Le nouveau gouvernement Lecornu s'apprête à dévoiler un budget 2026 placé sous le signe de la rigueur. Transmis au Conseil d'État et au Haut Conseil des finances publiques, le projet de loi de finances sera présenté cette semaine en Conseil des ministres avant son examen au Parlement.
Objectif : ramener le déficit public à 4,7% du PIB, soit environ 144 milliards d'euros, au prix d'une hausse des prélèvements évaluée entre 13 et 14 milliards. Et si les grandes entreprises et hauts revenus sont visés, plusieurs mesures touchent aussi directement les ménages, comme le rappelle un article des Échos.
Le gel du barème de l'impôt sur le revenu et de la CSG
C'est la mesure la plus visible pour les contribuables. En 2026, les barèmes de l'impôt sur le revenu (IR) et de la contribution sociale généralisée (CSG) ne seront pas indexés sur l'inflation. Une décision présentée comme une « année blanche » fiscale, mais qui revient à faire entrer davantage de foyers dans les tranches supérieures, à revenus constants.
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Selon les estimations, ce gel rapporterait près de 2,2 milliards d'euros à l'État : 1,9 milliard pour l'impôt sur le revenu et 300 millions pour la CSG, notamment sur les pensions et les allocations chômage. Pour atténuer l'impact sur les foyers modestes, le gouvernement introduit toutefois une amélioration du mécanisme de décote. Elle bénéficiera aux couples gagnant un peu plus de deux SMIC, qui profiteront d'un allègement d'environ 200 à 300 euros par an. Mais cette mesure compensera à peine les effets du gel : le rendement net attendu retomberait à 400 millions d'euros.
L'abattement de 10% des retraités remplacé par un forfait
Autre changement symbolique : la refonte de l'abattement de 10% sur les pensions de retraite, appliqué aujourd'hui automatiquement lors de la déclaration de revenus. Ce dispositif, instauré pour compenser certaines dépenses spécifiques aux retraités, serait remplacé par un forfait fixe de 2 000 euros par personne.
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Une réforme qui pourrait défavoriser les retraités percevant des pensions modestes, jusque-là avantagés par un abattement proportionnel, mais aussi réduire l'avantage fiscal des hauts revenus. L'exécutif espère ainsi simplifier le calcul de l'impôt, tout en générant plusieurs centaines de millions d'euros d'économies.
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Pouvoir d'achat et arbitrages politiques
Pour Sébastien Lecornu, il s'agit de « mesures d'équité » destinées à partager l'effort budgétaire sans créer de nouvelle taxe visible. Mais leur impact concret pourrait être ressenti dès le premier semestre 2026 : hausse mécanique de l'impôt pour une partie des foyers imposables, fiscalité moins avantageuse pour les retraités, et revalorisations sociales qui peineront à suivre l'inflation.
Dans le même temps, le gouvernement promet des gestes ciblés : baisse progressive de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et maintien d'une surtaxe temporaire sur les grands groupes, censée financer les mesures de pouvoir d'achat.
Mais pour les ménages, l'équation reste la même : la rigueur budgétaire reprend le dessus, après deux années marquées par les aides exceptionnelles et les boucliers tarifaires. Le budget 2026, censé marquer le « retour à la norme », risque ainsi de se traduire par une hausse discrète mais réelle de la pression fiscale sur une large partie de la population.