« On observe au mois de janvier la poursuite de la dynamique porteuse qu'on avait observé toute l'année 2024, qui se traduit notamment par un niveau de collecte historique », a commenté lors d'une conférence de presse téléphonique le directeur général de la fédération professionnelle, Paul Esmein.
« Les ménages sont toujours portés à mettre de l'argent de côté en raison des nombreuses incertitudes, économiques, géopolitiques et politiques », a réagi dans une note le président du Cercle de l'épargne Philippe Crevel.
Dans le détail, les cotisations (sommes versées sur les contrats) s'établissent à 17,3 milliards d'euros en janvier, un plus haut historique, tous mois confondu. Dans le même temps, le niveau de prestations (qui comprennent les rachats et les versements en cas de décès) est en baisse de 6% par rapport au mois de janvier 2024, à 12,8 milliards d'euros.
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La différence entre les deux, dit collecte nette, s'établit à 4,5 milliards d'euros, le double d'il y a un an et un niveau jamais vu depuis 2010 pour un mois de janvier. M. Esmein y voit « la forte confiance que les Français continuent d'avoir mois après mois dans les produits d'assurance vie ».
Ce solde net de l'assurance vie cache une réalité contrastée entre les supports d'investissement. D'un côté, les unités de comptes (UC), investissements plus risqués, mais potentiellement plus rémunérateurs, ont connu une collecte nette positive de 5,2 milliards d'euros. De l'autre, les fonds en euros, garantis en capital, se sont dégarnis de quelque 600 millions d'euros.
2 000 milliards
Les UC ont pourtant affiché ces dernières années des performances en moyenne moins bonnes que les fonds euros, selon une étude publiée cette semaine par le cabinet Good value for money.« Les UC de nature gestion profilée prudente et gestion profilée modérée confirment année après année qu'elles n'ont aucun intérêt pour l'épargnant », résume son fondateur Cyrille Chartier-Kastler.
Assurance vie : ces contrats avec un profil prudent ou modéré ne sont pas un bon plan
Elles ne parviennent pas à faire mieux que les fonds euros, même sur une période longue, de 5 ou 7 ans, selon ses calculs. Les UC dont l'objectif de performance est dit « agressif » y parviennent, en revanche.
La « bonne dynamique commerciale » observée en janvier, combinée à la hausse de valeur de certains placements, dont dépendent nombre d'unités de compte - à titre d'illustration, le CAC40 s'est apprécié de 7,72% en janvier, sa meilleure performance mensuelle depuis deux ans -, a porté l'encours de l'assurance vie à un niveau record, s'est félicité M. Esmein. « Il franchit pour la première fois la barre qui est symbolique mais qui est néanmoins importante des 2.000 milliards d'euros, pour s'établir précisément à 2.020 milliards d'euros à fin janvier 2025 », a-t-il précisé.
L'assurance vie reste le placement le plus important en valeur des Français, représentant environ le tiers de leur épargne financière. L'épargne réglementée, autre réserve d'argent importante des Français, n'a pas pu rivaliser en janvier : l'encours des Livrets A et des Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) n'a augmenté que de 810 millions d'euros au mois de janvier, selon les dernières données de la Caisse des dépôts, entre cinq et six fois moins que l'assurance vie.
Fonds privés pour la défense
France Assureurs a mis en avant jeudi, comme lors de sa présentation précédente, l'emploi des fonds de l'assurance vie dans l'économie réelle. À fin septembre 2024, 63,2% des encours de l'assurance vie étaient par exemple placés en titres d'entreprises, précise la fédération professionnelle, dont 23,1% en actions, 35% en obligations et 5,1% en immobilier d'entreprises.
Interrogé sur le sujet, M. Esmein n'a pas précisé la part consacrée à l'industrie de la défense, amenée à se muscler au moment où Donald Trump met à mal l'alliance transatlantique et gèle son aide militaire à l'Ukraine.
Emmanuel Macron a promis mercredi dans une allocution télévisée des « investissements supplémentaires » en matière de défense, « qui exigent de mobiliser des financements privés ». « Bien évidemment ça fait partie des sujets dont les assureurs vont discuter dans les jours qui viennent », a commenté M. Esmein.