Taux du Livret A : le mauvais scénario qui se profile en 2026

3% en 2024, 2,17% en 2025... Le taux moyen du Livret A a dégringolé cette année. Son taux s'affiche en cette fin d'année à 1,70% net après l'avoir entamé à 3%.

Un repoussoir pour les 82% des Français qui en détiennent un : à la fin novembre, le total de l'argent placé sur le livret réglementé était en repli de près de 3,6 milliards d'euros par rapport au début de l'année, sa pire performance depuis 2015 (1). A la même date, Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), avec qui il partage son taux, fait à peine mieux, avec une maigre progression de 1,27 milliard d'euros.

En clair, malgré une inflation faible, autour de 1%, et donc un rendement réel nettement positif, de l'ordre de 1,20%, vous avez préféré aller voir du côté de l'assurance vie qui a engrangé, également à fin octobre, plus de 44 milliards d'euros de collecte nette, fonds en euros et unités de compte confondus (2).

Ce scénario pourrait-il se reproduire l'an prochain ? C'est très possible. Voici ce que qu'on peut dire, aujourd'hui, de l'évolution attendue du taux du Livret A et du LDDS en 2026.

Février 2026 : une baisse presque certaine

Un rappel : le taux du Livret A et des autres livrets réglementés (LDDS, LEP, CEL) est fixé par l'Etat, selon une formule de calcul qui intègre deux variables : l'inflation hors tabac et les taux courts interbancaires €ster. En 2025, c'est la baisse conjointe de ces deux références qui explique le repli du taux du Livret A.

Cela sera certainement encore le cas en février 2026, prochaine échéance de révision. Certes, l'inflation moyenne du second semestre 2025, retenue pour le calcul, devrait sensiblement être la même qu'au 1er semestre, proche de 1%. Les taux courts interbancaires, en revanche, ont poursuivi leur baisse : leur moyenne semestrielle était de 2,46% fin juin, elle sera proche de 1,93% fin décembre.

Résultat : si les pouvoirs publics décident d'appliquer la formule de calcul, le taux du Livret A va se replier à 1,40%. Rappelons toutefois qu'ils peuvent choisir de ne pas appliquer cette formule et de fixer ce taux selon d'autres critères, ce qui arrive assez fréquemment. La Banque de France pourrait ainsi recommander au gouvernement de ralentir la baisse, en arrondissant le taux à 1,50%. Ou de ne pas y toucher, ce qui paraît très improbable.

En cas de baisse du taux à 1,40%, la perte d'intérêts sur un semestre représenterait 11,25 euros pour un Livret A moyen, garni de 7 500 euros.

Août 2026 : un léger rebond ?

Comme le veut la règle, la seconde révision de l'année 2026 interviendra en août. L'exercice de prévision est plus incertain, beaucoup de choses pouvant arriver en six mois. Cependant, il est possible d'anticiper l'évolution des deux variables de la formule de calcul.

L'inflation d'abord. Dans sa traditionnelle note de conjoncture dévoilée le 17 décembre dernier, l'Insee anticipé une légère hausse au 1er semestre 2026, pour s'approcher de 1,30% en moyenne, en raison du renchérissement de l'énergie.

L'€ster ensuite. Son évolution est très étroitement corrélée à la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Or cette dernière a opté ces derniers mois pour une pause dans la baisse de ses taux directeurs. Si ce choix est maintenu durant les 6 premiers mois de 2026, ce qui est plausible, sa moyenne semestrielle devrait donc rester stable, autour de 1,93%.

Résultat : dans ce scénario, et si les pouvoirs publics choisissent d'appliquer la formule, le taux du Livret A pourrait légèrement rebondir en août, à 1,60%. Une bonne nouvelle, puisque cela permettrait de gagner 7,50 euros d'intérêts en plus au cours des 6 mois suivants, toujours pour un Livret A moyen de 7 500 euros.

Une bonne nouvelle à relativiser toutefois : avec la hausse de l'inflation, le rendement du Livret A corrigé de l'inflation, 1,20% environ en 2025, pourrait se rapprocher de 0% en 2026.

(1) Source : Caisse des Dépôts et Consignations. (2) Source : France Assureurs