Une rapide recherche sur internet suffit : trottinettes, consoles de jeux et chèques cadeaux sont largement mis en avant dans les publicités de certains garages proposant leurs services pour remplacer un pare-brise abîmé, orientant ainsi vers Drive Glass, AG Pare-Brise ou encore MF Pare-Brise.

Mais ces cadeaux sont loin d'être gratuits, souligne Florence Lustman auprès de l'AFP : ils se répercutent en « tarifs horaires, durées de main-d'œuvre et prix de pièces bien supérieurs aux moyennes du marché ».

Face aux factures présentées, les assureurs n'ont d'autre choix que de régler la note des pare-brises fissurés. Mais ils en tiennent compte ensuite pour réévaluer les futures primes d'assurance automobile appliquées à leur clientèle. « In fine, c'est bien la collectivité des assurés qui paie la facture », assène Mme Lustman.

Poussée inflationniste sur les pare-brises

La situation est d'autant plus critique que ces pièces, de plus en plus technologiques, subissent une poussée inflationniste. « Les pare-brises sont de plus en plus sophistiqués », incluant « des composants d'aide à la conduite, des caméras qui nécessitent d'être réglés de manière obligatoire » lors du remplacement, soulignait le mois dernier Nadhir Baba Arbi, du cabinet spécialisé dans l'assurance Addactis.

Rien que l'an dernier, leurs coûts ont augmenté de 14,4%, selon des données collectées par le cabinet, bien plus que d'autres familles de pièces automobiles comme les capots ou les portières.

Les assureurs cherchent la parade

Les assureurs sont en quelque sorte coincés par le « libre choix du réparateur » garanti par la loi à l'assuré, que le réparateur soit agréé ou non par l'assureur. Ils cherchent cependant la parade depuis plusieurs années pour limiter cette hausse des coûts.

Les assurances du Crédit Mutuel (ACM) ont par exemple inauguré cette année à Mulhouse une première « Station Mobilités », à même de réaliser l'expertise et les réparations « en direct et sur place pour les bris de glace ». La Macif est allée encore plus loin en achetant en 2023 le troisième acteur du marché français, Mondial Pare-Brise, pour 103 millions d'euros.

« C'était un pari pas simple parce qu'on changeait de monde », raconte le directeur général de ce groupe mutualiste, Jean-Philippe Dogneton, contacté par l'AFP. La société « est globalement deux fois moins chère que les opérateurs standards sans avoir à offrir de cadeaux et toute autre chose », ajoute-t-il.

« Nous avons la volonté de proposer à chacun le prix juste »

Son concurrent France Pare-Brise, marque du géant français des matériaux de construction Saint-Gobain, suit la même politique : « trottinettes, pneus, Nintendo switch, cuiseur Cookeo, carte carburant, télévision, tickets pour Disneyland Paris ou Europa Park, chèque jusqu'à 300€, nous n'offrons rien de tout ça à nos clients », peut-on lire sur son site internet. La raison avancée ? « La transparence, envers nos clients, mais aussi nos partenaires, nous avons la volonté de proposer à chacun le prix juste, sans refacturation de ses cadeaux aux assureurs comme on peut le constater parfois ».

Les deux sociétés se battent contre un géant, Carglass, qui doit amortir des coûts de publicité importants (plus de 300 millions d'euros bruts l'année dernière, selon le cabinet d'études Kantar) mais dont les incitations pour les assurés - promotions sur les balais d'essuie-glaces ou le contrôle technique - restent légères.

Le bris de glace est, en fréquence, la première cause de sinistre automobile en France, selon Addactis. Les primes d'assurance automobile dans leur ensemble sont attendues en hausse l'an prochain aux alentours de 5%, selon plusieurs cabinets spécialisés.