« Vous pouvez l'appeler taxe Zucman ou taxe Zucman light, à partir du moment où ça touche à l'appareil productif, aux usines ou aux grandes startups qui créent de l'innovation, nous serons contre », a insisté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
« Pour rien au monde, on ne doit toucher au patrimoine professionnel », a insisté selon des participants le Premier ministre Sébastien Lecornu lors de la réunion de groupe LR à l'Assemblée à laquelle il a assisté mardi.
En pleine discussion budgétaire, le ton monte entre le PS et le gouvernement sur la question de cette taxe dans sa version initiale ou allégée. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, l'a à nouveau menacé de censure s'il n'évoluait pas.
« Personne n'est en position de lancer des ultimatums », a répondu Mme Bregeon alors que le chef des députés Modem Marc Fesneau a exprimé sa « lassitude » vis-à-vis des « oukazes » du PS.
« Il ne faut pas que les compromis soient des compromissions », a complété Sébastien Lecornu devant les députés LR.
Aucun groupe ne dispose d'une majorité, même relative, à l'Assemblée et la discussion budgétaire n'a pu être entamée que grâce à la non-censure des socialistes en échange d'une suspension de la réforme des retraites.
- « Pâtisserie allégée » -
La taxe proposée par l'économiste Gabriel Zucman prévoit un impôt minimum de 2% sur les patrimoines à partir de 100 millions d'euros.
Face aux critiques, notamment sur l'inclusion de l'outil professionnel dans cette taxe, le PS a proposé une alternative : un impôt minimum de 3% à partir de 10 millions d'euros de patrimoine, mais en excluant les entreprises innovantes et familiales.
Cette version rapporterait cinq à sept milliards d'euros selon le PS, soit deux fois moins que ce qui est attendu de la taxe Zucman.
Elle n'aura déjà ni le soutien de LR, ni du RN.
« Une pâtisserie allégée reste une pâtisserie », a résumé le rapporteur général du Budget Philippe Juvin (LR). La taxe Zucman, c'est « non, ni light ni hard ni rien du tout », a renchéri Marine Le Pen, affirmant qu'elle touchait « beaucoup plus de personnes » que la version d'origine.
« Pour l'extrême droite, les classes populaires doivent payer l'impôt des milliardaires », a réagi le patron des socialistes. « C'est pourtant en taxant les ultra riches que l'on pourra éviter le gel des pensions de retraites, des prestations sociales, allocations familiales, adultes handicapés, fiscalisation des malades en affection longue durée, abattement fiscal pour les retraités », a-t-il répondu sur X.
- D'autres pistes -
L'attitude du bloc central sera donc décisive. Au cours d'une réunion des députés Renaissance mardi matin, l'ensemble des intervenants se sont dits hostiles à une taxe Zucman, dans une version « allégée » ou pas, selon des participants interrogés par l'AFP.
Pour la porte-parole du groupe MoDem Perrine Goulet, « tant » que les socialistes seront « arc-boutés sur les biens professionnels, il n'y aura pas de vote, on votera contre ». Elle a invité les socialistes à proposer « autre chose » et rappelé que son groupe avait mis sur la table une proposition d'impôt sur la fortune non productive.
Selon le député Renaissance Paul Midy, « il y a d'autres pistes » sur la fiscalité des plus riches, notamment sur les holdings, que le gouvernement pourrait négocier dans les prochains jours avec le PS.
Lundi, les macronistes ont en outre déjà dû voter bon gré mal gré une hausse de la surtaxe sur les bénéfices des entreprises de deux milliards d'euros par rapport à la copie initiale du budget.
A gauche, LFI maintient la pression sur le PS en reprenant l'argumentation de l'économiste Gabriel Zucman lui-même, selon lequel introduire des exonérations à sa taxe, c'est « prendre le risque de lancer la machine à optimisation » comme c'était le cas avec feu l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune.
Reste à savoir quand cette fameuse taxe sera examinée. « Probablement vendredi », selon Marc Fesneau.
Il restait mardi environ 2.900 amendements à examiner sur la partie recettes du budget de l'Etat, ce qui rend peu probable que les débats puissent aller à leur terme avant le vote solennel prévu initialement le 4 novembre. Dans cette hypothèse les débats reprendront à partir du 12 novembre, après examen dans l'hémicycle du budget de la Sécurité sociale.







