Les marchés : Une croissance US inattendue

Les marchés actions peinent à trouver une direction ce mardi. Le CAC 40 cède à nouveau 0,2% pour revenir à 8 104 points, tandis que les taux souverains se tendent sur le marché obligataire. En cause, une surprise venue des États-Unis, la croissance américaine du troisième trimestre ressort nettement meilleure qu'attendu, à 4,3% en rythme annualisé. Les investisseurs tablaient plutôt sur un ralentissement autour de 3,2%, après 3,8% au trimestre précédent. Un PIB aussi solide change la lecture macroéconomique et éloigne le scénario d'une baisse de taux de la Fed dès janvier. Pour la banque centrale américaine, une économie qui carbure à ce rythme plaide davantage pour le statu quo que pour une nouvelle baisse de taux, au grand regret des marchés qui espéraient encore une détente le 28 janvier. Dans ce contexte plus restrictif pour les taux, l'or joue pleinement son rôle de valeur refuge et inscrit de nouveaux sommets. Le mouvement est alimenté à la fois par les tensions géopolitiques persistantes entre Washington et Caracas et par la recherche de protection face à un environnement macroéconomique devenu plus incertain. Dans cette édition, nous revenons justement sur une solution d'investissement dédiée à l'or, ainsi que sur une sélection exclusive de huit valeurs incontournables, construites autour d'une thématique précise. Bonne lecture !

Les valeurs : Novo Nordisk et Fountaine Pajot

Novo Nordisk Le groupe danois vient de recevoir l'autorisation des autorités sanitaires américaines pour vendre une version en comprimé de son médicament phare contre l'obésité, Wegovy. Une bonne nouvelle après une année très difficile en Bourse (-47% depuis le 1er janvier). En début d'année, Novo Nordisk était encore la plus grande entreprise cotée d'Europe, devant LVMH. Moins d'un an plus tard, l'action a perdu près de la moitié de sa valeur, plombée par plusieurs déceptions, des objectifs revus à la baisse à répétition et une concurrence de plus en plus forte, notamment aux États-Unis. Le marché avait aussi été perturbé par l'arrivée de copies à bas prix du médicament, finalement interdites au printemps. Dans ce contexte, l'arrivée de Wegovy en version orale change clairement la donne. Les tests montrent une perte de poids proche de celle obtenue avec les injections, avec un avantage évident, une simple prise de comprimé. Le lancement est prévu dès le mois prochain aux États-Unis, et une demande a déjà été déposée en Europe. Les investisseurs ne s'y trompent pas : l'action s'envole de 9% à Copenhague. Surtout, Novo Nordisk reprend une longueur d'avance sur son grand rival Eli Lilly, dont le traitement équivalent en comprimé n'est pas encore autorisé. La bataille mondiale contre l'obésité entre dans une nouvelle étape, et ce nouveau médicament pourrait bien marquer le début du retour en grâce d'un ancien géant de la Bourse.

Fountaine Pajot Le spécialiste des catamarans de croisière déçoit le marché. Fountaine Pajot recule de 3,67% à 105€ après la publication de résultats annuels en net recul. Sur l'exercice 2024-2025, le chiffre d'affaires baisse de 8,2% à 323 millions d'euros, pénalisé par un ralentissement de la demande et une contraction des volumes. La rentabilité résiste mais s'effrite, le résultat opérationnel chute de plus de 30% et le bénéfice net recule d'environ 11%. Le groupe met en avant sa capacité à préserver ses marges dans un environnement moins porteur, mais le marché reste prudent. Pour l'exercice 2025-2026, la direction parle clairement d'une année de transition, avec des investissements destinés à préparer le rebond du marché. Le bureau d'analyse Portzamparc salue la solidité du modèle économique et la qualité du discours stratégique, tout en pointant une dégradation marquée de la trésorerie opérationnelle. Malgré ces réserves, le bureau d'analyse reste positif sur le titre, estimant que le potentiel de redressement boursier demeure significatif à moyen terme. Depuis le début de l'année, le titre éligible au PEA-PME progresse de 7%.

La recommandation du jour : Sous le capot de Ferrari

Icône automobile et boursière, Ferrari a connu une année 2025 bien en deçà des attentes. Entre une saison blanche en Formule 1 et un plongeon de 23% en Bourse, le groupe italien a vu sa réputation d'excellence mise à mal. Le point d'orgue ? Une journée investisseurs en octobre qui a refroidi les marchés : objectifs jugés trop prudents, trajectoire de croissance révisée à la baisse... et sanction immédiate du titre. Faut-il y voir une remise en cause du modèle économique de Ferrari ou simplement un excès de nervosité ?

Le monde d'après : Le grand gagnant de l'IA

Dans la galaxie des Sept Magnifiques, le grand vainqueur de 2025 n'est ni Nvidia ni Tesla, mais bien Alphabet. Longtemps perçu comme un colosse fragilisé par les menaces réglementaires et la concurrence de l'IA générative, le géant californien a déjoué tous les pronostics. Son action s'envole de plus de 60% cette année, écrasant largement ses pairs. Le soulagement est venu du front judiciaire, avec un verdict antitrust finalement favorable, mais surtout d'une activité cœur : la recherche en ligne qui continue de croître à un rythme solide, portée par des résultats supérieurs aux attentes et une dynamique intacte dans le cloud. Mais le véritable moteur de ce rallye est ailleurs. Alphabet a méthodiquement bâti un écosystème d'IA intégré, de ses modèles Gemini jusqu'à ses propres puces. Ces processeurs ultra-spécialisés, moins coûteux que les GPU classiques, sont optimisés pour l'IA générative et constituent une arme stratégique majeure. En combinant logiciels, infrastructures cloud et matériel maison, Google maîtrise toute la chaîne de valeur. Résultat, ses solutions gagnent en efficacité et en rentabilité. Une approche verticale qui séduit déjà au-delà de l'écosystème Google et pourrait, à terme, capter une part significative du marché mondial de l'IA. Les bureaux d'analyse voient en Alphabet l'un des groupes les mieux positionnés pour monétiser l'IA sur la durée. La couronne de Nvidia n'est pas encore menacée, mais Google avance ses pions avec une efficacité redoutable. Et Wall Street, cette fois, a clairement choisi son champion.

Demain à la Une : La dernière séance de 2025

Demain, les marchés vivront une séance écourtée et animée par de faibles volumes boursiers. Les principales places mondiales fermeront leurs portes plus tôt que d'habitude et ne les rouvriront que vendredi. La Bourse de Paris sera fermée à partir de 14h demain, nous en profiterons dans le dernier Journal de la Bourse de l'année pour faire une rétrospective, et notamment le Top / Flop des actions françaises en 2025.

Le lexique : Les “sept magnifiques”

Les “sept magnifiques”, aussi appelés les « sept mercenaires ». En Bourse, cette expression désigne les géants technologiques américains les plus puissants et influents. Ceux qui dominent le marché et ont largement contribué à la hausse du Nasdaq depuis le début de l'année. Cette liste n'est pas strictement définie et peut varier en fonction des critères utilisés (capitalisation boursière, influence dans l'industrie, etc.), mais elle regroupe aujourd'hui Apple, Microsoft, Amazon, Google (Alphabet), Facebook (Meta) et depuis peu Tesla et Nvidia. L'expression « magnificent seven » est utilisée de manière informelle et n'est pas un terme standardisé dans le monde de la finance. En raison de la nature dynamique des marchés, les entreprises qui composent cette liste peuvent changer avec le temps.