Si comparer des tarifs bancaires peut déjà s'avérer fastidieux pour les particuliers, entre les prestations à la carte, les offres groupées de services et les nombreuses pages des plaquettes, la tâche est encore plus ardue pour les professionnels.

En effet, ces derniers ne sont pas concernés par les différentes réglementations visant à plus de transparence sur le sujet (le document d'information tarifaire, par exemple). En résulte des plaquettes aux lignes non uniformisées, avec des intitulés qui diffèrent selon les établissements et des prestations à rallonge.

C'est pour les aider dans ce travail de comparaison que MoneyVox publie, pour la 3e année consécutive, ses Trophées de la banque – Tarifs pros. Le produit de l'analyse de 109 plaquettes tarifaires publiées par des banques en ligne, des banques nationales et des banques régionales... Voici pourquoi il s'agit d'un travail fastidieux.

BoursoBank, La Banque Postale, Crédit Agricole, CCF... Voici le palmarès 2025 des banques les moins chères pour les pros

Opacité

Premier écueil : les tarifs pour les professionnels souffrent d'un vrai manque de transparence dans les banques traditionnelles, sur des lignes pourtant clés dans le cadre d'une comparaison. Ainsi, il est impossible de connaître précisément le montant des frais de tenue de compte chez BNP Paribas (dont le montant est variable selon les montants débités). Le Crédit Agricole Ile-de-France affiche une fourchette (« de 69 à 108 euros par trimestre »), sans préciser ce qui fait varier à la hausse ou à la baisse ces frais de gestion. LCL, qui indique aussi une fourchette de prix, précise toutefois que le tarif dépend de la « complexité » de l'arrêté de compte. Au CIC, seul un minimum de 34 euros par mois est mentionné. En cas d'une tarification à la carte, connaître ces frais de gestion est pourtant indispensable, au même titre que la cotisation de la carte bancaire par exemple.

Les banques sont encore plus discrètes sur leurs offres groupées de services, leurs solutions d'encaissement et leurs solutions de financements, des éléments importants dans la vie d'une entreprise. En face de ces lignes, on retrouve bien souvent les mentions « contactez votre chargé d'affaires », « sur devis » ou « sur étude personnalisée ». Une tarification « à la tête du client », qui dépendra alors de son chiffre d'affaires, du type d'entreprise, et sûrement de la négociation. Des pratiques qui, de fait, compliquent la comparaison pour le professionnel qui souhaiterait changer d'établissement.

Compte pro : ce qui freine les professionnels dans le changement de banque

A titre d'exemple, le CIC ou certains Crédits Mutuel donnent un tarif « à partir de » pour leurs packages, sans préciser le mode de calcul ou les critères considérés. Le Crédit Agricole Alpes Provence indique une fourchette avec un minimum et un maximum... Certaines enseignes sont heureusement plus transparentes s'agissant de leurs offres groupées de services, à l'image de SG, du CCF ou encore de La Banque Postale, dont le prix et le contenu des formules sont bien détaillés dans leurs plaquettes.

Peu de bons élèves aussi chez les banques physiques concernant leurs solutions d'encaissement, et plus particulièrement la fourniture d'un terminal de paiement pour recevoir des règlements par carte. Souvent, les établissements indiquent bien proposer des solutions adaptées à leurs clients, mais sans donner de tarif. On est systématiquement invité à contacter un conseiller. A l'inverse, les banques en ligne, quand elles proposent un TPE, communiquent son prix d'achat et la commission appliquée sur les transactions. Les clients Hello Bank Pro peuvent ainsi acheter un appareil pour 79 euros hors taxes et se voient prélever 1,60% à chaque paiement. Chez Shine, grâce à un accord avec SumUp, le TPE coûte 29 euros HT et la commission est de 1,49%.

Des lignes tarifaires multiples

Force est de constater que les professionnels se voient souvent facturer davantage de services que les particuliers, sans que cela soit toujours explicable. Citons, par exemple, la commission d'actualisation du fichier client, dont la dénomination varie selon chaque établissement. « Frais de suivi de dossier administratif et juridique » à LBP, « actualisation du dossier administratif et juridique » au CIC, « commission d'ouverture et d'actualisation de dossier administratif » chez SG : cette ligne servirait à couvrir les frais que la banque engage pour mettre à jour le dossier administratif d'un client chaque année. Facturée 70 euros à La Banque Postale, 200 euros au CIC, de 160 à 260 euros chez SG, cette commission peut peser lourd dans le budget d'un entrepreneur, sans être toujours justifiée, si par exemple la situation du client ne nécessite qu'une petite modification informatique.

Les découverts sont également touchés par ce phénomène de surfacturation dans les banques traditionnelles. Rappelons tout d'abord qu'un professionnel paie souvent une commission de mouvement sur ses opérations au débit, peu importe que son solde soit négatif ou non. Comme les particuliers, s'il est à découvert (autorisé ou non), il paiera des intérêts débiteurs, à un taux qui n'est jamais communiqué par les banques physiques. Mais celles-ci ne s'arrêtent pas là et prélèvent toutes en plus une « commission sur le plus fort découvert », autour de 0,08% par mois. D'autres ajoutent parfois d'autres frais : le CCF impose par exemple un minimum forfaitaire d'utilisation (10 euros par trimestre). La Banque Postale prélève, elle, une commission de non-utilisation, sans communiquer sur son montant. Des lignes souvent sans explication sur les plaquettes, dont il est difficile de comprendre le travail qu'elles rémunèrent. Dès lors, au titre d'un découvert, un professionnel peut se voir facturer, en plus de ses intérêts, jusqu'à quatre commissions différentes.

A prestation égale, des tarifs plus élevés que pour les particuliers

Un dernier constat s'impose : dans les banques traditionnelles, les tarifs pros sont généralement bien plus élevés que ceux appliqués aux particuliers et ce, pour les mêmes services. Par exemple, quand les frais de tenue de compte ne pèsent pas plus de 35 euros par an pour un particulier, la note grimpe pour un professionnel : 196 euros par an à La Banque Postale, 324 euros chez SG (minimum), au minimum 408 euros par an au CIC (hors microentrepreneur)... Une addition salée pour un entrepreneur individuel ou une petite entreprise avec un faible chiffre d'affaires.

De plus, d'autres frais liés à la gestion du compte viennent s'ajouter, comme la commission de mouvement, un pourcentage prélevé sur les opérations au débit, et ce quel que soit le solde du compte ! A chaque paiement de charge (loyer, salaire, assurance, facture...), une commission variant de 0,05% à 0,30% par mois est ponctionnée, selon notre panel de banques physiques. Certaines appliquent même un forfait minimum, par mois ou par trimestre !

La clientèle professionnelle paie également l'abonnement aux services de banque à distance, c'est-à-dire les accès en ligne ou sur application pour gérer leur compte, ce qui n'est pas le cas des particuliers. Pour une gestion courante (virements, commande de chéquiers, relevés, édition de RIB...), il faut payer 5,90 euros par mois à LBP et parfois beaucoup plus dans certaines banques régionales. Notons toutefois que certaines, comme le CCF, offrent ce service aux entrepreneurs individuels.

Les banques en ligne et les établissements de paiement spécialisés sont mieux-disants que leurs concurrentes sur ces points. En effet, elles commercialisent des packages avec un tarif mensuel fixe comprenant la gestion du compte à distance, les frais de tenue de compte, au moins une carte de paiement et les opérations courantes. La grande majorité ne facturent d'ailleurs pas de commissions de mouvement. En revanche, elles ne donnent souvent pas accès à tous les services d'une banque traditionnelle (dépôt de chèques et/ou d'espèces, découvert...), et si elles le font, les tarifs peuvent être prohibitifs. Qonto facture par exemple 2 euros l'encaissement d'un chèque (selon l'offre choisie, jusqu'à 5 dépôts gratuits sont inclus chaque mois). manager.one prélève 20 euros par chèque, à partir du sixième chèque encaissé dans l'année... Il faut donc bien identifier ses besoins avant d'opter pour un compte pro dans une banque en ligne, qui peut se révéler coûteux pour une entreprise qui déposerait beaucoup de chèques et d'espèces. A noter également que la plupart ne permettent pas de disposer d'un découvert.

Compte pro : découvrez notre comparatif des banques en ligne