Tous les regards sont tournés vers Emmanuel Macron, à la recherche de son troisième Premier ministre depuis la dissolution de 2024 qui n'a dégagé aucune majorité à l'Assemblée nationale et plongé le pays dans une crise politique et budgétaire.
Après moins de neuf mois à Matignon, François Bayrou montera à 15H00 (13H00 GMT) à la tribune de l'Assemblée pour engager la responsabilité de son gouvernement sur son projet de budget, prévoyant 44 milliards d'euros d'économies pour 2026.
La réponse des 577 députés est attendue à partir de 19H00. Mais il n'y a aucun suspense : la coalition parlementaire soutenant Emmanuel Macron n'a pas la majorité et les partis d'opposition, de l'extrême droite à l'extrême gauche, ont prévenu qu'ils voteraient non. La France, qui ploie chaque jour un peu plus sous le poids de sa dette publique (114% du PIB), redoute de s'enfoncer encore plus dans une crise politique.
Le parti d'extrême-droite (Rassemblement national) pousse pour la tenue de nouvelles législatives. Selon un sondage paru dimanche, en cas d'élections, le RN et ses alliés arriveraient largement en tête du premier tour avec 33% des suffrages, devant la gauche et le camp présidentiel.
L'option d'une dissolution de l'Assemblée nationale est pour l'instant écartée par le chef de l'Etat, dont l'entourage indique qu'il veut aller vite pour désigner un nouveau chef de gouvernement.
Tractations et « lignes rouges »
Les tractations ont déjà commencé. Le PS s'est placé au centre du jeu, se déclarant « prêt » à gouverner - mais avec un gouvernement de gauche sans les macronistes.
Emmanuel Macron devrait donc plutôt tenter d'élargir son bloc central (appelé « socle commun ») et de chercher une personnalité de droite ou du centre qui serait acceptée par le Parti socialiste. « Il faut de la stabilité. Et le plus stable, c'est le socle commun qui dialogue avec les socialistes », estime un proche du président. Mais la tâche s'annonce ardue face à des partis qui campent sur leurs positions.
« Le problème actuel en France, c'est que chacun (des partis) a des lignes rouges et que ces lignes rouges rendent totalement impossible la formation d'une coalition. Il n'y a pas de coalition majoritaire, une coalition qui puisse tenir durablement », estime pour l'AFP Mathieu Gallard, de l'Institut de sondage Ipsos
Plusieurs noms circulent, dont ceux des ministres des Armées Sébastien Lecornu, de la Justice Gérald Darmanin, ou de l'Economie Éric Lombard.
Mouvements sociaux
Dans un contexte de défiance généralisée envers Emmanuel Macron, dont la cote de popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017 (environ 77% des personnes de mécontents selon un récent sondage), plusieurs échéances plaident pour une vacance courte.
Un mouvement « citoyen » né durant l'été sur les réseaux sociaux sous le slogan « Bloquons tout », soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, a appelé à paralyser le pays mercredi. Mais la portée réelle de la mobilisation - qui rappelle à certains égards celui des « gilets jaunes » qui a secoué la France en 2018-2019 - reste incertaine.
Parmi les actions envisagées : blocages de sites stratégiques, sabotages de radars ou distributeurs de billets, opérations péage gratuit... L'ensemble des organisations syndicales ont, elles, appelé à la grève et aux manifestations le 18 septembre. Vendredi, l'agence Fitch doit annoncer la note de la dette française, avec une possible dégradation dans le contexte actuel.