Les marchés :

Lesté par Sanofi (-8,3%), le CAC 40 perd un peu de terrain ce soir (-0,27% à 7 699 points). Le marché a toutefois limité ses pertes grâce au succès d'une émission de dette française : l'État a levé 7,3 milliards d'euros à dix ans, avec une demande solide qui a légèrement fait reculer les taux. Outre la prudence des investisseurs avant la fin programmée du gouvernement Bayrou, les regards restent tournés vers les États-Unis, à la veille de chiffres clés sur l'emploi.

Petite comparaison utile. La chute du gouvernement Barnier fin 2024 avait eu un impact limité sur les actions françaises. Celle du gouvernement Bayrou semble en bonne partie intégrée dans les cours actuels. En revanche, la possible dégradation de la note française par les agences de notation ne l'est pas vraiment. Pas encore en tout cas, dans la mesure où elle est plus incertaine.

Les valeurs : Sanofi, Solutions 30 et Lisi

Sanofi croyait tenir son futur relais de croissance. Mais la Bourse a vite douché ses espoirs. Nous vous en parlions ce midi sur , le laboratoire français a annoncé que l'amlitelimab, son candidat-médicament contre la dermatite atopique (une forme chronique d'eczéma), avait atteint tous les objectifs de son essai clinique de phase III, le dernier avant une possible commercialisation. Patatras ! Ces résultats sont jugés inférieurs aux attentes par les bureaux d'analyse. Et surtout, en deçà de l'efficacité de traitements concurrents.

Après huit séances consécutives de baisse, Solutions 30 rebondit de 4,99% à 1,45€. Ce matin, sa performance a même dépassé les 8%. Le marché salue l'annonce d'une prise de contrôle majoritaire d'Elektra Realizacje, une société polonaise spécialisée dans la modernisation des réseaux électriques. Un mouvement stratégique alors que la Pologne accélère sa transition vers les énergies renouvelables, offrant au groupe français une nouvelle rampe de croissance au-delà des télécoms. Cette diversification survient toutefois dans un contexte contrasté.

La presse a révélé hier le placement en redressement judiciaire de la filiale télécoms du Grand Sud-Ouest, issue du rachat partiel de Scopelec en 2022. Avec plus de 400 salariés et de lourdes pertes, cette filiale illustre les difficultés persistantes du marché français des télécoms, qui ne représente plus qu'une part réduite du chiffre d'affaires de Solutions 30. Malgré ces vents contraires, plusieurs bureaux d'études estiment que le virage stratégique vers l'énergie constitue un atout. À leurs yeux, la faiblesse de la valorisation actuelle rend le titre attrayant pour les investisseurs prêts à miser sur le repositionnement du groupe. Depuis janvier, l'action Solutions 30 s'envole de près de 60%.

Lisi perd 9,57% à 39,70€, entraînée par la cession massive de Peugeot Invest. La holding de la famille Peugeot a vendu 2,7 millions d'actions de l'équipementier aéronautique, soit 5,8% de son capital, à 39€ l'unité, appliquant une décote de plus de 11% sur le cours de clôture d'hier soir. Ce nouvel allégement s'inscrit dans un désengagement graduel entamé en 2024, qui ramène la participation de Peugeot Invest sous la barre des 5% et marque la prochaine démission de la holding du conseil d'administration.

Malgré cette pression vendeuse, Lisi affiche des fondamentaux solides : un chiffre d'affaires record de 978,8 millions d'euros au premier semestre et une hausse de 22% du résultat net. La société reste confiante pour 2025, visant une amélioration continue de ses indicateurs financiers. Malgré le tacle du jour, l'action éligible au PEA-PME reste en nette hausse depuis le début de l'année, avec un gain de 85%.

La recommandation du jour : Le rempart boursier

La crise politique qui secoue la France, avec la chute annoncée du gouvernement Bayrou, pèse sur le moral des investisseurs et renforce leur défiance vis-à-vis des actions françaises. Les marchés, déjà sensibles aux tensions internationales et aux incertitudes économiques, redoutent désormais une nouvelle phase d'instabilité politique qui pourrait accentuer la volatilité.

Dans ce contexte, les fonds d'investissement long / short offrent une alternative stratégique. En combinant des positions acheteuses sur des valeurs jugées solides et des positions vendeuses sur des titres fragiles, ils permettent en théorie de tirer parti des mouvements de marché, qu'ils soient haussiers ou baissiers. “En théorie”, car naturellement leurs performances ne sont pas garanties !

Le monde d'après : BYD et la guerre des prix

Le géant chinois de l'automobile BYD a abaissé de 16% son objectif de ventes pour 2025, à 4,6 millions de véhicules, soit sa plus faible progression annuelle en cinq ans. La décision, révélée par Reuters, survient alors que le constructeur de véhicules électriques subit une concurrence accrue de rivaux locaux comme Geely et Leapmotor. BYD a annoncé la semaine dernière une baisse de 30% de son bénéfice trimestriel, une première depuis plus de trois ans.

Si ses ventes restent en hausse de 7% par rapport à 2024, elles traduisent un net ralentissement sur le marché chinois, touché par la guerre des prix et le fléchissement de la demande intérieure. BYD, qui réalise près de 80% de son chiffre d'affaires dans l'Empire du Milieu, mise désormais sur son expansion européenne, où il a dépassé Tesla en juillet. Plus que jamais, les constructeurs chinois risquent de s'imposer comme une sérieuse menace pour les marques européennes. Le grand rival de BYD, Geely, affiche au contraire son optimisme, en relevant son objectif de ventes pour 2025 à 3 millions de véhicules. La guerre des prix ne fait que commencer...

Demain à la Une : Prudence, prudence...

La prudence devrait de nouveau dominer les échanges demain, avant la chute du gouvernement Bayrou lundi. Le marché restera toutefois attentif à deux publications clés. À 11h, une nouvelle estimation du PIB de la zone euro sera dévoilée, avant que l'attention ne se tourne, l'après-midi, vers les États-Unis avec la publication des créations d'emplois dans le secteur privé et du taux de chômage d'août. Ce rendez-vous constitue le principal temps fort économique de la semaine. ll sera déterminant pour les anticipations de baisse des taux de la Fed le 17 septembre.

Le lexique : Long & Short

En Bourse, être "long" signifie détenir une position à l'achat sur un actif financier (comme une action, une obligation ou une devise) dans l'espoir que sa valeur augmente. L'investisseur achète l'actif et prévoit de le revendre plus tard à un prix supérieur afin de réaliser une plus-value. C'est la stratégie traditionnelle d'investissement, fondée sur une anticipation de tendance haussière.

À l'inverse, être " short" consiste à vendre un actif que l'on ne possède pas, généralement en l'empruntant, dans l'espoir que sa valeur baisse. L'investisseur table sur la baisse du cours : il vend l'actif à un prix élevé, puis le rachète plus tard à un prix inférieur pour le rendre à son prêteur, empochant la différence comme bénéfice. Si le cours monte au lieu de baisser, il subit une perte potentiellement importante.