« Parmi les 1.800 » contribuables français possédant plus de 100 millions d'euros de patrimoine, visés par sa proposition de leur faire payer un minimum de 2% de leur patrimoine en impôt chaque année, M. Zucman a convenu qu'il y avait « quelques dizaines de cas où il [allait] falloir réfléchir à des modalités de paiement », pour cette raison « d'illiquidité », c'est-à-dire d'indisponibilité d'argent liquide, par exemple avec des actions qui ne sont pas cotées en Bourse.
C'est notamment le cas dans la tech. Mardi sur France 2, Arthur Mensch, qui dirige la start-up française d'intelligence artificielle Mistral, a estimé ne pas pouvoir payer la taxe Zucman pour cette raison. M. Zucman, qui s'exprimait lors d'une journée organisée par France Digitale, association qui réunit des entreprises tournées vers le numérique, a estimé qu'il « ne fallait pas que ces dizaines de cas servent d'alibi pour ne pas taxer nos giga-milliardaires, car c'est ça qui est en train de se passer aujourd'hui : on instrumentalise quelques exemples particuliers ».
Le monde patronal est en effet farouchement opposé à son idée. « Or, ce ne sont pas ces (dizaines de) personnes qui vont payer des masses importantes d'impôts, c'est qui vous savez... Ceux qui ont 50, 100, 150 milliards d'euros », a ajouté l'économiste. M. Zucman propose que les contribuables concernés paient l'impôt en nature en versant des actions dans un fonds souverain qui serait géré par la banque publique d'investissement Bpifrance.
Le patron de celle-ci, Nicolas Dufourcq, s'est élevé avec virulence contre la taxe Zucman mercredi sur RMC, la qualifiant notamment de « communiste ». Dans le cas d'Arthur Mensch, M. Zucman a détaillé : « il possède 10% de Mistral, soit (environ) 11 milliards d'euros, la première année il passerait de 10% à 9,8% du capital, la deuxième à 9,6% et au bout de 10 ans il serait à 8%. C'est (d'ailleurs) ce qui lui arrive tout le temps, il est déjà passé d'une part beaucoup plus élevée aux 10% qu'il a actuellement ». M. Zucman a également remarqué que Bpifrance, qui récupérerait ces parts, était déjà au capital de Mistral.