Sur les marchés, « 2024 n'a pas été une bonne année pour la place de Paris », a rappelé la présidente de l'AMF, Marie-Anne Barbat-Layani, lors de ses vœux à la presse. « Les efforts menés ont été confrontés à un certain nombre d'incertitudes et dans ce contexte, la Bourse de Paris a largement sous-performé par rapport aux autres marchés européens et mondiaux », a-t-elle poursuivi.
Pour l'année 2025, le gendarme des marchés identifie trois priorités : la protection des épargnants, qui est sa mission première, dans un environnement marqué par des sujets d'arnaques à l'investissement notamment sur les réseaux sociaux, le renforcement de l'attractivité de la place financière française et concrétiser les évolutions réglementaires en matière de finance durable.
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De ces trois éléments, le mot d'ordre est la « simplification ». « Simplification du parcours client » en matière de « distribution de produit d'épargne », simplification également concernant le projet de création d'une union de l'épargne et des investissements pour aider les entreprises à financer leurs besoins en recherche et développement.
En matière de finance durable enfin, « il y a un besoin de simplification et de cohérence » aussi, a abondé Mme Barbat-Layani, parce que « notre maison brûle et nous ne pouvons pas continuer à regarder ailleurs », reprenant, dans ses termes, l'expression utilisée par le président de la République Jacques Chirac il y a plus de vingt ans.
Parmi les plus gros dossiers pour les superviseurs européens en matière de finance durable, le déploiement de la première série de rapports extra-financiers sous la directive européenne dite CSRD, pour « Corporate Sustainability Reporting Directive ».
La CSRD vise à harmoniser en Europe la manière dont les entreprises rapportent leurs données de « durabilité » (environnementales, sociales et de gouvernance - ESG), notamment pour que les investisseurs sachent mieux à quoi s'en tenir sur ces sujets. Le texte prévoit 1.178 points de données à remplir par les entreprises concernées.
Ces obligations sont entrées en vigueur au 1er janvier 2025 pour l'exercice fiscal 2024 pour les grandes entreprises, et s'étaleront jusqu'en 2029 pour les PME cotées.
Dissensions politiques
Or, au sein de l'Europe, des dissensions sur le sujet compliquent la tâche. Le média allemand Table.Briefings a récemment révélé qu'en décembre, le chancelier Olaf Scholz a demandé à « reporter de deux ans » l'obligation des entreprises soumises à la CSRD à publier leurs rapports extra-financiers, et a aussi demander à « relever les seuils relatifs au chiffre d'affaires et au nombre de salariés, afin de ne pas surcharger les entreprises », dans un courrier adressé à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Layen, le 17 décembre.
« Nous ne sommes ni sourds, ni aveugles, nous ne sommes pas muets » non plus, a dit Marie-Anne Barbat-Layani. « Dans un contexte où quatorze pays européens n'ont pas transposé » cette directive, l'AMF « aura une approche compréhensive et pragmatique » quant aux premières publications à venir au printemps, a expliqué la présidente de l'institution.
« Le régulateur allemand, la BaFin, ne s'est pas vu conféré par les autorités allemandes la base légale que nous avons, nous », a-t-elle poursuivi. Dans ce contexte, une directive est attendue le 26 février pour simplifier la mise en œuvre des directives liées à la finance durable, dont la CSRD.