Dans un rapport publié cette semaine, l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'est penchée sur l'investissement en bourse par le biais d'applications bancaires. 14 ont été passées au crible : Boursobank, Hello bank !, Fortuneo, N26, Revolut, Sumeria et Trade Republic pour les banques en ligne, et EToro, Trading212, Shares, Saxo, Degiro, Bitpanda et BUX pour les plateformes d'investissement en ligne. Parcours de souscription, facilité d'investissement, alerte sur les risques liés... L'AMF fait le point.

Une souscription rapide

Premier point positif : l'optimisation et la rapidité de souscription. En effet, selon l'AMF, dans la grande majorité des cas (65%), l'ouverture d'un compte-titres prend cinq minutes mais certains acteurs (7%) « prennent jusqu'à 72h ou plus ».

Malgré ce point très positif, l'AMF pointe les inégalités d'accès à l'information précontractuelle. « Les documents fournis ne garantissent pas toujours une présentation claire, exacte et non trompeuse. De plus, la compréhension globale peut être fragmentée en raison du volume important d'informations souvent condensées dans un seul document », explique l'AMF dans son rapport.

Par ailleurs, si l'AMF ne cite jamais explicitement les établissements, elle met en garde sur certaines documentations fournies en langue étrangère (en anglais ou en allemand), « ce qui peut poser un problème de compréhensibilité pour les investisseurs français. Recevoir des documents structurants dans une langue non maîtrisée peut limiter leur compréhension et leur prise de décision éclairée ».

Une interface « trop » agréable ?

Si tous les acteurs proposent des interfaces agréables pour l'utilisateur, les plateformes d'investissement en ligne vont plus loin et ont recours à « des effets festifs pour susciter des émotions positives chez l'utilisateur et l'encourager à investir » (confettis, félicitations) lors du passage d'un ordre ou de l'ouverture du compte. « Cette approche, si elle rend l'expérience plus engageante, peut également inciter à investir de manière plus impulsive », met en garde l'AMF.

Certains acteurs que l'AMF ne nomme toujours pas directement proposent même des fonctionnalités qui rappellent celles des réseaux sociaux : partage d'activités de trading, portefeuilles publics, suivi des interactions ou encore la possibilité de copier le portefeuille d'autres utilisateurs. « Ces fonctionnalités renforcent la dimension communautaire et peuvent inciter à des décisions d'investissement influencées par la popularité ou l'avis d'autres membres », conclut l'AMF.

Par ailleurs, au-delà des traditionnels e-mails (dont certains à vocation commerciale), les clients reçoivent aussi plus ou moins souvent selon les acteurs des notifications push (jusqu'à une par jour) pour alerter sur l'évolution des cours des actions ou sur des opportunités d'investissements. Des sollicitations constantes qui « favorisent un passage rapide à l'action ».

Une série de recommandations

En conclusion, si l'expérience utilisateur semble être agréable chez tous les acteurs, l'Autorité des marchés financiers pointe notamment du doigt la présentation ambiguë de certains instruments financiers qui génère des zones de confusion potentielles (actions fractionnées, ETF versus produits dérivés).

« De plus en plus de plateformes intègrent des contenus d'éducation financière pour accompagner leurs clients dans leur parcours d'investissement. Si cette initiative contribue à démocratiser l'accès à l'investissement, la qualité et la profondeur des informations varient considérablement. Certaines offrent des messages clairs sur les risques et les mécanismes de protection des épargnants, tandis que d'autres restent trop simplifiées, omettant des éléments essentiels à une compréhension complète des enjeux liés à l'investissement. Les investisseurs peuvent ainsi manquer d'informations essentielles pour comprendre pleinement la complexité de leurs placements », détaille l'AMF dans son rapport.

Enfin, tous les acteurs ne jouent pas le jeu de la transparence concernant les frais, « limitant parfois la visibilité précise des épargnants sur leurs investissements ».

Dans le cadre de ce rapport, l'AMF fait plusieurs recommandations :

  • Renforcer la transparence et l'accessibilité de l'information précontractuelle
  • Modérer les incitations commerciales
  • Trouver un équilibre entre fluidité et protection
  • Clarifier la nature des instruments financiers
  • Consolider l'éducation financière

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