% de votre allocation globale », conseille ainsi Meilleurtaux Placement.

Investir à travers des fonds spécialisés

C'est pourquoi, il est conseillé aux épargnants désireux de se positionner sur la dette privée de privilégier des fonds spécialisés sur cette thématique. Il s'agit généralement de fonds commun de placement à risque (FCPR) permettant d'investir dans des titres émis par des sociétés non cotées. Ils peuvent être souscrit à travers un simple compte titres. Mais, certains d'entre eux sont également disponibles via les unités de compte d'un contrat d'assurance vie ou d'un PER.

Cependant, bien souvent, il est uniquement possible de souscrire à ces produits au moment de leur lancement, c'est-à-dire pendant une période de souscription limitée dans le temps, à condition de s'engager pour une durée souvent comprise entre cinq à huit ans.

Chez Generali, par exemple, les rachats partiels ou arbitrages sortants sur Blackstone Crédit Privé Europe SC ne sont plus autorisés durant les quatre premières années. En cas de rachat partiel ou total, une indemnité de rachat jusqu'à 5% maximum sera prélevée pour un contrat d'une durée inférieure ou égale à dix ans.

Jouer la carte de la transition énergétique

Certains de ces fonds jouent la carte de la transition énergétique et environnementale. C'est par exemple le cas des stratégies déployées par la plateforme d'investissement Bridge (« Benjamin de Rothschild Infrastructure Debt Generation ») au sein du groupe Edmond de Rothschild AM. L'objectif affiché est de « financer une économie plus durable et dans la durée », comme le précise, son responsable Jean-Francis Dusch, directeur général d'Edmond de Rothschild AM UK. Cela va des financements de parcs de fermes éoliennes en mer, aux bornes de recharge électrique, en passant par des centrales de stockage par batteries pour l'électricité produite par les énergies renouvelables.

Il faut dire que les besoins en financement sont gigantesques en Europe : le projet EU Fit for 55 ou Ajustement à l'objectif 55 qui vise à réduire les émissions de CO2 de 55% d'ici 2030 nécessite des investissements annuels de 700 à 1 000 milliards d'euros, dans de nouveaux projets, selon les experts.

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