La partie « recettes » du budget de la Sécu a été adoptée par 176 députés contre 161, le suspense ayant duré jusqu'au bout, notamment après l'annonce du Rassemblement national qu'il voterait contre. Cette partie du texte a été largement remaniée lors des débats cette semaine, de nombreuses mesures d'économies du gouvernement ayant notamment été supprimées.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement avait appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat « se poursuive » sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat.

Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de « stabilité » pour le pays, en misant sur « la responsabilité de chacun » dans l'examen de ce budget.

Suspension de la réforme des retraites

La partie « dépenses » contient des « sujets de santé, de prévention, d'hôpital » et « la suspension de la réforme des retraites », rappelle le ministère. Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche. « On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi », s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche : « on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites », avait expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont « intérêt à ce qu'on aborde les dépenses » car « ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité ». Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Quel déficit ?

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes : exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

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Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif. « Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros », a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

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