« J'alerte sur la facture de la censure », prévient Laurent Saint-Martin dans un entretien accordé au Parisien et publié samedi 30 novembre en fin de journée. « Si on reconduit le budget 2024, on fait rentrer mécaniquement 380 000 foyers français supplémentaires dans l'impôt sur le revenu parce que le barème n'aura pas suivi l'inflation et 17 millions de foyers paieront plus également. » Le locataire de Bercy avait déjà pointé ce risque mercredi sur France Inter.

Impôt sur le revenu : sans budget 2025, voici ce que vous payeriez en plus avec un barème gelé

Listant aussi « l'impossibilité » du gouvernement « d'augmenter les budgets des ministères de la Justice, de l'Intérieur et des Armées », en cas de censure et donc de reconduction des crédits alloués aux ministères en 2024, il pointe aussi les « mesures très attendues en faveur des agriculteurs ne pourront pas être mises en place ».

« Il n'y aura pas d'élargissement du prêt à taux zéro à tout le territoire national pour relancer le secteur du logement »

Pour les particuliers, outre le barème de l'impôt non indexé sur l'inflation, il souligne le prêt à taux zéro pour soutenir les crédits immobiliers tout d'abord : « Il n'y aura pas d'élargissement du prêt à taux zéro à tout le territoire national pour relancer le secteur du logement. » Puis « les nouvelles mesures fiscales », qui tomberaient aux oubliettes : « taxation des rachats d'actions, contribution des grandes entreprises, contribution sur les très hauts revenus. »

C'est toutefois sur le budget de la Sécurité sociale pour 2025 qu'intervient le premier risque de censure pour le gouvernement. Ce dernier peut activer le 49.3 sur le texte issu de la commission mixte paritaire dès ce lundi 2 décembre. Le vote sur la censure interviendrait alors mercredi 4 décembre.

Marine Le Pen : « La censure n'est pas inéluctable »

Dans ce rapport de force médiatique, la présidente du RN, Marine Le Pen, affirme dans La Tribune Dimanche : « La censure n'est pas inéluctable. Il suffit que M. Barnier accepte de négocier. » Reçue pour la première fois à Matignon lundi dernier, la cheffe des députés RN dit rester « constructive », mais prévient le Premier ministre que s'il refusait de négocier avec le RN, ce serait lui qui prendrait alors « la décision du déclenchement de la censure ». Elle soutient avoir « tiré à peine 10% des mesures » du contre-budget présenté par le Rassemblement national « pour en faire des lignes rouges, à savoir des suppressions de taxes ou d'impôts avec, en contrepartie, des recettes nouvelles, puisque nous ne voulons évidemment pas aggraver le déficit ».

Les partis de gauche ayant d'ores et déjà confirmé qu'ils voteront la censure, c'est sur le vote ou non des députés RN que repose l'issue d'une motion de censure.