Les marchés : le choc ADP
Le CAC 40 avance timidement ce mercredi, grappillant 0,16% à 8 087 points. Une progression symbolique, comme à Wall Street, qui traduit surtout l'attentisme des investisseurs. Ils sont restés suspendus ce mercredi aux chiffres de l'emploi américain fournis par le groupe ADP. Son rapport mensuel est souvent jugé moins fiable que les données officielles du Département du Travail, mais il est devenu essentiel depuis le shutdown qui a bloqué la publication des statistiques gouvernementales.
Cette fois encore, c'est donc un marché privé de repères traditionnels qui tente d'ajuster ses anticipations. Les chiffres du jour n'ont pas laissé indifférents ! Selon ADP, le secteur privé américain aurait détruit 32 000 emplois en novembre, alors que le consensus attendait une baisse beaucoup plus modérée, autour de 5 000. Ce signal de faiblesse renforce la probabilité d'une nouvelle baisse de taux de la Fed la semaine prochaine, mais il alimente en parallèle la crainte d'un ralentissement plus marqué du marché du travail.
L'équation est délicate... Un marché de l'emploi moins dynamique justifie de baisser les taux mais la persistance d'une inflation au-dessus de l'objectif de la Fed continue de plaider pour le statu quo. Cette tension entre les deux principaux baromètres restera déterminante pour la Fed dans les prochains mois, en attendant les baisses massives de taux que devrait réaliser le successeur de Powell, nommé par Trump, à partir de mai 2026.
Du côté des valeurs, la séance a été assez animée. Stellantis bondit de 7,6% après un relèvement de recommandation d'UBS. Airbus progresse de 4%, malgré l'abaissement de ses objectifs de livraison d'avions, le marché semble surtout retenir le maintien de ses prévisions financières et la perspective d'un fort rattrapage en 2026.
Les valeurs : Stellantis, Vinci et Ekinops
Stellantis. UBS estime que Stellantis est en train de retrouver un vrai élan, notamment aux États-Unis, et que 2026 pourrait marquer son grand retour dans cette région clé. La banque suisse pense que le constructeur automobile, longtemps pénalisé par des prix trop élevés et une perte de parts de marché, va enfin redresser la barre grâce à une meilleure offre de pick-up et à de nouveaux modèles Jeep et Dodge plus adaptés à la demande américaine.
L'assouplissement des règles environnementales aux États-Unis jouerait aussi en sa faveur, en lui permettant de vendre davantage de véhicules essence, plus rentables. Convaincue de ce rebond, UBS recommande désormais d'acheter l'action Stellantis et prévoit un potentiel de hausse d'environ 30%. Le titre a d'ailleurs bondi de 7,64% après cette annonce, se hissant en tête du CAC 40 à 9,82 euros. Désormais, Stellantis cède 23% cette année, à la Bourse de Paris.
À l'inverse, UBS devient pessimiste pour Renault. La banque estime que les marges du constructeur français se sont réduites et conseille désormais de vendre l'action. Malgré cette recommandation négative, le titre Renault a relativement bien résisté ce mercredi (+0,46%).
Vinci. Vinci recule en Bourse après deux avis défavorables de grandes banques en seulement deux jours. JPMorgan et Morgan Stanley, jusque-là plutôt optimistes, estiment désormais que le titre a moins de potentiel à court terme. Selon JPMorgan, l'action a déjà beaucoup progressé cette année et ne devrait pas réserver de bonnes surprises en 2026.
La banque souligne aussi que le contexte politique en France pèse sur les groupes autoroutiers : une hausse possible de la taxe sur les infrastructures, déjà en vigueur depuis 2024, inquiète les investisseurs. Or, les autoroutes sont une source essentielle de bénéfices pour Vinci.
Morgan Stanley, de son côté, estime que deux activités clés de Vinci (les concessions aéroportuaires et la filiale énergétique Cobra IS) perdent en dynamisme. La croissance du trafic aérien ralentit et devrait rester inférieure à celle d'autres grands groupes européens. Dans l'énergie, la banque juge que la période de forte expansion est derrière Vinci, alors que ses concurrents deviennent plus attractifs.
En résumé, Vinci reste une entreprise solide, mais son potentiel à court terme paraît limité aux yeux des deux banques américaines, qui lui préfèrent pour l'instant Eiffage, jugé mieux valorisé et plus exposé aux plans de relance européens. Ce soir, Vinci perd 2,01% à 119,40 euros mais préserve 20% de gain en 2025.
Ekinops. Le spécialiste des réseaux optiques joue les premiers rôles à Paris après des mois difficiles. Son action s'envole de 22,02% à 1,74 euro, propulsée par un test technologique qui impressionne le marché : une transmission optique à 800 Gbit/s sur 757 km réalisée avec Orange, entre les data centers de Bordeaux et Marseille. C'est un véritable exploit en conditions réelles, sans erreur, qui ouvre à l'équipementier français les portes d'un segment jusqu'ici réservé aux géants du transport optique longue distance.
Pour Orange, c'est l'assurance de pouvoir augmenter massivement la capacité de ses axes stratégiques. Pour Ekinops, c'est la preuve que sa technologie maison peut s'intégrer dans des infrastructures existantes, un argument commercial décisif. Cette percée tombe à point nommé pour une valeur massacrée en Bourse ces derniers mois, encore en baisse de plus de 54% depuis janvier après un avertissement sur les ventes et le départ du PDG.
TP ICAP Midcap évoque un « grand pas » pour Ekinops, susceptible d'élargir son rôle au-delà des solutions d'accès. De quoi offrir un peu d'air à une action malmenée... et peut-être amorcer la sortie du tunnel pour l'équipementier français éligible au PEA-PME.
La recommandation du jour : Wall Street dans votre assurance vie
Malgré une forte volatilité en novembre, les indices américains continuent de faire la course en tête. Le S&P 500 et le Nasdaq restent très proches de leurs records historiques, portés par les investissements dans l'IA, les bons résultats trimestriels des grandes entreprises US et les espoirs de baisse de taux. Désormais, le S&P et le Nasdaq gagnent respectivement 16% et 21% depuis le début de l'année.
Dans ce contexte, de plus en plus d'épargnants français cherchent à profiter de cette dynamique américaine via leur contrat d'assurance vie. Grâce aux unités de compte, il est possible d'accéder à des fonds indiciels ou des ETF répliquant la performance du S&P 500 ou du Nasdaq, tout en bénéficiant du cadre fiscal très avantageux de l'assurance vie. Cette combinaison séduit de plus en plus, notamment dans une optique de diversification à long terme. Mais qui peut jouer en défaveur de l'épargnant français !
L'événement du mercredi : le rebond d'Airbus
Airbus reste sous les projecteurs. Après sa lourde chute dont nous vous parlions lundi soir, le groupe annonce aujourd'hui moins de livraisons d'avions que prévu en 2025, à cause d'inspections sur certains appareils de la famille A320. Cette baisse de cadence est liée à un problème de qualité sur des panneaux de fuselage, désormais corrigé selon l'entreprise. Environ 600 avions doivent toutefois être contrôlés, ce qui retarde une partie des livraisons.
Normalement, ce genre d'annonce inquiète les marchés, car Airbus est surtout payé au moment où il remet l'avion au client. Pourtant, son action gagne 4% ce soir, à 198,12 euros. Les investisseurs craignaient, en effet, un impact bien plus grave : Airbus a certes réduit son objectif de livraisons, mais n'a pas abaissé ses prévisions financières pour 2025. Le groupe vise toujours environ 7 milliards d'euros de résultat opérationnel et 4,5 milliards de trésorerie libre.
Ainsi, il rassure et montre que sa rentabilité reste solide malgré les retards de livraison. Autre élément positif, il ne s'agirait que d'un décalage dans le temps. Les avions livrés plus tard pourraient être rattrapés dès le début de l'année prochaine. Les bureaux d'études estiment que la montée en cadence de la production ne devrait pas être durablement perturbée, d'autant que le problème ne concerne qu'un lot provenant d'un seul fournisseur et qu'il est déjà résolu.
Certaines banques restent cependant prudentes, craignant que ces retards pèsent encore sur la trésorerie si la situation dure jusqu'en 2026. Mais la majorité des experts jugent que la solidité du groupe et la diversification de ses appareils permettent d'amortir ces secousses. En somme, les difficultés actuelles ne remettent pas en cause la bonne dynamique d'Airbus sur le moyen et le long terme. En Bourse, l'action gagne désormais 28% depuis le début de l'année.
Le monde d'après : la guerre de l'IA
Dans la Silicon Valley, un parfum d'introduction en Bourse commence à flotter autour d'Anthropic (Claude), la startup qui veut détrôner OpenAI (Chat GPT). La société fondée en 2021 par des dissidents d'OpenAI serait en train de préparer une IPO pour 2026. Rien n'est officiel, les discussions sont encore informelles, mais l'idée est claire : lever massivement des fonds, accélérer les acquisitions, changer d'échelle.
Dans la guerre mondiale de l'IA générative, Anthropic passerait ainsi du statut d'outsider brillant à celui de véritable poids lourd incontournable. Sa valorisation suit sa trajectoire stratosphérique. Officiellement à 183 milliards de dollars aujourd'hui... mais les investisseurs murmurent un chiffre plus proche de 300 voire 350 milliards dans les faits. Google, Amazon, Microsoft et Nvidia sont déjà au capital et veulent renforcer leur position.
En à peine trois ans d'existence, Anthropic a déjà 300 000 clients professionnels et veut tripler son chiffre d'affaires pour atteindre 26 milliards de dollars dès 2026. Pendant ce temps, OpenAI prépare sa propre IPO avec un chiffre presque irréel : 1 000 milliards de dollars de capitalisation. Bienvenue dans l'économie hors normes de l'IA !
Mais le tournant le plus important est peut-être ailleurs. Dans l'alliance stratégique scellée avec Microsoft et Nvidia. Anthropic va déployer son modèle Claude sur Azure, le cloud de Microsoft, via un contrat de 30 milliards de dollars, financé par des investissements croisés des deux géants. Claude change donc d'arène et devient un outil important pour Microsoft, avec la puissance de feu de Nvidia à ses côtés. La guerre de l'IA ne fait que commencer...
Demain à la Une : une nouvelle séance calme ?
Aucune publication majeure n'est attendue demain. Les investisseurs devraient donc rester prudents, en attendant les chiffres d'inflation qui seront dévoilés aux États-Unis vendredi après-midi. Seules les inscriptions hebdomadaires au chômage américain pourraient attirer l'attention de Wall Street demain, mais leur impact est généralement assez limité sur la Bourse. Dans les prochaines séances, les acheteurs viseront les 8 100 et 8 165 points sur le CAC 40. Et les vendeurs, les 8 050 et 8 000.
Le lexique : ETF S&P 500 Hedged
Derrière ce nom barbare se cache un outil très intéressant en ce moment. Un ETF S&P 500 couvert contre le risque de change (ou « hedged » en anglais) est un fonds indiciel coté en Bourse qui réplique la performance de l'indice américain S&P 500, tout en neutralisant les fluctuations du taux de change entre le dollar et l'euro.
Il permet ainsi à un investisseur européen de s'exposer aux actions américaines sans subir l'impact des variations de change. Si le S&P 500 monte de 5%, l'ETF S&P 500 couvert contre le risque de change progresse aussi de 5%, indépendamment de l'évolution du taux de change euro-dollar. Inversement, si le S&P baisse de 5%, l'ETF cède 5%.





















